La Princesse déchue. (LivaïxReader)

CHAPITRE 9.

Assise sur une chaise en bois, à recoudre une des robes abîmées que les serveuses porteront ce soir, Carla tourna la tête vers moi lorsque je posais ma main sur son épaule. Ses yeux s'écarquillèrent légèrement, puis un grand sourire habilla son visage. Je la serrais dans mes bras, heureuse d'enfin apercevoir un visage familier.

- Mademoiselle Lewis ! Comment allez-vous ? Vous ont-ils bien traitée, là où ils vous ont emmenée ?
- Oui, très bien, ne vous en faites fais pas. Et vous ? La Reine se comporte-t-elle bien avec vous ?

Elle fut gênée de complimenter Historia devant moi, alors je l'encourageais :

- Ne vous inquiétez, je suis tout à fait à l'aise avec la situation, Carla.

Soulagée, elle soupira.

- Elle est très gentille, et bienveillante.
- Bien, c'est ce que je voulais entendre.
- Alors c'est vrai, vous allez servir à nos côtés ce soir ?
- Et oui, j'espère ne pas trop faire de dégâts.

Je m'asseyais près d'elle, observant l'aiguille passer dans les tissus et disparaître derrière.

- Les autres m'en veulent-ils ?
- Absolument pas, nous savions pertinemment que vous n'aviez rien à voir dans toutes ces sombres histoires.

Nous avions discuté pendant plus d'une heure, tant elle m'avait manquée durant ces presque deux semaines. Rien n'avait été changé par la nouvelle reine concernant l'organisation du château, et surtout, elle avait été d'une délicatesse incroyable envers mes anciens employés.

En effet, ils avaient fais grève pendant plusieurs jours après mon départ, n'acceptant pas de servir une autre que celle qui les avait traités comme des membres de sa famille durant presque toute sa vie. Mais elle avait su leur parler, et leur expliquer qu'elle ne cherchait pas à me remplacer, mais qu'elle se devait d'assumer son rôle de reine et que sans eux, elle ne pourrait pas mener à bien sa mission. J'avais été extrêmement touchée d'apprendre qu'ils tenaient à moi à ce point, j'en avais d'ailleurs pleuré lorsque j'écoutais les récits de Carla.

J'avais également appris qu'Historia n'avait pas emménagé dans ma chambre, ni même touché à mes affaires. Elle ne voulait pas empiéter dans ma vie privée, ou s'emparer de ce qui, malgré tout, m'appartenait. Cette jeune fille était belle et bien digne d'être reine et jamais je n'aurais pu être à sa hauteur. Sa gentillesse et sa bonté dépassaient tout entendement, et après m'avoir déballé la longue liste de compliments que Carla pouvait faire sur la Reine, une pointe de jalousie vint entacher mon cœur. Elle était d'une beauté sans pareille, intelligente, bienveillante, forte, combative, et c'était une Reiss. En soit, tout ce que je n'étais pas. Mon trône m'avait été retiré, et il en était mieux ainsi. Elle n'avait pas été éduquée dans un château, on ne lui avait pas appris à être souveraine et pourtant elle en faisait une bien meilleure que moi.

Les vieilles habitudes reprenant vite le dessus, Carla, malgré lui avait exprimé que ce n'était pas  nécessaire, m'avait aidée à enfiler la robe que je devais porter ce soir là. Elle était entièrement noire, habillée d'un corset blanc serré par dessus le tissus ébène. Le col rond dévoilait la naissance ma poitrine, fortement remontée par le corset qui m'étouffait déjà et deux petites manches bouffantes tombaient sur les épaules. Mon corps avait visiblement oublié les sensations que procuraient ce serrage autour de la taille puisque j'étouffais déjà alors qu'elle n'avait pas tiré tant que cela sur les lacets. Mon ancienne gouvernante m'avait ensuite réalisé un chignon plutôt bas, duquel deux mèches s'en échappaient, entourant mon visage.

Vingt et une heure passée. Le couronnement était terminé, et Historia avait officiellement été  proclamée reine. Je n'y avais pas assisté, premièrement parce que je n'en avais pas eut l'autorisation et deuxièmement car même si je l'avais obtenue, je n'y aurais pas été, trop de mauvais souvenirs faisaient partie intégrante de la salle du couronnement. Je pouvais encore ressentir mon corps frappé le sol d'une violence telle que j'en avais presque perdu connaissance lorsque Livaï m'avait arrêtée.