La Princesse déchue. (LivaïxReader)

CHAPITRE 2.

Erwin nous accompagna jusqu'à nos quartiers, où je pourrais partager une chambre avec mon frère. Il ouvrit une porte en bois, grinçante, sur laquelle donnait une chambre très petite. Un lit ne pouvant accueillir sûrement que la moitié d'une personne était collé au mur gauche tandis qu'un deuxième était collé au mur d'en face. Une commode était placée en dessous de la fenêtre, qui elle donnait sur une cour. Une odeur forte de renfermé et de poussière émanait des tissus et à peine passais-je le pas de la porte que j'en éternuai.

- Pouvez vous me faire amener du papier et un crayon, s'il vous plaît ? Demandais-je au major alors sur le point de s'en aller.
- Vous savez que nous ne ferons partir aucunes missives de votre part ?
- Ce n'est pas pour écrire une lettre.

Il me fit un signe de tête et s'évaporait dans le couloir. Nous nous asseyons au bord de nos lits, pas tout à fait a l'aise dans cette si petite pièce. Il sera difficile de ne pas étouffer dans un endroit si étroit, nous qui avions l'habitude à des suites de plus de trente mètre carrés, dotées de terrasse donnant sur nos beaux jardins... le changement allait être rude.

- Que s'est-il passé ?

Je pointais du menton l'œil de mon frère, en mauvais état.

- Laisses tomber, tu n'as pas besoin de savoir.
- Tu te trompes, il faut que je sache. Et tu sais que je le verrais un jour ou l'autre.

Il soupira et me tendit sa main.

Jutta se tenait dans la salle aux nombreuses tables, debout face à Livaï et Erwin. Ceux-ci lui posèrent les mêmes questions qu'à moi, sans que cela ne pose plus de problèmes que ça. Puis la tension commençait à monter entre mon cadet et le mini soldat qui n'y allait pas de main morte dans la critique concernant ma personne.

« Ta soeur savait très bien ce qu'il se tramait dans votre famille, mais elle a quand même laissé le peuple crever comme des chiens ! »

« Ma soeur n'aurait jamais laissé faire une chose pareille ! Vous ne la connaissez même pas ! »

« C'est la même salope que toutes les autres femmes de la royauté »

Jutta envoya son poing dans le visage du soldat, qu'il l'arrêta sans sourciller. C'est alors qu'une pluie de coup s'abattît sur mon frère : des coups de pieds dans le ventre, de poings dans le visage, et même un coup de genoux au niveau de sa bouche. Mon frère gisait sur le sol, assaillit par la douleur. Je posais ma main sur mon ventre, ressentant exactement l'effet des coups sur son corps.

Je brisais notre lien, incapable de continuer. Cet homme était allé trop loin, mais cela n'avait aucune sorte d'importance. Il fallait que nous l'ayons dans notre poche, tout comme le major Erwin, si je voulais que mon frère soit protégé par le bataillon. Qu'adviendra de mon sort, pendue, enfermée, faite esclave... la seule chose qui comptait était que Jutta soit sain et sauf. Je serai la seule à répondre des actes de ma famille, quoiqu'il en coûte.

Le major ne tarda pas à me monter ce que je lui avais demandé. N'ayant pas de bureau à disposition, je m'allongeai à plat ventre sur le sol, quelque peu dégoûtée de toute cette saleté. Paupières closes, je repassai les souvenirs de Livaï et m'arrêtai sur une image de sa mère et lui. Il était assis sur un petit tabouret en bois, face à un miroir vêtu d'un t-shirt blanc. Sa mère, quant à elle, était debout derrière lui, ciseaux à la main, lui coupant ses cheveux de jais. Elle était incroyablement belle, et ses traits étaient presque identiques à ceux de son fils aujourd'hui. Son air angélique, ses yeux bleus, la façon dont elle regardait son fils... tout dans ce souvenir faisait littéralement fondre mon cœur. Je commençai les premières esquisses sur le papier blanc, légèrement froissé. Il fallait que ce soit parfait si je voulais attendrir cet être humain antipathique. Le premier n'étant pas à mon goût, j'en fis une boule et recommençais, encore et encore jusqu'à arriver à la dernière feuille disponible. J'inspirais profondément avant de poser la mine de mon crayon à papier. Jutta se pencha au dessus de moi, l'air interrogateur.