Le Clan du Loup - Tome 2 : Le Croc du Loup

Chapitre 2

Elle vient tout juste de quitter sa meilleure amie et cet étrange jeune homme. Elle n'a pas voulu tenir la chandelle lors de leur rendez-vous. Enfin, Tala n'y a pas tenu. Et elle l'en remercie. Elle espère que tout va bien se passer.

Regagnant sa voiture un peu plus bas dans la rue, elle s'apprête à entrer la clé dans la serrure du véhicule quand une voix la fait sursauter. Elle en lâche le petit trousseau avant de se retourner. Un regard bleu, si bleu qu'il en est presque électrique, s'est fiché dans le sien. Et elle le voit, pour la première fois.

Il se tient à quelques mètres d'elle et la scrute de ces yeux incroyables. Ses cheveux couleur ébène tombent sur ses épaules, terminant leur course dans son dos. Habillé de noir, il a un long manteau sombre sur une chemise blanche, seule touche de lumière dans cette allure sombre.

Glissée dans le col du manteau, une écharpe allonge son corps, qu'elle devine magnifiquement sculpté. Un pantalon noir et des bottes hautes viennent courir sur ses jambes fuselées. Il doit faire une tête de plus qu'elle, est plutôt fin mais masculin tout de même.

Kaliska ne peut que constater que quelque chose de magique s'échappe de son allure enchanteresse. Et elle a senti ses joues s'enflammer : « pommettomètre en action ! » aurait-elle plaisanté si Tala avait été à ses côtés. Elles en auraient certainement ri.

Mais devant cet inconnu qui l'embarrasse incroyablement, elle ne parvient pas à faire le moindre mouvement. Elle en est presque mal à l'aise mais ne peut pas s'empêcher de l'observer. Il attire son regard, et à en croire ses pommettes, pas uniquement.

Affreusement confuse, se sentant stupide aussi, elle tente de cacher ses joues roses derrière ses mèches claires. Un réflexe volontaire pour dissimuler sa gêne. Elle se baisse pour ramasser ses clés mais il la devance.

Ses doigts frôlent les siens et elle a un frisson, pourtant si agréable. Il s'excuse aussitôt de la frayeur qu'il lui a causée. Sa voix légèrement grave la ferait presque défaillir. Et il dégage un parfum qui l'envoute. Elle lui aurait bien dérobé son écharpe rien que pour avoir son odeur dans le nez.

Il lui tend le petit trousseau et elle le remercie à mi-voix, trop impressionnée pour arriver à prononcer le moindre mot. Il lui annonce qu'il cherche quelqu'un.

— Eh bien... Heu... Tout dépend si je le connais, hésite-t-elle.

Il lui apprend alors qu'il est à la recherche d'Akira, ce garçon qui a emmené sa meilleure amie boire un verre. Il sait qu'il traîne sans doute dans le quartier.

Kaliska reste surprise une seconde. Ce bel inconnu connait donc ce jeune homme étrange. Et que veut-il dire exactement par le fait qu'Akira traîne dans le quartier ? Elle pensait qu'il y habitait, sans en douter une seconde.

Jusqu'à cette simple phrase en apparence, elle avait la conviction qu'il vivait dans le même immeuble que sa camarade. Devant le regard inquisiteur de l'inconnu qui se tient face à elle, elle bredouille :

— Je le connais, mais...

Elle remarque un curieux détail : il porte ce même croc d'ivoire que le dénommé Akira, non pas à l'oreille mais en pendentif, comme un symbole. Elle lui demande s'ils sont frères et il rit d'un rire clair. Elle en est charmée une seconde.

Puis, elle l'entend se murmurer à lui-même que ce n'est pas tout à fait cela et que c'est plus compliqué. Mais elle ne saisit pas. Il lui avoue s'inquiéter, n'ayant de nouvelle du jeune homme depuis un moment.

Elle sent bien qu'il est saisi d'une réelle inquiétude, bien que son visage ne le montre pas. Elle note néanmoins une certaine douceur dans ces propos : il connait Akira sans qu'elle ne sache dire à quel point.