Chapitre 19.2

42 9 15
                                    

Lorsque les premiers invités partent, Gigi constate qu'elle n'a pas vu passer la soirée. 

‒ Minuit moins le quart, déjà !

Dans le salon, Lavande et Doryan continuent de danser.

‒ Tu veux que je t'aide à ranger ? demande Zina.

‒ C'est gentil, oui. Ça va aller vite. Tiens, mets les assiettes et gobelets dans ce sac. Je me charge des nappes.

En moins de cinq minutes, les deux tables sont débarrassées et les deux sacs poubelles remplis.

‒ C'est pas lourd, je vais les mettre dehors.

‒ Dac, je passe un coup de chiffon dans la cuisine.

‒ Mais t'es trop sympa, Zina ! T'es pas obligée, tu sais.

‒ J'aime me rendre utile !

Gigi soulève les deux sacs et descend l'allée de sa maison. Elle contourne son vélo et jette les détritus dans les conteneurs d'acier.

‒ Bien le bonsoir, la fée des villes !

‒ Bien le bonsoir, Bryan. Alors, cette nouvelle vie de couple ?

‒ T'as déjà vu Audrey ?

‒ De loin, seulement. Elle a l'air sympa. En tout cas, elle sourit.

‒ Je te la présenterai à l'occasion. Bonne soirée, alors ?

‒ Plutôt oui.

‒ Ah. Je connais ce regard.

‒ Quel regard ?

‒ Celui de la naissance de l'amour.

Gigi s'esclaffe.

‒ T'inquiète, je ne t'embête pas plus longtemps. Profites-en, Gigi. Les souvenirs de tes premières soirées de lycée, de tes premières amours, c'est sacré et ça te manquera un peu, une fois adulte. Parce qu'on ne le vit qu'une fois.

‒ Non, mais je ne suis pas...

‒ Bonne soirée !

Bryan s'éloigne du grillage et Gigi retourne dans sa maison, souriant toujours. Dans l'entrée, Zina remet son manteau.

‒ Merci encore pour ton aide, Zina.

‒ De rien, darling. Lavande et Doryan sont encore dans le salon.

Gigi entre dans la pièce. Son élan est vite stoppé par le choc de sa vision. 

Assis l'un à côté de l'autre, ils sont sur le point de s'embrasser. Les deux se figent lorsqu'ils aperçoivent Gigi. Elle recule, hébétée.

‒ Gigi ? Attends !

‒ Quoi ? souffle-t-elle, déçue et incomprise.

‒ C'est pas ce que tu crois !

Gigi monte les marches quatre à quatre. Lavande, dans un bruit de froufrous étoilés, se lance à sa poursuite. Doryan se lève et tente de les rattraper. Mais, Zina l'arrête et clame fermement, une once de reproche dans la voix :

‒ Non, laisse-les ! Elles doivent s'expliquer ! 

Zina regarde Lavande, peinée, qui monte à son tour l'escalier.

‒ Gigi ?

Elle ouvre la porte de sa chambre, déserte. Tout comme la salle de bain. Mais des bruits de pas viennent du dernier étage. Lavande monte l'échelle qui n'avait jamais été abaissée. 

Démente NarcisseWhere stories live. Discover now