chapitre 16

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Lewy

Jamais je ne pourrais me débarrasser de ce pot de colle.

Soit elle est totalement sadomaso, soit idiote de vouloir travailler avec moi. Elle a beaucoup trop de patience, et me supporte un peu trop bien à mon gout. Il faut quoi pour la faire fuir ? Que je la jette sur l'autoroute ?

Je me demande ce qui ne tourne pas rond chez elle pour qu'elle puisse continuer de sourire, alors que ça fait une heure que nous sommes dans ma voiture, sans un bruit, sans radio, ou je lui ai interdit de parler.

Mais elle est là, et elle ne bronche pas.

Pourtant, je n'ai pas été des plus grandes gentillesse samedi, mais elle est quand même venue tambouriner à ma porte de chambre en ce lundi matin, pour me motiver à aller au Musée d'histoire officiel de l'Etat de Californie. J'ai pris toute la patience que j'ai en stock, c'est-à-dire très peu, et deux paquets de cigarettes pour affronter cette journée qui s'annonce longue et chiante à en mourir.

Sans un bruit, elle attrape l'appareil photo qui repose sur mon siège arrière en fouettant mon visage de ses cheveux bouclés, et l'allume en souriant.

-Tu ne peux pas demander avant ?

-Tu m'as demandé de me taire, alors je me tais, me répond-t-elle avec le sourire.

-Qu'est-ce que tu fais ?

-Je vois comment il fonctionne. Il est joli.

-Tu sais utiliser un appareil photo ?

-Non. Mais tu vas m'apprendre.

-Tu rêves. 

-Ok, bah j'apprendrais seule.

Elle met l'objectif à son œil et commence à appuyer sur des boutons au hasard, et voici le deuxième moment de la journée ou j'ai envie de la tuer. Le premier été quand j'ai vu sa tête et entendu sa voix dès le matin.

Je lui arrache des mains et le pose sur ses genoux en douceur, me rappelant que c'est mon appareil photo.

-Arrêtes de faire n'importe quoi, c'est bon je te montrerais.

-Tu aimes la photo ?

-Pas plus que ça, j'en ai besoin pour l'astro c'est tout. 

Je la vois sur mon côté droit me regarder, et arquer les sourcils. Sans m'en rendre compte, j'ai répondu du tac au tac, et j'en ai trop dit, c'est sorti tout seul car c'est la stricte vérité.

-L'astro ?

-Astronomie.

-Tu aimes l'astro ?

-Ça te regarde ?

-Non, c'est de la curiosité.

-Oui, souffle-je en attrapant une clope. J'aime l'astro.

-Attends. Tu vas donc vraiment prendre des photos de l'Univers ?

J'allume ma clope et baisse la fenêtre, le vent frai et violent me fouette le visage et fait voler mes cheveux, mais ça me fait un bien fou, et me permet de respirer un peu plus dans cette voiture étouffante et puant la vanille.

Il faut vraiment qu'elle se calme sur la dose de parfum pour chiotte.

-Ouais.

-Enooooorme, dit-elle le sourire aux lèvres. Trop hâte de voir ça.

-Sauf que tu ne verras pas ça.

-Ah bon ? Pourquoi ? On fait équipe normalement, tu as dit oui.

-Je n'amène personne avec moi.

ESTRELLA - BRAHMAN PARADISEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant