Le Clan du Loup - Tome 2 : Le Croc du Loup

Chapitre 7

Duncan se sent épier par ce petit félin. Il ne le quitte pas du regard. Juché sur les genoux délicats de Kaliska, ce démon le nargue presque. Il semble lui dire qu'il a droit aux attentions de la jeune femme, et pas lui. Il le maudit, grinçant presque des dents.

Il se demande encore pourquoi il a suivi la jeune femme. Et voilà qu'il se surprend à jalouser Réglisse. Le chat se pelotonne contre la jeune étudiante, se frottant à elle en frétillant des moustaches.

— Sale bête... maugrée le jeune homme pour lui-même.

Mais ses dires arrivent aux oreilles de Kaliska.

— Pardon ? C'est à moi que vous parlez ?

Il se serait bien donné des baffes sur le coup. Et de la voir lui jeter un regard noir en resserrant plus encore son étreinte sur le petit félin qui le jauge lui fait mal au cœur.

— Non, ce n'était pas pour vous.

— N'allez pas me dire que c'était à Réglisse que vous adressiez cela !

Il ne lui avouera jamais. Pour qui va-t-elle le prendre ? Déjà que le courant ne passe visiblement pas entre eux, si en plus il passe pour un fou... Il ne s'aide pas.

Il ne prend pas la peine de répondre, il sait qu'il se serait enfoncé plus qu'autre chose aux yeux de la demoiselle. Il a honte, tellement honte. Et il râle intérieurement après le lycan, injuriant ce faux frère qui l'a abandonné avec elle. Si seulement il avait pu rentrer avec Akira, il n'en serait pas là.

Mais une curieuse impression le prend. Il ne souhaite plus rentrer tout à coup. Ou du moins, pas tout de suite. Est-ce à cause d'elle ? Sans doute... Pourquoi son ami n'est-il pas là ? Il aurait su le guider sûrement, lui qui n'a pas connaissance de cet étrange sentiment ne sait pas comment se comporter, comment agir, comment prendre tout cela.

Il a été presque glacial tout à l'heure. Et s'en est voulu. Elle n'a rien fait pour le mettre en colère. Mais sa simple présence le met mal à l'aise, comme hors de lui. Son parfum subtil de vanille l'attire, son doux regard noisette l'envoute. Elle doit être sorcière pour avoir pareil effet sur lui, ce n'est pas possible autrement.

Lui, mage confirmé, se voit sous l'emprise d'une enchanteresse aux cheveux clairs. Maudit soit le monde des hommes ! S'il n'était pas sorti des bois du clan, jamais il n'aurait été sous son influence charmeuse. Mais il ne l'aurait jamais rencontré non plus. Il n'aurait jamais croisé son regard félin, il n'aurait jamais senti son odeur subtile et vanillée...

Il désire tant être à la place de ce petit chat coquin qu'elle câline. L'animal ne se prive pas, semble-t-il, de lui signaler que les caresses lui sont adressées à lui. Ce qu'il a envie de sentir les petits doigts timides de Kaliska parcourir sa peau. Il en a des frissons rien qu'à l'idée. Bon sang, ça ne lui ressemble pas ! Il doit se reprendre.

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La jeune femme se décide à partir. Elle ne peut pas rester éternellement chez Tala. Elle glisse Réglisse dans son panier et récupère les maigres affaires du chat. Mais avant qu'elle ne puisse passer le pas de la porte, le félin s'échappe et s'enfuit dans la chambre.

— Ah, non ! Réglisse ! Reviens ici ! Je n'ai pas le temps de jouer à te courir après !

Mais le petit félin ne pointe pas le bout de son nez tandis qu'elle l'attend. D'ordinaire, il répond à son nom sans problème. Que lui arrive-t-il ?

Duncan se retient de rire. Qu'est-ce que le chat cherche à faire au juste ? À le concurrencer pour la mettre en colère ? Mais il ne souhaite pas qu'elle se fâche plus encore et lui propose aimablement d'aller chercher la petite fripouille. Elle est étonnée de cet élan de gentillesse et ne sait l'en empêcher.

Il va donc trouver Réglisse dans la chambre de Tala et le petit félin lui passe dans les jambes en ronronnant avant qu'il ne puisse entrer dans la pièce. Territoire réservé visiblement. Le jeune homme a un sourire en sentant le poil du petit animal se frotter affectueusement contre sa jambe.

— Tu m'aimes bien maintenant ? Tu ne sais vraiment pas ce que tu veux, toi.

Le jeune chat l'attend juste derrière lui, une écharpe sombre dans les pattes. Il ne semble pas vouloir partir sans.

Duncan le prend dans ses bras et noue doucement le foulard autour du cou de Réglisse. Ce dernier cherche à lui attraper les doigts pour les croquer sans mordre. Il veut jouer plus que faire mal. Il ne sort même pas les griffes et le jeune homme lui en est reconnaissant. Puis un ronronnement le remercie. Il en est flatté et surpris.

Il est le seul que Réglisse n'a pas accueilli gaiement la première fois qu'il est entré chez Tala. Il a trouvé ça étrange. Les animaux ne l'évitent pas d'habitude. Il n'a pas compris le comportement méfiant du chat. Et voilà qu'il le laisse approcher. Curieuse créature que ce petit félin là.

Il revient vers Kaliska qui attend dans l'entrée. Elle esquisse un sourire en voyant le foulard sur le pelage de Réglisse.

— Tu ne serais pas parti sans, coquin.

Elle remet l'animal dans le panier et cette fois-ci, il y reste, se muchant dans le coussin, le museau dans le tissu sombre de l'écharpe.

Elle se tourne vers Duncan, daignant enfin lui prêter attention. Il la scrute sans un mot, hésitant. Elle ne parvient pas à plonger son regard dans le sien sans se sentir rougir.

— Merci, lui dit-elle alors.

— De rien, je vous en prie. (Il hésite une seconde, avant de lui demander). Pourquoi avez-vous dit que Réglisse ne serait pas parti sans ce foulard ?

Elle esquisse un nouveau sourire.

— C'était un cadeau que j'avais fait à Tala il y a quelques années déjà. Et depuis qu'elle l'a recueilli chez-elle, il ne peut pas dormir sans.

— Il doit y avoir l'odeur de ton amie dessus pour qu'il y soit attaché.

— Sûrement.

— Et vous vous occupez toutes les deux de lui, alors c'est peut-être un symbole à ses yeux.

Elle lui jette un regard étonné.

Elle n'a jamais imaginé que ce petit félin soit aussi attaché à elle. Elle ne le voit que lorsqu'elle rend visite à Tala. Elle n'est pas avare en caresse avec cette petite boule de poils adorable et douce. Elle aime les chats et celui-ci le lui rend bien. Mais qu'il lui témoigne ainsi qu'il l'aime bien aussi la laissait sans voix.

Elle tente de cacher son trouble à Duncan. Elle ne veut pas qu'il puisse voir ses yeux briller. Pas lui. Il avance un geste doux à son égard mais le retient. Il lui propose doucement si elle souhaite de l'aide pour transporter le panier et les maigres affaires du chat. Elle accepte à mi-voix et il prend le carton, lui laissant le plaisir de prendre le panier de Réglisse.

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