Le Clan du Loup - Tome 2 : Le Croc du Loup

Chapitre 12

Ils se retrouvent ainsi plusieurs fois par semaine lorsque la jeune étudiante le lui accorde. Il a plaisir à la retrouver et doucement, ils se rapprochent. À partager un peu plus que quelques mots, ils apprennent à se connaître.

Ils se découvrent autour d'un verre, parlent d'avantage d'eux, de leur vie. Ils se confient sans tabou, ou presque. Ils gardent certains secrets. Un peu de mystère est essentiel. Comme dit Tala : « il ne faut pas tout dévoiler la première fois ».

Duncan a parfois eu envie de lui parler de son passé, de ce qui l'avait poussé à changer de vie et à se joindre au clan de lycans. Mais c'est encore trop douloureux à son souvenir. Alors comment en tenir mot à la jeune femme ?

Et quelle image aurait-elle de lui après ses révélations ? Il a peur de ce qu'elle serait amenée à penser. Il ne veut pas gâcher ces moments chaleureux qu'ils passent ensemble. Il est loin le temps où ils ne pouvaient s'empêcher de s'envoyer des piques.

Il a perdu ces remarques cinglantes du début. Et elle n'a plus son regard glacial et méfiant des premiers jours. Il a découvert une jeune femme timide, malgré le côté sévère et froid qu'elle arbore parfois.

Sous l'épaisse armure dont elle s'est revêtue pour se protéger, il a trouvé une demoiselle forte agréable, charmante et pleine de joie de vivre. Il s'est surpris à apprécier les moments passés en sa compagnie, trop courts à son goût.

De son côté Kaliska a vu derrière le voile de froideur qu'il a affiché au prime abord. Il s'est caché derrière un masque de défiance, se montrant distant sans doute par appréhension.

À mesure qu'ils se voient, il relâche sa vigilance et se montre un peu plus confiant. Il discute avec elle comme il l'aurait fait avec un ami de longue date, sans peur. Il lui parle de sa vie, du clan, un peu de ses dons aussi.

Elle ne se lasse pas une seconde de l'écouter. Sa voix grave la berce presque. Et lorsqu'il parle de magie et de loups, elle a le sentiment d'entendre un conteur. Et quand c'est elle qui prend la parole, pas une seule fois il ne la coupa.

Elle commence réellement à l'apprécier. Au fil des jours, ce sentiment s'intensifie doucement. Ce soir-là où leur main se rencontre, qu'ils entrelacent leurs doigts, elle se sent rougir. Un chaleur douce et agréable l'envahie.

Elle n'est pas très démonstrative. Ce genre de geste lui a toujours semblé si niais, si puéril. Mais sa main dans la sienne, elle s'est sentie toute chose. Elle n'a pas voulu faire le premier pas vers lui. Dans sa conception des choses, C'est à lui de se lancer.

Elle n'a pas tort. La galanterie se perd. Mais Duncan n'a aucune intention de la laisser faire le pas la première. Il tient à prendre les devants. C'est important pour lui, de prouver à Kaliska ses véritables intentions à son égard.

Il ne veut pas la forcer à quoi que ce soit, lui laissant le temps dont elle a sans doute besoin. Il la sait encore marquée par sa précédente histoire. Même si elle ne le montre pas, le fantôme de tout ceci la hante encore.

Il n'a aucune idée de ce qu'il s'est passé entre la jeune femme et son ex-compagnon. Du moins, il n'a pas tenu à la forcer à en parler de même qu'elle n'a pas cherché à lui tirer les vers du nez au sujet de son passé. Il sait se montrer patient. Et plus encore avec elle.

Quand elle lui accorde ne serait-ce que le fait de prendre sa main dans la sienne, il sait que c'est une question de confiance de sa part, qu'elle lui accorde le droit de l'approcher. Comme un chat méfiant accorde à un étranger le droit de le caresser.

Jamais, durant ces quelques semaines où ils se côtoient, ils n'ont eu d'autre geste d'affection l'un envers l'autre. Non pas qu'ils n'en ont pas eu envie, au contraire sûrement. Mais une certaine appréhension les tient sans doute.

Il a voulu poser ses lèvres sur les siennes mais a jugé cela trop rapide au vu de la relation qui nait entre eux. Elle se serait bien abandonnée dans la chaleur de ses bras pour un câlin tant désirée, mais ne l'a pas osé. Trop prématuré ?

Pourtant, ils en meurent d'envie tous les deux. Le seul problème est, sans équivoque, le fait qu'ils ne comprennent pas les attentes de l'autre. Dès lors, ils n'arrivent pas à se lancer, ni l'un ni l'autre. Et au bout de seulement quelques semaines, peut-être est-ce normal. Il faut parfois savoir laisser le temps au temps.

Seulement, ce soir-là, quand Kaliska vient le trouver alors qu'ils n'ont pas prévu de se retrouver, il sent que quelque chose est arrivée. Il ne sait pas comment elle a réussi à le rejoindre mais il n'a pas le temps de le lui demander.

Déjà, elle s'est réfugiée dans ses bras pour y cacher ses larmes. Il la sent trembler contre lui et cherche aussitôt à la rassurer, caressant ses cheveux clairs avec douceur.

— Kaliska, qu'est-ce qui se passe ? demande-t-il en voyant qu'elle retrouve un semblant de calme.

Elle lève les yeux vers lui. Ils sont rougis par les larmes.

— Ce n'est rien, je ne veux pas t'embêter avec ça. Je...

— Arrête tout de suite ! Tu sais très bien que ça ne m'ennuie pas. Dis-moi.

Elle hésite pourtant et se love plus encore contre lui. Il resserre aussitôt son étreinte autour d'elle, protecteur.

Elle lui semble bien fragile tout à coup. Elle qui arbore pourtant son épaisse armure en toute circonstance. Il se prend à vouloir la protéger, à chasser ses démons à tout jamais. Il ignore encore ce qui est à l'origine de cette frayeur chez sa compagne.

Mais il ne restera pas les bras croisés. Il fera payer ce qui l'a mise dans un tel état. Ce, celui ou celle qui est responsable des larmes sur ses joues rosées ne restera pas impuni bien longtemps, il en fait une question d'honneur.

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