CHAPITRE 24.

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- T'as apporté ce que je t'ai demandé ?

Je venais de sauter au cou d'Alia, qui avait à peine mis le pied dans l'auberge. Le froid glacial de l'hiver parsema mes bras d'un million de frissons, mais trop stressée, je n'y fis même pas attention.

- Oui, oui, du calme, répondit-elle dans un bâillement.

Il n'était que six heures du matin, et la calèche devrait arriver dans deux heures. Je n'étais absolument pas prête, comptant sur le maquillage dont disposait ma collègue pour pouvoir me préparer.

- C'est la première et dernière fois que tu me fais venir à cette heure là, je te préviens.

J'agrippai la manche de son manteau pour l'entraîner à l'intérieur. Elle n'était pas encore totalement réveillée, contrairement à moi qui était bien trop excitée à mon goût. Je la traînai presque jusque ma chambre, là forçant à accélérer le pas. Évidemment, je comptais également sur elle pour la coiffure et nous devions faire vite si nous voulions venir à bout de mes cheveux à temps.

Elle s'affala sur mon lit, pendant que je raccrochai le miroir au dessus de ma coiffeuse, que j'avais décroché à mon arrivée ici. Lorsque mon reflet apparu, je ne pus m'empêcher de le fixer un moment. Cela faisait plusieurs mois que je ne me regardai plus dans la glace, et ces quelques mois m'avaient bizarrement changée physiquement. Premièrement, ma cicatrice s'était bien estompée, et se fondait presque à ma couleur de peau. Bien qu'elle soit légèrement plus blanche que le reste de mon visage, elle n'était plus aussi répugnante. Du bout des doigts, je la redessinai, retraçant le chemin que la petite lame avait parcourue lorsqu'elle s'était enfoncée dans ma chair. Cette cicatrice était le poids de mes erreurs passées, et je ne pus réprimer un long soupir en sentant ce fardeau alourdir une fois de plus mes épaules.

- Ça va ? S'inquiétât Alia qui s'était postée juste derrière moi.
- Oui, je n'avais plus l'habitude de me voir dans le miroir.
- C'est vrai que pour une princesse, t'es plutôt humble comme fille.

Presque horrifiée par ce qu'elle venait de me dire, je lui fis volte face. J'étais désormais assise face à elle, les yeux écarquillées. Elle partit dans un fou rire incompréhensible, et je ne savais pas si elle comptait me tuer ou simplement accepter celle que j'étais vraiment.

- Comment... qu'as-tu dis ? Balbutiais-je
- J'avais des doutes, à notre première rencontre. Louis m'avait expliqué ce que le caporal-chef Livaï avait infligé à la Princesse déchue et lorsque j'ai vu ta cicatrice, je n'ai pas cru un seul mot de ton histoire d'enfance. Et n'oublions pas tes cheveux, longs et blonds, comme à peu près toute la lignée des Lewis.

La bouche à moitié ouverte, béate face à ses révélations, je ne su quoi dire. Elle savait, depuis le début, et m'avait traitée comme son amie, malgré tout.

- Tu ne me détestes pas ? Je suis pourtant sûrement responsable de la blessure de Louis, admis-je, les yeux rivés sur le sol, bien trop honteuse pour croiser les siens.

Ma collègue s'accroupît, en posant sa main sur ma cuisse. Son regard était emplis de compassion, alors qu'il aurait dû être pleins de colère. Son visage était habillée de sa douceur habituelle, arborant un magnifique sourire, dévoilant ses dents du bonheur.

- Je crois que tu en as assez bavé comme ça, dernièrement. Et tu sais, mon mari voulait quitter le bataillon depuis la naissance de notre fille, par peur de mourir sans l'avoir vu grandir. Mais la désertion n'était pas une option pour lui, alors cette blessure a été une aubaine pour nous. Aussi bizarre que cela puisse être, tu lui as sûrement sauvé la vie.

La Princesse déchue. (LivaïxReader)Where stories live. Discover now