CHAP 9: La chute

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Le lundi matin devrait s'appeler jamais.

La chaleur de sa couette ne suffit pas à réchauffer mon corps nu. La chaleur de sa couette ne suffit pas à réchauffer mon corps nu. Je suis nue dans un lit, dans son lit. Mais à ma grande surprise, il n'est plus là. Il a sûrement pris la fuite en oubliant que j'étais à ses côtés. Mon arrivée à Paris fut fulgurante, tout m'a semblé irréel, je n'ai même pas eu le temps d'apprécier où je me trouve, tout est passé incroyablement vite : notre rencontre dans l'avion, cette balade en taxi, la visite de son appartement, notre nuit à deux. Je n'ai même pas encore eu le temps de poser un réel regard sur cette ville.

Je n'y avais pas prêté attention hier ,mais sa chambre ne lui ressemble pas du tout, elle est très éclairée, des bibliothèques remplies longent les murs et ses grandes fenêtres donnent une magnifique vue sur la Tour Eiffel. Il a dû vraiment payer chère pour obtenir un tel appartement, je me sens presque ridicule avec mon appartement ; heureusement qu'il n'y a jamais mis un pied. En ouvrant un peu plus l'œil je remarque plein d'objets qui me rappellent à lui, sa chambre le retranscrit parfaitement. Et elle retranscrit également qu'il est surmené par le travail, je comprends mieux pourquoi il mettait autant de temps pour me répondre , son bureau est envahi par des dossiers et des carnets, normal qu'il ne prête pas attention à mes stupides messages qui pourrissent sa messagerie. Vue le nombre de documents je doute qu'il soit encore là, il doit avoir tellement de choses à faire.

- Edward : Tu aimes la décoration ?

Sa voix m'a immobilisée d'un coup, que doit-il penser de moi en train d'examiner sa chambre. Si j'avais su, je ne l'aurais pas fait, loin de moi était l'idée qu'il aurait pu encore être là aussi tard.

- June : Oui et j'apprécie ton goût subtil pour ça .

- Edward : Ah ce n'est pas le mien c'est celui de ma mère, c'est elle qui m'a en grande partie aider dans la déco de cette appartement. D'ailleurs je pense qu'elle adorerait te rencontrer, je lui parle souvent de toi enfin...

Les choses sont allées beaucoup trop vite entre nous, il n'y a pas si longtemps que nous nous sommes rencontrés et puis les longs mois de pause où l'on ne s'est plus calculé, on ralentit notre relation naissante. Je ne le connais pas assez, je ne connais que ce qu'il a pu me laisser retranscrire par ses messages, mais je ne peux pas m'en plaindre, c'est moi qui ai décidé de le rejoindre ici alors, je dois m'habituer à qui il est et apprendre à le connaître. Puis c'est aussi à cause de moi que tout à déraper en m'immisçant dans son lit la nuit dernière, je savais très bien et je voulais que les choses se passent ainsi.
Je n'ai pas rebondi à ses propos, ça semblait être normal pour lui qu'il me parle aussi vite de ses parents et pour moi aussi ça prenait sens.

- Edward : Désolé je suis beaucoup trop pris par le travail en ce moment, je n'aurais sûrement pas l'occasion de te faire visiter paris si les appels continuent ainsi.

- June : Ne t'en fais pas, je vois à quel point tu bosses dure.

- Edward : Écoute tu sais quoi je vais éteindre ce téléphone et emmener la plus belle des femmes faire un tour en ville.

- June : Qui est-elle ?

À son visage j'ai de suite compris qu'il ne s'attendait pas à cette réponse. Il parlait de moi bien sûr June ! De qui d'autres aurait-il pu parler, finalement c'est moi la bête dans l'histoire. J'ai de suite éclaté de rire quand j'ai vue la déception dans son regard et il a suivit mon fou rire. Nous étions beaux et heureux à rire à pleine gorge rien n'aurait pu gâcher ce moment, sauf cette caméra allumée au fond de son couloir.

- June : Tu as des caméras de surveillance à l'intérieur de ton appartement ?

- Edward : Oui, en cas d'effractions chez moi. On ne sais pas ce qui peut arriver.

Sa vérité sonnait à mon oreille comme un mensonge pour placer une caméra dans un angle mort si elle doit servir à reconnaître un individu en cas de cambriolage, je ne suis pas la plus renseignée à ce sujet, mais pas certaine que cela fonctionne réellement comme ça.

***

Dehors l'air est chaud, pourtant Edward porte une grosse casquette et un blouson noir, je ne sais pas quoi en penser. Il a peut-être le sang-froid, quelle belle coïncidence avec son prénom.
C'est la première fois que je m'affiche publiquement dans la rue avec un homme, même si ce ne sont pas les rues de Montréal, c'est tout comme le ressenti reste le même, c'est étrange. Mes yeux se baladent et s'arrêtent à chaque coin de rues, attirés par l'architecture Haussmannienne. C'est étrange comme les gens ont l'air triste, toutefois le temps est beau. Je ne sentais même plus la présence d'Edward à mes côtés, je suis libre, une vraie petite Parisienne.

- June : Tu sais, quand ma mère me disait que j'adorerai Paris je ne la croyais pas mais finalement je m'y sens bien.
Aucune réponse.

- Edward ?

Edward n'est plus à mes côtés, ça faisait au moins un bon 500 mètres que je marchais seule. Il n'est nulle part autour de moi, l'angoisse m'envahît. Aucune idée de quel arrondissement je me situe, aucune idée de-ci c'est loin ou pas de son appartement, la seule chose que je sais, c'est qu'Edward n'est plus là.
Il ne répond pas non plus au téléphone, ça ne sonne pas comme si le numéro n'existait pas ou c'est juste moi qui dramatise alors qu'il est sûrement en mode avion.
J'ai remonté la rue afin d'essayer de le trouver, mais aucune trace de lui, que faire ?
"EDWARRRRRD....EDWARRRRRD" je répétais son prénom en boucle, mais toujours rien, il n'était vraiment pas là. Les gens dans la rue commencent à me prendre pour une folle avec mon accent hyper prononcé. Je ne sais pas où il est, mais je sais que l'appartement est plus haut dans cette rue, il faut que j'y retourne et ensuite, j'aurai peut-être une idée de que faire. Premier handicap, je n'ai plus le code son bâtiment. Il y a tant de combinaison possible et imaginable, le seul indice que j'ai est que c'est un code à quatre chiffres. 3011...3011 Bingo c'est ça !
Il ne me reste plus qu'à trouver un moyen d'ouvrir ça foutu porte, c'est lui qui a pris les clefs avant qu'on s'en aille et je ne pense pas qu'il dissimule un double sur son palier, ça n'existe que dans les films ça.
Si je fais trop de bruits les voisins vont penser que j'essaye de le cambrioler, je ne veux pas me retrouver en garde à vue quelques jours avant mon départ.
Essayons de tourner cette poignée, je ne me souviens plus s'il avait verrouillé la porte avant de partir.
Elle est ouverte, yes !
Mais le fait qu'elle soit ouverte ne change rien, mon problème reste le même, j'ai perdu Edward et je n'ai aucun moyen de le retrouver.

Il faut que je fouille cet appartement, c'est le seul endroit où je pourrais trouver ne serait-ce qu'un petit indice pour le contacter autrement où juste tout simplement le retrouver. Il ne m'a jamais fait visiter chacune de ses pièces, je ne connais que celle utile à ma survie. Comme cette pièce au fond du couloir, je ne m'étais jamais rendue compte qu'il y avait une autre pièce à cet endroit, on aurait dit qu'elle s'est téléportée. La caméra que j'avais vue un peu plus tôt se dirige exactement vers cette porte, étonnant que je ne l'ai pas vu plus tôt.
J'ai fouillé l'intégralité de cet appartement, il ne me reste que cette pièce à faire, mais si j'y vais, il saura que j'y suis allée à cause de cette foutue caméra. Il faut absolument que je trouve un moyen de la désactiver. Je dois couper le courant. Je dois couper, le courant ! Si je ne me trompe pas, j'ai juste à baisser cette poignée... eh...voilà !
À la seconde où j'ai coupé l'électricité, la porte de cette pièce s'est entrouverte, j'ai l'impression d'être dans un film d'action. Pas à pas, la pression monte dans mon corps puis face à la porte, plus rien, ça ne doit être qu'une salle dans laquelle il met ses dossiers de travail les plus confidentiels. Mais non.

Une vision d'horreur, les murs sont placardés de photos de moi et mes proches, des boîtes à mon nom recouvrent le sol de ce bureau, sur le bureau des tas de captures d'écran de nos conversations et à ma gauche une vitrine dans laquelle sont exposés des objets d'une valeur inestimable.
Je n'y crois pas à mes yeux, mon corps tremble, j'ai dormi dans le lit d'un homme obsédé par moi.
Qui est-il ?

- Edward : Comment as-tu réussi à ouvrir cette putain de porte June ? COMMENT ? m'hurla-t'il en pleine face.

Merde, c'est finit pour moi.
1 jour à vivre contre toi.

STARLESS - privée d'étoilesWhere stories live. Discover now