M A D W O R L D

C H A R L I E " écartelé"

Ecartelé. Voila ce qu'était Charlie depuis que ses parents lui avaient annoncé, comme une sentence irrévocable, leur divorce. Depuis, chaque fois qu'il était chez lui, l'un ou l'autre de ses parents déployait des efforts monstres juste pour le convaincre de le choisir lui plutôt que l'autre. Sauf que lui, il voulait simplement rester avec les deux. Rien que d'imaginer choisir l'un ou l'autre ou faire des allers retours chaque semaine, ça lui donnait la nausée. 

Il détestait rentrer chez lui. A chaque instant, il était possible de commencer a entendre des cris, des bruits d'objets brisés. Parfois, il mangeait tout seul, dans sa chambre, regardant FRIENDS pour se changer les idées. Si il y avait un truc que Charlie ne comprenait pas, c'était comment des gens qui s'étaient autant aimé - assez pour se marier et avoir un enfant- pouvait aujourd'hui se détester a ce point.

Au tout début, quand les cris avaient commencés, il s'en était douté. Il s'était douté qu'un divorce approchait. Puis au fur et a mesure, il avait pris l'habitude d'écouter les disputes, assis sur la dernière marche de l'escalier qui menait a sa chambre. Il tripotait la moquette en tendant l'oreille, cherchant, au fond, a comprendre pourquoi. Et puis il avait compris. Un jour, un peu avant la rentrée - ses parents lui avaient déjà annoncer leur séparation- il avait plus écouté que les autres fois.

  C'est de ta faute, c'est toi qui m'a trompé !  

C'était sa mère. Elle avait lâcher ça en parlant fort mais sans crier. Charlie avait manqué de tomber dans les escalier a force de tendre l'oreille pour entendre un peu plus. Alors c'était ça. Son père avait trompé sa mère. Mais même après ça, il ne comprenait toujours pas vraiment. Oui, c'était inexcusable, mais pour lui ? Pour lui, ils ne pouvaient pas s'entendre ? Non. Ils étaient égoïstes - ça, Charlie l'avait toujours su.  Depuis son plus jeune âge, il avait toujours eu l'impression de passer après eux. Il soupira et se leva de son lit. Autant s'avancer un maximum sur ces devoirs, profiter du calme avant la tempête. Parce que c'est pas vraiment facile de travailler en entendant gueuler ses parents a coté.

                                                                    *

- Alors ta journée ?

Le garçon releva la tête. Depuis qu'ils étaient a table, un silence de plomb régnait. La question de son père l'avait surpris, mais il était heureux de pouvoir échapper quelques minutes à ce blanc gênant.

- Banale. On a eu un contrôle en maths.Enfin enseignement scientifique mais c'est la même quoi... Si j'ai dix, c'est déjà bien. 

Il commençait a raconter sa journée avant de se rendre compte que ses parents n'écoutaient pas vraiment, trop occuper a se fusiller du regard. Si Charlie avait eu du courage, il aurait pris son assiette en leur lançant : Très bien. J'en ai marre. Je ne peux choisir aucun des deux d'accord ? Arrêter de vous disputer pour moi. Je ne suis pas un prix qu'on décroche ! En fait, arrêtez de vous disputez tout simplement. Séparez vous au plus vite, moi j'en peux plus. J'en ai marre de vous entendre crier. Ca me donne envie d'aller avec aucun des deux. Vous êtes juste des putains d'égoïstes. 

Et après il serait monté dans sa chambre manger. Sauf que comme avec Sacha, Charlie n'avait aucun courage.