Chapitre 20 - Vic

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Je me réveille en sursaut.

Encore un de ces fichus cauchemars ! Et on est toujours pas plus avancés que ça concernant la géante aux doigts crochus qu'on voit dans nos rêves chaque nuit. Hier, la conversation qu'on a eue avec Luna à ce sujet pourrait se résumer à ça :

« Donc tu confirmes que c'est bien l'espèce de démone bizarre que tu vois dans tes cauchemars depuis bien plus longtemps que nous ?

- Oui.

- Et tu n'as toujours pas d'indices concernant son identité ?

- Non. »

Si ce n'est pas une belle avancée, ça ! Sérieusement à quoi bon avoir une spécialiste de la mythologie si elle ne peut pas identifier le premier démon venu ! (Avec tout le respect que je te dois, Lulu)

Nous piétinons donc dans la joie et le bonheur (ironie quand tu nous tiens) tandis que Luna semble commencer à se détacher – lentement mais sûrement – de l'influence néfaste du pendentif magique sur sa personne. Elle a retrouvé sa lucidité, mais par moments elle est prise de crises d'angoisse et se met à réclamer le « talisman » ou pire, se glisse dans nos cabines pour le chercher. 

Enfin, je suppose que c'est ce qu'elle faisait quand je l'ai retrouvée en train de vider mon tiroir de chaussettes. À vrai dire j'espère que c'est ce qu'elle faisait parce que si elle devient fétichiste des pieds on va pas s'en sortir...

Bref, je m'égare.

Je disais donc que je me réveille en sursaut après un énième cauchemar dans lequel je revivais la visite qui a suivi notre baignade matinale à la seule différence que j'étais coursé dans les rues par une humanoïde terrifiante de plusieurs mètres de haut qui volait vers moi à toute allure, tentant de m'attraper avec ses mains griffues alors qu'une nuit noire était brusquement tombée.

BON.

Je ne sais pas du tout quelle heure il est, tôt sans doute, parce que oui les cauchemars en profitent pour nous priver le plus possible de sommeil. Et bien évidemment, impossible de se rendormir après ça. Les cernes de Luna prennent tout leur sens... enfin c'est vrai qu'elle en avait déjà tout le temps à cause de ses nuits à observer les étoiles. Parfaitement réveillé, je décide donc d'aller faire un tour sur le bateau.

Le vent souffle, dehors, mais il n'y a pas le moindre nuage à l'horizon. On voit encore quelques rares étoiles dans le ciel, ainsi qu'un pâle croissant de lune, mais le jour se lève et ce n'est plus qu'une question de minutes avant que le soleil n'apparaisse. Et il me semble discerner une terre, au loin, dans le rose du ciel matinal.

Notre prochaine escale... j'ai totalement oublié quelle était la suite du programme. Mais je sais que cette fois, on a définitivement quitté les côtes italiennes pour la Grèce. Nous entrons dans le plus intéressant du voyage, mais je ne peux m'empêcher d'appréhender. Qui sait ce que ce foyer de la mythologie va nous apporter comme (mauvaise) surprise ?

Les embruns me fouettent le visage, et je commence à avoir un peu froid dans mon pyjama, assez peu adapté à la fraîcheur de cinq heure et demie du matin, avouons-le.

Un dilemme s'impose alors : dois-je prendre le risque de me changer au risque de manquer le spectacle du lever de soleil ? Après de longues minutes de réflexion (traduire : une poignée de secondes) je prends le parti de ne pas prendre de parti : je choisis d'aller m'habiller en vitesse, pour pouvoir revenir à temps à l'avant du bateau.

Mais lorsque je me détourne des vagues pour me précipiter à ma cabine, quelque chose attire mon attention. C'était dans la mer... Je braque mon regard sur les flots, plus rien. Une illusion ? Ce voyage me fait perdre la boule ou bien... ?

La fille de la LuneDonde viven las historias. Descúbrelo ahora