Chapitre 8.1

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 La maison de Zina sort tout droit d'un blog superstar qui prônerait le mode de vie Hygge. Située à l'orée d'une forêt aux cheveux d'or, ses lignes boisées semblent ne faire qu'unes avec la nature environnante. Une rivière d'ampoules éclaire la terrasse et la porte d'entrée. Les baies vitrées permettent au regard de traverser la salle et la cuisine jusque vers les arbres.

– Gigi ?

– Oui, je sais, tu vas dire que c'est plus joli que chez moi !

– Non, pas du tout. Je me demandais ce que tu avais fait de ton béret.

– Ah, je ne le porterai pas, finalement, lâche-t-elle en rougissant.

– Il est dans ton sac ?

Lavande n'attend pas sa réponse et farfouille dans ses affaires pour en sortir le couvre-chef.

– Laisse-le !

– Ah, non, Gigi ! Je t'ai dit d'oser ! Si tu veux le porter, tu le portes, un point c'est tout ! De quoi t'as peur ?

Les deux adolescentes ont pris le temps de se préparer. Gigi y a pourtant mis autant de cœur que Lavande, galvanisée par son énergie et sa désinvolture. Si Lavande s'attache toujours à l'apparence, elle ne se soucie pas pour autant du regard des autres. Un comble pour cette créature issue d'un réseau social qui ne se nourrissait que des likes et partages de la part d'autres connectés. C'est la première soirée lycéenne de Gigi, alors il faut marquer le coup. C'est donc pleine de volonté qu'elles avaient quitté la voiture de Virginie, puisque Gigi arborait alors fièrement son béret, décidée à casser son image de jeune fille effacée.

– D'accord, d'accord, je le remets, cède l'adolescente.

– Et ne rentre pas tes épaules comme ça. Avec un béret comme ça, on s'expose dignement !

Lavande lui montre comment ouvrir le plexus. Si ça lui donne l'allure d'une danseuse étoile, Gigi a plutôt le sentiment d'avoir un manche à balai situé au mauvais endroit.

C'est à ce moment-là que Zina les accueille.

– Canon, le béret ! Entrez, on n'attendait plus que vous.

En entrant, Gigi reconnaît l'odeur des pommes cuites dans le sucre et la cannelle. C'est déjà l'automne chez Zina. L'adolescente a remonté ses cheveux, dévoilant des boucles d'oreille émeraude en forme d'oiseaux.

– C'est beau, chez toi !

– Merci. Gardez vos vestes, on s'est posés dans le jardin.

Une vingtaine de personnes sont éparpillées dans la cour parquetée donnant sur la forêt. Les petits groupes, verre à la main, sont en pleine conversation, protégés par un poêle de terrasse très design. Malgré le soleil couchant et un ciel dégagé, une fraîcheur inhabituelle s'invite depuis quelques jours sur la ville.

– Venez, je vous présente à ceux que vous ne connaissez peut-être pas.

En effet, si Gigi reconnaît quelques têtes du lycée, d'autres lui sont totalement inconnues.

– Salut, les filles ! lance Doryan.

Il fume avec Cristobal et Timéo, à proximité d'une enceinte portable qui rythme le début de soirée.

– Gigi, tu les connais, mais Lavande, je ne sais plus si les gars s'étaient présentés quand on s'est croisé devant le lycée.

La jeune adolescente dégage les cheveux de son épaule, dans un mouvement libérant des effluves de cerise, et lance un regard entendu à Cristobal :

Démente NarcisseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant