Chapitre 14.2

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 Assise sur son lit, Gigi brosse les cheveux de Lavande. Officiellement, Virginie pense que la jeune adolescente supposément londonienne va quitter leur foyer le lundi matin suivant.

– Je pense que ma mère va te réserver une petite surprise pour ton départ.

– Ça, je sais ce que c'est « une surprise ». Tu penses que c'est quoi ?

D'en bas, Virginie, assise sur le canapé du salon avec une boîte de chocolats, braille :

– Gigi, y'a papa qui rentre !

L'adolescence repose la brosse à cheveux et observe la voiture de son père qui se gare dans l'allée.

– Descendez !

– Vu le ton enchanté de ma mère, explique Gigi à Lavande, je pense qu'on va bientôt le savoir.

En bas, le père de Gigi embrasse sa mère avec affection.

– Oh, vivement que ça s'arrête mes déplacements. Vous m'avez manqué !

Gigi lui fait une accolade.

– Et Lavande, tout va bien ?

– Oui, monsieur, tout est parfait.

– Eh bien, tu auras progressé pendant ton séjour. Tes valises sont prêtes ?

– On les terminera ce week-end, papa !

L'estomac de Gigi se noue. Elle déteste l'idée de mentir encore à ses parents, et puis la situation compliquée se rappelle à elle.

– Ce n'est pas possible !

Virginie s'extirpe du canapé pour les rejoindre, mâchant nonchalamment une croquette fourrée à la noisette. Elle sourit.

– C'est louche, vous avez comploté quoi ? demande Gigi.

Son père pose ses affaires et, tout en retirant son manteau, explique :

– On a vu à quel point ça t'avais fait du bien, d'avoir Lavande avec nous. Et puis, elle a aussi été tellement gentille que nous avons décidé, avec ta mère, de vous emmener à la plage pour le week-end.

– Non, c'est vrai !!! Merci !

Gigi embrasse son père et sa mère. Cette escapade lui fera le plus grand bien.

– Lavande, tu vas voir, c'est génial !

– On ne t'avait pas vu aussi expansive depuis longtemps ! Enfin, ils nous ont ramené notre fille !

La sonnerie du portail résonne, interrompant ce moment de liesse.

– J'y vais ! dit Gigi. C'est sûrement Bryan qui est en rade d'œufs avec son régime protéiné !

Au même moment, elle reçoit un message sur son smartphone.

– Ah non, c'est Doryan. Viens, Lavande !

– On mange dans vingt minutes, ne traînez pas !

– Maman ! Avec tout le chocolat que tu t'es enfilée, tu pourras attendre un peu plus longtemps !

– Oh... les gosses !

Virginie range la boîte sous la table basse.

Dehors, Doryan patiente, luttant contre la fraîcheur du soir à l'aide de la capuche de son sweat. Sa tête dépasse largement le portail blanc que le père de Gigi venait tout juste de refermer.

– Salut, qu'est-ce que tu fais là ?

– Ah, bah justement, je voulais voir Lavande !

– Ah bon, pourquoi ?

– Euh, pour lui parler d'un truc.

Il semble mal à l'aise. Gigi se retourne vers Lavande qui semble toute autant intriguée.

– Ça marche. Je vous laisse.

Avant de longer l'allée, elle se poste devant Lavande et murmure :

– Fais bien attention à ce que tu vas dire, et rappelle-toi que tu seras bientôt partie d'ici.

De l'autre côté de la clôture, Bryan se dévoile, un sac poubelle à la main.

– Hello, les jeunes !

Gigi en profite pour se rapprocher de lui, laissant un peu d'intimité à Lavande et Doryan.

– Salut, Bryan ! Dis, tu n'aurais pas fait exprès de sortir tes poubelles à ce moment précis ?

– Quoi ? Tu avais l'air d'avoir besoin d'aide.

– Moi ?

– Oui, toi ?

– Je peux savoir ce qui te fait dire ça ?

– T'es plus raide qu'une grenouille de bénitier à la messe !

– N'importe quoi !

– Pour commencer, arrête de les regarder !

Gigi lève les yeux au ciel puis se force à les ignorer. Il semble amusé.

– Bon, tu le kiffes ce gars, c'est ça ? T'es jalouse ?

– Oh mais n'importe quoi !

Il fait la moue, jetant son sac poubelle dans la benne.

– N'importe quoi ! répète Gigi qui croise les bras pour se donner plus d'assurance.

– Okay, je te laisse mais... tu rougis, tu sais ?

– Puisque c'est comme ça, je rentre ! déclare Gigi, faussement vexée.

– Bye, bye !

Bryan et Gigi rentrent chacun dans leur maison. Au portail, Lavande écoute toujours Doryan.

– Enfin, voilà, je voulais juste te parler de ce livre.

– D'accord. Il a l'air bien, j'espère simplement que la fin est heureuse.

– Je te laisse le découvrir.

Après avoir pris le livre qu'il lui tend par dessus le bois blanc, Lavande se retourne, sans dire au revoir.

– Attends !

– Qu'est-ce qu'il y a ?

– Je ne te dis vraiment rien ?

– Euh... Tu me parles là ?

– Quoi ?

– Bah, tu me dis quelque chose puisque tu me parles.

– Non, mais... blague à part ?

Lavande ne sait pas quoi lui répondre.

– Bon, je me lance. En fait, il y a quelque chose que je voulais te dire dès que je t'ai rencontrée... Tu te rappelles, The Bookinator ? Bah, c'est moi.

Lavande, saisie de panique, fait tomber le livre et s'enfuit en direction de la maison.




Démente NarcisseWhere stories live. Discover now