ESTRELLA - BRAHMAN PARADISE

chapitre 26

Lewy

Assis à mon bureau, je tombe de fatigue comme tous les soirs. Nous sommes samedi, et je suis ici depuis ce matin. A tout recommencer, pour la cinquième fois.

Je me pensais plus efficace seul, mais étrangement, je ne gère pas du tout. Impossible que je puisse préférer le travail de groupe, et pourtant, je viens à regretter mon comportement d'abruti.

Peut-être que je n'aurais pas dû la virer du projet.

Peut-être que je ne réfléchis pas, comme me l'a bien fait comprendre Wade après ça.

Selon lui je suis un abruti, mais surtout égoïste. Je le savais déjà, mais l'entendre de sa bouche m'a fait mal. Si même lui le dit, c'est que j'ai touché le fond. Le vrai fond.

Intérieurement, je ne pensais pas que Alyah lâcherait l'affaire aussi facilement. Oui, il m'est arrivé d'attendre un message de sa part. Je me suis moi-même étonné à me retrouver sur notre conversation, espérant voir les trois petits points apparaitre.

Ca fait bientôt deux mois qu'on travailler ensemble, et que je lui faisais ce coup-là, comme un gamin idiot, et pourtant elle a toujours continué à revenir vers moi.

Elle est venue me tirer de mon lit, elle m'a appelé des centaines de fois pendant des jours. Là, rien. Silence radio.

Je pense qu'elle aussi, a eu sa dose de Lewy Jones.

Je savais que ça arriverait, voilà pourquoi j'ai fait ça. Je préférais me conduire à ma perte moi-même qu'attendre qu'on me lâche comme un con.

Après avoir passé deux heures à fixer le mur, retournant dans tous les sens mon comportement d'abruti, je reprends mon ordinateur, pour me remettre au boulot, mais au meme moment, ma porte de chambre s'ouvre. Noélie fait son apparition avec le meme visage qu'elle traine depuis des semaines, celui d'une femme fatiguée qui attende que l'enfant en face d'elle décide de faire les efforts qu'elle mériterait. Elle porte une simple tenue de sport, et ses cheveux sont attachés, signe qu'elle sort de son entrainement. Je me redresse pour lui sourire, m'avance en pensant qu'elle m'embrasserait, mais je n'ai le droit qu'a un petit rictus avant qu'elle aille s'assoir derriere moi, sur mon lit.

Je retourne ma chaise face à elle et m'avance un peu, comprenant vite que quelque chose se trame. Je la sens éviter mon regard, elle joue nerveusement avec ses doigts et a l'air de réfléchir. Ce n'est pas son genre d'etre aussi distante.

-Est-ce que ça va ? je demande.

Elle me regarde enfin, et un sourire triste se dessine sur son visage.

-Je dois te parler Lewy.

-Je t'écoute.

Elle prend mes mains délicatement dans les siennes et dessine des ronds sur ma paume. Souvent, le combo « je dois te parler », et je prends tes mains dans les miennes, n'annoncent rien de bon.

-Je pense qu'on devrait rester ami Lewy.

Un instant, je reste silencieux, un peu pris de court par la phrase qui vient de sortir de sa bouche.

Ça, je ne m'y attendais pas.

-Je ne veux pas que tu penses que je t'abandonne d'accord ? Tu es important pour moi, tu comptes énormément. Mais... je trouve que tout se passait beaucoup mieux quand nous étions des simples meilleurs amis.

Je ne peux pas cacher ma surprise. Ça doit se lire sur mon visage, car elle se mord la lèvre, signe qu'elle ne sait pas où se mettre. Elle s'attendait peut etre à de l'étonnement, mais il faut savoir que quelqu'un qui agit comme un con le sait pertinemment. Je ne peux pas m'étonner d'etre jeter, alors que je suis le pire des petits amis.