Chapitre 18. Les échos du passé

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Je parviens à l'entendre, pourtant d'une manière extrêmement éloignée. Par tous les moyens, je m'efforce de lutter contre mon sommeil même si cela reste difficile.

La nécessité est tellement essentielle, il faut que je m'endorme. En définitive, je suis consciente que si je m'endors, je ne pourrai plus jamais ouvrir les yeux.

Mais il est inévitable, je n'ai plus la force de continuer à me battre.

Je n'ai jamais eu peur de mourir, mais à ce moment précis, la terreur parcourt chaque fibre de mon être. Mon corps ne veut plus résister, il a besoin de partir tandis que mon âme désire à tout prix s'échapper.

Jusqu'à aujourd'hui, je ne pensais pas qu'on pouvait avoir la possibilité de ressentir sa mort arrivée. C'est-à-dire éprouver le froid qui commence à engourdir notre corps, sentir peu à peu toutes ses facultés s'affaiblir et ressentir son âme qui essaie désespérément de partir...

La sensation de ne plus pouvoir entreprendre quoi que ce soit est épouvantable.

Et putain ça me fait angoisser...

Je n'appréhende pas de mourir uniquement pour ça. La peur qui me transperce, c'est de laisser Maya sans avoir eu la possibilité de la retrouver.

Enrique, je sais qu'il pourra s'en sortir sans moi. Cela dit, j'ai constamment cru en la prophétie que lorsqu'un jumeau meurt l'autre ne tarde pas à le rejoindre. C'est une sorte de connexion apparemment.

Je sais que si un jour mon frère décède, je ne pourrai pas survivre sans lui, je le rejoindrai quoi qu'il arrive.

Dans ma vie misérable, les seules personnes sur lesquelles je pouvais compter étaient mon frère, mon cousin, Maya, Sol et maman.

Nous étions une famille restreinte. Mon géniteur ne voyait pas l'utilité de fréquenter notre famille, à l'exception des parents de Cameron. Il refusait catégoriquement de se mêler davantage, craignant que quelqu'un ne lui dérobe tout ce qu'il avait accompli au fil des années.

Quelle ironie quand tu sais qu'il n'était pas dérangé par l'idée de faire alliance avec Raul Sanchez, mon violeur.

En réfléchissant, si je meurs, je pourrai après tout être auprès de maman et Sol. On pourra enfin se retrouver et je serai certainement heureuse, car le bonheur n'a jamais étendu son nez dans ma vie. Je ne manquerai pas à grand monde.

J'ai constamment vécue dans l'instant présent, mon corps était ancré sur terre tandis que mon esprit vagabondait.

Je ne l'ai jamais retrouvé d'ailleurs.

Et ça pour plusieurs raisons.

Quand nous apercevons sa mère se faire assassiner sous ses propres yeux pendant que ces criminels te mutilent le corps. Tu sais pertinemment que la vie ne reviendra plus jamais aussi merveilleuse.

Par la suite, j'ai dû faire face à un rejet perpétuel de la part de tout le monde, à des harcèlements incessants simplement parce que je ne correspondais pas aux normes établies par les autres. Je n'étais qu'une vulgaire enfant à la dérive qui exhibait cette maudite cicatrice. Je faisais fuir tout le monde. J'étais un monstre et personne ne m'aimait.

Ensuite, il y a eu le désamour de mon propre père, ce qui m'a conduit directement à un viol.

Je ne saurai jamais pourquoi cet homme ne m'a jamais aimé. Même avant, il semblait préférer Enrique. Au départ, je pensais que c'était pour me protéger en me tenant à l'écart de leurs sorties... Puis avec le temps, j'ai compris qu'il ne m'aimait pas. Et ce jour-là, j'ai vu ma vie et le peu d'espoir que j'éprouvais, s'évanouir en fumée.

Luz MarinaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant