Chapitre 13

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Ce n'est qu'après quatre nouveaux jours d'absence à l'université que William se décide enfin à reparaître. Je le regarde s'asseoir, toujours devant, toujours sans me regarder. Il est arrivé avec vingt minutes de retard, et ça ne lui ressemble en rien. Je ne peux m'empêcher de le fixer, comme si j'essayai de capter son attention. J'ai beau tenter d'empêcher mes yeux de dévier du cours magistral que nous impose l'intervenant, rien n'y fait. Les yeux dans le vide, c'est à peine s'il fait semblant de suivre le cours. Je me contiens en silence. Depuis quand est-ce que je sais interpréter les moindres faits et gestes des gens qui m'entourent ? Ça ne me ressemble pas non plus. Kim, encore et toujours à ma droite, me dévisage elle aussi. Son regard est inquisiteur, et elle ne cache pas que quelque chose lui brûle les lèvres. Je n'ai même pas le temps de l'interroger sur ce qu'elle cache que son attention se reporte sur le professeur. Et alors que je me conforte dans l'idée qu'elle est passée à autre chose, sa curiosité maladive l'emporte.

- J'ai appelé chez toi il y a quelques jours pour t'inviter à sortir, dit-elle avec un grand sourire plaqué sur sa bouche, et c'est ton père qui a décroché. Alors comme ça William a passé la nuit chez toi ?

Je hausse les épaules pour signifier que je ne fais pas grand cas de ce qu'elle raconte, bien que je ne pense tout l'inverse.

- On a bossé toute la soirée pour commencer la thèse, et mon père a insisté pour qu'il reste dormir, mentis-je.

- Oh, et tu n'as pas eu peur qu'il tente quoi que ce soit avec toi ?

- Non, je ne suis pas gay, je l'en aurai empêché, grogné-je pour appuyer mes propos.

- C'est bizarre, parce que j'ai demandé à William sur Messenger la raison pour laquelle vous vous êtes vus, et il ne m'a pas dis la même chose...

Je me fige. Le sourire de Kim est devenu si large qu'il en devient malsain, voire malveillant. Elle s'approche de mon oreille avec une lenteur agaçante et murmure :

- Avoue-le, William est ton genre pas vrai ? Il m'a assuré que vous aviez couché ensembles, que tu t'étais même jeté sur lui alors qu'il n'avait rien demandé. Je ne te savais pas si passionné !

Je serre les poings. Comment a-t'il pu dire des choses pareilles ? Je lui ai certes sauté dessus, mais nous ne somme pas allés aussi loin. D'autant plus que c'est un homme, je ne vois même pas comment j'aurai pu le désirer. Quelques bribes de la soirée passée en compagnie de William me reviennent à l'esprit, et je baisse les yeux. C'est faux, c'est un homme, mais je le désire malgré tout. Kim éclate d'un rire franc.

- Ça va Aydan, détends-toi ! glousse-t'elle. J'ai inventé tout ça, pourquoi je serai allée lui parler ? Il n'a même pas Facebook qui plus est.

Alors que j'aurai dû me sentir soulager de son annonce, mon corps refuse de se détendre. Ma mâchoire se crispe en entendant la suite de sa tirade.

- S'il y a bien quelqu'un dont personne ne peut douter de l'hétérosexualité, c'est toi ! Ça t'a tellement dégoûté que j'en parle que tu as pâli, c'était impressionnant !

Je rigole vaguement pour détendre l'atmosphère, mais elle m'a tellement poussé dans mes retranchements que je peine à en sortir. Je n'arrive plus à entendre les mots que l'intervenant nous balance à la pelle. William quitte sa place quelques secondes avant que la sonnerie n'ait retenti. Je range mes affaires, et m'apprête à le suivre lorsque Jackson s'impose dans mon champ de vision.

- Tu vas où ? marmonne-t'il.

- Je...

Je jette un coup d'œil par dessus son épaule et voit William s'éloigner pour quitter le bâtiment. Je soupire.

- Je rentrais chez moi. Pourquoi ? réponds-je sèchement.

- Je sais que j'avais dis que je ne te dérangerais pas avec ça, mais je voulais retourner au cours de boxe ce soir, et je ne me sentais pas d'y aller seul. C'est l'occasion de renouer, non ?

Ma bouche donne la réponse avant même que mon cerveau n'ait pu réfléchir aux conséquences.

- Bien sûr, je te rejoindrai là-bas.

Même Jackson semble surpris que j'accepte sa demande aussi facilement. Après l'avoir vaguement salué, je descends quatre à quatre les marches de l'amphithéâtre et sors en trombe. C'est trop tard, je ne le vois plus nulle part. Dépité, je marche presque en traînant des pieds jusqu'à ma voiture. C'est tout juste si je ne me cogne pas la tête contre le volant.

Only Say The Truth [BoyXBoy]Hikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin