Chapitre 32. Une balle perdue

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Luz Marina.

Je me retrouve dans cette maudite prison comme si je le méritais réellement.

Aujourd'hui, c'est Ayden qui est venu me récupérer pour m'emmener prendre ma douche. J'ai au moins droit à ça par jour.

Un traitement de faveur ?

Je ne crois pas.

De l'humiliation ?

Je le pense.

Il me tient vigoureusement par le bras. Pour être honnête, sa violence ne pèse plus sur mon corps. Je n'éprouve plus aucune douleur à présent.

Ce qu'il me fait endurer est bien pire. C'est l'une des pires trahisons et humiliations que je n'ai jamais vécues. Même quand les enfants se moquaient de ma cicatrice à l'école, cela ne m'avait pas autant éreinté.

Sans prononcer un mot, j'entre dans la salle de bain. Tout comme avec Javier, j'attends qu'il quitte la pièce. Mes règles n'ont pas changé, il ne doit pas apercevoir mon corps.

Je patiente un instant, mais observe qu'il reste pointé là en croisant les bras sur son torse comme un pauvre débile à m'observer.

- Tu peux sortir ? Demandais-je avec animosité.

- Je ne sortirai pas !

- Mon corps, Ayden, tu le sais parfaitement. Débitais-je avec haine tout en sachant que cet homme n'en a strictement rien à foutre.

- Dépêche-toi, je n'ai pas que ça à faire à t'attendre. Poursuit-il avec un timbre de voix totalement blasé.

Je baisse les yeux en ressentant une profonde complexité. Une fois de plus, je suis prête à m'humilier.

- S'il te plaît ? Suppliais-je en avalant ma salive avec difficulté.

Aucun son ne sort de sa bouche, me laissant plonger dans une profonde confusion. Mon cœur se serre douloureusement dans ma poitrine. Personne ne doit apercevoir cette horreur, je ne suis pas prête. Je ne voulais pas que ça se passe de cette manière. Tout devait être différent...

Avec une force inébranlable, je ferme les yeux, cherchant en moi le courage nécessaire pour le faire. Je m'oblige à les maintenir fermés, afin de ne pas laisser mes larmes dégringoler sur mes joues.

Je le déteste tellement, je hais ce qu'il est en train de me faire. Je maudis de l'aimer. Je hais tout de cet homme. Jour après jour, il continue inlassablement de piétiner mon âme, l'écrasant un peu plus chaque fois qu'il en a l'occasion.

Difficilement, je retire mon pull et mon jean en fixant avec le regard vide un point inconnu.

En relevant la tête, je remarque qu'il a détourné complètement son regard. Je retire ma culotte et la laisse chuter sur les carreaux. Mon corps hideux qui me dégoûte, qui a toujours écœuré tout le monde d'ailleurs, se trouve nu devant lui.

Il détourne toujours son regard, et une colère colossale monte en moi. Je m'empare de son visage avec mes ongles, lui lançant d'un ton cinglant :

- Regarde-moi putain !

Ses yeux vides se posent délicatement sur mon visage. D'un geste brusque, je baisse sa tête sur mon corps pour qu'enfin, il s'aperçoive de l'humiliation qu'il est en train de me faire vivre. Et surtout de l'horreur qui se trouve face à lui. Au moins, il verra avec quelle femme il a baisé pendant tout ce temps !

Malheureusement, il ne peut dissimuler sa surprise lorsqu'il ouvre grand les yeux en écoulant sa main sur son visage.

- Mon corps te dégoûte, n'est-ce pas ? Crachais-je le cœur à l'agonie.

Luz MarinaWhere stories live. Discover now