CHAPITRE 3.

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- Erwin arrive cet après-midi et j'ai envoyé les gosses s'entraîner. On a deux heures pour faire le ménage, m'expliquait Livaï
- Et Jutta ?
- Il est avec eux.
- Quelles pièces m'attribuez vous ?

Il balayait la maison d'un seul regard, un rictus sur les lèvres. Je ne pouvais m'empêcher de poser  furtivement mes yeux sur sa jolie bouche si bien dessinée.

- Cuisine, salle de bain, chambre des filles. Je m'occupe du reste.

Je savais que ce n'était absolument pas équitable et qu'il m'avait attribué les pièces les plus longues à nettoyer, mais je relevais le défit tout de mêmes. Après m'avoir gentiment fournit sceau, javel, et brosse, il s'éclipsa, me laissant seule face à la tonne de vaisselle du petit déjeuner. Ma main plongée dans l'eau froide, récupérant un bol encore pleins de lait, j'attrapais l'éponge, la passai sur le savon et frottai avec conviction la première chose que je nettoyais de toute ma vie. Un sourire s'étira sur mes lèvres. Certes, faire la vaisselle n'était pas des plus plaisant et je m'en rendis compte au nettoyage du sixième bol, mais je faisais les choses par moi même, sans que personne n'accourt pour me retirer la tache des mains. Était-ce un pied dans la liberté ? Je n'étais pas sûre que ce le soit vraiment lorsque, le buste à moitié dans la baignoire, les mains brûlée par la javel pure, j'astiquai la salle de bain. Les vapeurs du produit chimique embrumait mes poumons, me faisant tousser depuis une bonne dizaine de minutes déjà. Mais je m'attelais à la tâche, il était hors de question que ce fichu mini caporal m'utilise en tant que servante attitrée. Faire le ménage tous les jours, sous ses yeux, son horrible rictus sur les lèvres, piétinerait ma dignité à jamais.

Les mains ensanglantées, entaillées d'une multitude de petites coupures liées à l'utilisation du liquide oxydant, je ne pus m'empêcher, après avoir terminer de récurer la salle de bain, de m'assoir sur le sol froid en larmes. Je n'avais presque plus aucunes sensations dans celles-ci mais je n'avais toujours pas terminé les tâches dont le Caporal m'avait incombée. En cherchant dans les tiroirs du meuble placé en dessous du petit lavabo de porcelaine, je trouvai de quoi bander mes mains affreusement douloureuse. Une fois cette mission accomplie, j'essuyais mes larmes du revers de mes membres blessés, et vérifiais une dernière fois mon reflet dans le miroir. Il ne fallait pas l'on puisse s'apercevoir que j'avais pleuré, cela renverrait une mauvaise image de ma personne, l'image de quelqu'un de faible.

Assise sur l'une des nombreuses table où, j'avais appris ce matin en prenant le petit déjeuner que c'était ce que l'on appelait un réfectoire, j'attendais, les pieds se balançant dans le vide, que le sol sèche. D'après un souvenir très lointain, j'avais pu remarqué que Lisa, l'une des femmes de ménage, mélangeait de l'eau très chaude à deux bouchons de javel pour serpiller. C'était ce que j'avais fais cette matinée là, et j'étais plutôt satisfaite du résultat. Toutes les pièces que Livaï m'avait attribuée sentaient bon, et brillaient de mille feux. J'en avais laissé mes mains et la quinte de toux qui ne quittait pas mes poumons  depuis plus d'une heure déjà martelait mon cerveau, mais toutes les endorphines libérées après ce ménage intensif me firent oublier la douleur.

- C'est quoi ces bandages ?

Je levais la tête vers Livaï qui s'apprêtait à mettre ses chaussettes sales sur le sol de la cuisine toujours mouillé. Du regard, je le menaçais presque de mort. Il s'arrêta net dans sa lancée, comme s'il avait pu lire mes pensées.

- Vous venez d'échapper à une fin tragique, riais-je

Il leva les yeux au ciel et appuya son épaule
contre le mur. Son petit fichu noué dans ses cheveux lui donnait un air enfantin et me rappelait énormément le visage de sa mère.

La Princesse déchue. (LivaïxReader)Where stories live. Discover now