Chapitre 23 - Dan

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 Il est bientôt 16h lorsque les voix commencent. J'étais en train de regarder un tuto de guitare, posé sur un des transats, au soleil, quand je les aies entendues. Nombreuses, trop pour qu'on puisse dire combien, les voix éthérées paraissent sortir de nulle part et m'envelopper doucement pour me bercer. Elles résonnent de partout, amplifiées par des harmonies, puis l'une d'entre elles semble prendre le lead et s'élever dans une mélodie claire et pure.

Soudain très fatigué, j'ai vaguement conscience que ma vision

s'obscurcit

et

puis


- Eh petite, qu'est-ce que tu fabriques ? Descends de là ! Les gars vite, venez !

Je sursaute lorsque j'entends ces phrases, comme si l'on venait de me tirer du sommeil. J'ouvre les yeux, et la première chose que je vois, c'est Marion, montée sur la rambarde de sécurité, les yeux fixés droit sur l'eau sous elle. Ma bouche s'ouvre de stupeur, mon cœur se met à battre violemment dans ma cage thoracique, mais qu'est-ce qu'elle fabrique ? Et... qu'est-ce que je fais debout, mains tendues devant moi ? Les harmonies reviennent soudain à l'attaque mais avant que la voix ne reprenne sa mélodie envoûtante, je hurle à m'en déchirer la gorge et je tombe à terre, mains sur les oreilles.

Marion tressaute et tourne légèrement la tête dans ma direction, ce qui manque de la déséquilibrer mais la penche aussitôt à nouveau vers le vide, vers sa chute, jusqu'au moment où trois matelots accourent et la portent précautionneusement vers le pont. L'un d'eux s'approche de moi. Les voix se sont éteintes.

- Gamin ? C'est ta pote, non ? Ecoute, je sais que t'as eu peur pour elle mais relève toi, c'est bon elle est hors de danger t'sais. Tu ferais bien d'aller la voir un ami c'est toujours mieux que trois inconnus dans ce genre de situation.

Je voudrais bien mais je suis tétanisé, incapable de me lever.

Je regarde le skipper, perdu. Il doit sûrement penser que je suis un idiot qui ne comprends pas ce qu'il raconte.

- E-Elle...

- Ta copine va bien maintenant. Elle est en sécurité.

Il me tend une main pour me relever, que j'accepte aussitôt. Un peu titubant, je vais vers Marion qui tremble comme pas possible. Les larmes coulent sur son visage, elle claque des dents, elle est clairement en pleine crise de panique. Quelqu'un lui a mis une couverture sur les épaules et elle s'est enroulée dedans, recroquevillée et ses poings serrent convulsivement le tissu.

- E-e-elles... j'ent-t-tends...

Et les larmes lui nouent la gorge à nouveau.

Je ne dis rien – parce que je suis dans l'incapacité de de prononcer la moindre parole – et m'assoies tout près d'elle, les genoux ramenés contre moi. C'est à ce moment, je crois, que je prends conscience que je ne l'ai jamais vue si faible, si vulnérable.

Je ne l'ai jamais vu pleurer autant, pleurer de peur ou de tristesse. A peine ai-je surpris son regard humide après que Camille m'ait fait la déclaration la plus étrange de ma vie. Bien sûr que je savais qu'elle n'était pas insensible, mais elle n'avais jamais exposé ainsi ce qu'elle ressentait. Ça me fait bizarre, comme si le spectacle de toute cette eau sur ses joues était impudique. Comme si c'était quelque chose que je n'aurais pas dû voir. Jamais.

- C'est fini, dis-je maladroitement d'une voix cassée à cause de mon cri pour essayer de lui faire reprendre contact avec la réalité.

Les trois marins ont prévenus Maddie, qui débarque, Luna, Camille et Vic sur les talons.

La fille de la LuneWhere stories live. Discover now