Chapitre 17.1

42 10 9
                                    

Le dimanche soir est d'une tristesse sans nom. Virginie n'a même pas le cœur à faire des blagues alors qu'elle aide Lavande à déposer ses affaires dans le taxi qui la conduira non pas pour la gare en direction de l'Angleterre mais chez Zina.

– Tu seras toujours la bienvenue chez nous ! Merci pour tout. Tu as été une si bonne amie pour ma fille, et un rayon de soleil dans la maison.

Elle l'enlace et Lavande, dans un soupir d'aise, répond à son étreinte.

– Tu sens la tarte aux fraises de mon enfance, constate-t-elle.

– Maman, tu vas lui faire louper son train, balance Gigi, gênée par le mensonge qui grossit davantage.

– Gigi est comme moi, elle n'aime pas les adieux ! 

Elle se force à sourire et laisse Lavande monter dans le taxi.

Goodbye !

Avant de refermer la portière, Gigi se penche vers elle et lui donne un billet de dix euros pour la course. 

– Donne-le au chauffeur quand il s'arrête devant chez Zina. On se revoit demain. Ça ira ?

– Oui, merci, Gigi. 

Mère et fille regardent le taxi s'éloigner.

– Bien, nous revoilà toutes les deux. J'aurais bien aimé que ton père ne reparte pas en déplacement ce soir. Oh, là, là ! Ça va me faire bizarre ! Elle va laisser un vide ! C'est fou ce qu'une personne est capable de faire en trois semaines. Ça va aller, Gigi ? T'es sûre ?

– Mais oui, maman !

– Tu sais si bien cacher tes émotions... 

– Bon, maman, désolée mais j'ai des devoirs à terminer pour demain !

– Bon... je vais appeler ton père... Oh, quel dimanche soir glauque, je déteste ça ! Oh, bonjour, madame Ferly !

– Oh, c'est le moment de me tailler !

Avant que sa voisine ne monopolise la conversation, Gigi s'engouffre dans la maison et monte dans sa chambre.

Même si elle sait que Lavande n'est pas loin, et qu'elle fait toujours partie de leur monde, l'étage lui semble terriblement désert. Gigi lance une playlist pour terrasser le silence ambiant. Malgré la musique qui égaye l'atmosphère, le fait de ne plus voir le lit où dormait Lavande augmente son sentiment de solitude. Sur le bureau, la page Google s'affiche sur l'écran de l'ordinateur portable resté ouvert et quelques livres empruntés au CDI sont intercalés en une petite structure bancale. Gigi prend un de ses tote bags accrochés au barreau de la tête de son lit et y dépose les ouvrages qu'elle rendra au lycée. Son smartphone vibre.

– Elle n'est quand même pas déjà arrivée ! murmure Gigi en extirpant son téléphone de la poche arrière de son jean.

Doryan : je crois que j'ai fait peur à Lavande. Mais je ne sais pas trop pourquoi... Tout est cool entre nous, hein ? Elle t'a dit qu'on avait déjà échangé sur Insta avant qu'elle n'arrive chez toi ?

Gigi : Lavande avait eu un petit souci avec son appli et n'a plus de tel depuis. Puis, ma cousine est extrêmement timide, même si on le voit pas comme ça. Alors ça lui a fait bizarre d'apprendre que c'est avec toi qu'elle avait parlé pendant plusieurs mois. C'est surtout que ça l'a surprise ! Puis on est parti sur la côte pour le week-end.

Désolée pour le roman ! Bref, t'inquiète pas !

Doryan : ah, ok... tant mieux. J'ai cru que j'avais fait quelque chose de mal. Ça m'a perturbé tout le weekend. Bon... à demain alors ;).

Démente NarcisseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant