Chapitre 28. Unido

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Ayden.

Les jours se ressemblent.

C'est la même merde.

Et j'ai toujours l'esprit en désordre.

Nous avons retrouvé mon frère, néanmoins, je ne parviens pas à décrocher la moindre émotion sur mon visage. J'ai l'impression de ne rien éprouver comme joie.

Suis-je autant éteint que ça ?

Je le pense.

Comme une impression de déjà-vu hein ?

Je ne suis pas du genre à faire semblant ou à me forcer à façonner quelque chose dont je n'ai pas envie. Mais avec Charly, je dois activer le mode forçage.

C'est un enfant, il n'a pas à se coltiner ma condescendance. De plus, en raison de ses traumatismes, il risque de devenir comme moi plus tard.

Je sors de ma chambre en passant à côté de celle de mon petit frère.

- Ayden ? M'interpelle-t-il.

En prenant une profonde inspiration, je me force à m'arrêter.

- Oui ? Réponds-je d'une voix régulière et contrôlée.

- Ça va ?

Ce gosse m'étonnera constamment. Il s'est fait kidnapper, frappé au cours de très longs mois, et il ose venir me demander si je vais bien ?

- Et toi ? Demandais-je en m'introduisant dans sa chambre qu'il vient de découvrir suite à notre déménagement précipité pendant qu'il était kidnappé.

Un sourire triste et empreint d'innocence survole le visage de mon petit frère, âgé de seulement huit ans. Ses yeux reflètent une maturité. Je me revois en lui quand j'avais dix ans, portant le fardeau de comprendre trop tôt les complexités de la vie.

Et putain, comme ça me fait chier qu'il ait pu subir tout cela.

- Tu ne peux pas répondre à ma question par une autre question, Ayden.

Il va devoir arrêter de traîner avec Andrea celui-là.

- Moi, ça va. Tu te sens comment ?

Répondre à cette question nécessite une force surdimensionnée de ma part.

- Légèrement mieux. Maya me manque, nous avons passé tout notre temps ensemble, c'est ma meilleure amie. Je veux la revoir.

Je lui hoche la tête en l'étudiant.

Ces enfants ont enduré des souffrances indescriptibles. Je vengerai mon frère, mais je sais que ses traumatismes seront inévitables. Nous ne ressortons jamais indemnes de ce genre de choses et je parle en connaissance de cause.

Je laisse mon petit frère qui, à vrai dire, je ne considérais pas comme un membre de ma famille.

C'est désolant à dire, mais au départ, j'ignorais complètement son existence et puis, je n'avais pas le droit de m'approcher de lui. Consumé par la haine, je n'ai jamais tenté de créer des liens avec lui. Le monstre en moi savait qu'il allait être un frère impitoyable.

Ensuite, lorsque Charly était encore très petit, j'ai acquis ma propre maison. Je n'ai jamais vécu avec lui. Malgré tout, il avait tout de même une chambre à la maison lorsqu'il voulait nous rendre visite.

Je ne pouvais pas rester sous le même toit que mon père et sa nouvelle femme. Je ne pouvais pas loger dans la même maison où tout a représenté le début de ma fin.

Luz MarinaWhere stories live. Discover now