chapitre 01

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Alyah

Californie, Los Angeles Etats Unis

Huit ans plus tard

-Non Alyah je te jure, je ne te reconnais plus, tu deviens une vraie Américaine et malheureusement pour toi, ça me répugne.

Je pensais vraiment que ce serait moi qui ne pourrais pas passer une journée sans Swann, mais j'avais tort. C'est lui qui m'appelle tous les jours, sans exception.

Chaque matin, j'ai le droit à son coup de fil pour me motiver, et chaque soir, au récapitulatif de ses journées et des miennes.

Donc ça ne me gêne pas, au contraire, j'ai besoin de ma dose de Swann pour survire ici.

-Pourquoi ? Parce que je bois du blanc d'œuf en bouteille ?

Il mime un geste de vomis, ce qui me fait rigoler tout de suite.

J'étais moi-même déroutée quand j'ai vu ça dans la superette de ma rue, mais aussi surprenant que ça peut être, c'est vachement bon.

Pas plus que nos spécialités mexicaines, bien évidemment, mais je dois me faire à l'idée que je n'en mangerais pas pendant un bon bout de temps.

Quand j'y pense, ce sont les bons repas de mes frères et de mon entourage qui me manquent le plus.

-De toute façon, les Américains sont spéciaux, tu vas forcément devenir spéciale plus que tu ne l'es.

-Les Mexicains sont pires Swann, ne te voile pas la face car tu aimes tes confrères.

Il me fait un doigt d'honneur en posant son téléphone sur son bureau pour se trouver une tenue dans sa minuscule armoire qui lui sert de dressing, mais surtout de rangement pour instruments.

Swann est un vrai Mexicain, dans le sang et dans le cœur, il doit posséder toutes les sortes de guitares qui puissent exister chez nous et depuis qu'il est gamin. Une passion transmise par son père, tonton Pedro, qui ne disparaitra jamais.

Parler avec lui me fait du bien pour deux raisons.

D'un car il me manque tous les jours, donc forcément, même s'il est loin c'est comme s'il était là.

Deuxièmement car ça me fait du bien de parler espagnol, car ici je n'en connais aucun.

Sauf Dara, qui vit ici depuis maintenant de longues années, mais elle en est venue à un point de haine contre le Mexique, qu'elle en a renié sa langue maternelle. Elle ne supporte pas m'entendre parler espagnol, alors je ne le fais pas.

Enfaite, c'est à peine si elle me supporte réellement, aujourd'hui.

Comme prévu depuis mon enfance, mes frères m'ont envoyé en Amérique pour mes études, dans l'une des plus grandes universités du monde.

Pas la peine de dire que ma lutte a été veine. Pour eux, c'était tout tracé. Je devais quitter le Mexique.

Rien ne change à part le temps et les gens.

J'ai toujours été leur priorité, et ça n'a pas bougé, meme si d'autres se sont rajoutés en cours de route, comme mon adorable neveu qui me manque atrocement.

Cette idée ne leur a jamais sorti de la tête, celle de me voir loin de toute cette violence, ces guerres et ces coups de feu incessant qui m'empêchaient de dormir. Ils ont tenu leur promesse et engagement, comme toujours.

Je suis arrivée il y'a deux mois, en juin, afin de me préparer avant la rentrée. Deux mois loin de mon pays, et pourtant, j'entends encore les tirs, les pleurs, et l'odeur du sang qui a coulé sous nos yeux ne s'efface toujours pas.

ESTRELLA - BRAHMAN PARADISEWhere stories live. Discover now