chapitre 20

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Lewy

Le dimanche est élu le jour le plus ennuyant de la semaine.

Même à la télévision il n'y a rien d'intéressant. Le pire, c'est quand il fait aussi moche qu'aujourd'hui. Comme si que la pluie n'était pas assez, il faut rajouter du vent. Si ça ce n'est pas fait pour alimenter encore plus la déprime quotidienne des mélancoliques, je ne sais pas ce que c'est.

Il n'y a personne à la maison aujourd'hui, même Maria n'est pas là. C'est rare qu'elle s'accorde des jours de repos alors quand c'est le cas, je préfère ne rien lui dire, même si j'aurais bien aimé jouer aux cartes là tout de suite.

J'opte pour l'option lit, couette et ordinateur. L'option la plus nulle, ce qui correspond parfaitement à un dimanche pluvieux.

J'opte pour l'option série aussi, mais un petit point d'exclamation apparait à côté de la fenêtre dossier de mon ordinateur.

J'ai directement une petite idée du problème.

En effet, c'est la puce de mon appareil photo, liée directement à mon ordinateur, qui me signale que sa mémoire est bientôt usée.

Sérieusement ?

J'ai laissé mon appareil photo à Alyah hier après la visite, et aujourd'hui ma puce explose ? Ayant accès aux photos de mon ordinateur, j'ouvre le contenue de la mémoire. Qu'est-ce qu'elle peut bien faire pour user la mémoire en si peu de temps cette idiote ?

C'est simple, des centaines de photos, même plus. Beaucoup plus, ma mémoire atteint le maximum, c'est-à-dire cinq cents photos.

Quelle idée j'ai eu de confier mon appareil à cette enfant surexcitée. Je lui envoie un message pour lui demander de s'arrêter là pour aujourd'hui, avant qu'il sature. Je suis gentil, je la préviens alors que je pourrais la laisser faire, laisser mon appareil sauter et lui exploser la tête en ayant une bonne raison.

Je pourrais, si j'étais vraiment un abruti fini.

Par curiosité peut-être, mais avant tout car c'est mon appareil et que je fais ce que je veux, je fais défiler un petit peu les photos que Perez a pu faire. Elle a vraiment pris n'importe quoi, que ce soient des photos de paysage, de la ville, de la plage, des commerces, des passants. Il y'a même des photos de SDF ou de rue sales et dégradées. Je ne cherche même plus à comprendre cette fille.

Mais si ses photos sont étranges, elles reflètent également sa façon de voir le monde à elle. Par ses photos, j'arrive à l'observer comme elle le fait, avec passion et amour, prêtant attention à des détails que je ne verrais meme pas.

La vie qu'elle fait ressortir de ses photos me parait plus agréable et si poétique, comparé au regard que j'y porte. Elle y trouve la beauté qui a disparu pour moi, elle s'attarde sur ce qui me parait insignifiant et sans intérêt.

Ses photos étranges sont seulement la façon qu'Alyah Perez a de voir la vie, c'est-à-dire aussi étrange et authentique qu'elle est, si ce n'est unique.

En plus de ça, vu comme ça, on pourrait penser que ces photos ont été prise par une professionnelle. Elle est douée, et maitrise bien l'objectif, les cadrages ou encore la luminosité. Sa capacité à s'adapter et à comprendre est impressionnante. Je lui ai montré les bases qu'une seule fois, et elle a progresser seule sans mal.

Il y'a bien évidemment une centaine de photo d'elle en mode retardataire, qui me rappelle à quel point elle est étrange, mais si pétillante. Elle pose seule dans sa salopette noire et sa casquette, les dents alignées de son sourire. Il y'a même des photos avec des passants. Elle est folle, et le pire, c'est qu'ils ont l'air content de faire ça avec elle et sa joie partagée.

ESTRELLA - BRAHMAN PARADISEWhere stories live. Discover now