Le Clan du Loup - Tome 2 : Le Croc du Loup

Chapitre 8

Elle n'aurait jamais imaginé le faire entrer chez-elle ainsi. Il a eu l'amabilité de l'aider à transporter les affaires de Réglisse. Mais de là à l'inviter à passer le pas de la porte de son petit appartement... Elle n'aurait pas songé une seconde que cela puisse arriver. Surtout au vu du froid qui régnait entre eux quelques heures plus tôt.

Curieusement, il a eu un comportement tout à fait différent dès l'instant où il a eu la gentillesse d'aller débusquer le jeune chat de la chambre de Tala. Le petit animal joue-t-il un jeu ? Elle le croirait volontiers, mais sait cela impossible. Réglisse ne lui ferait jamais ça. Un sourire lui échappe, rien qu'à l'idée que son neveu de félin puisse tester le jeune homme aux longs cheveux noirs.

Duncan n'est peut-être pas si désagréable au fond. Elle a bien remarqué qu'il est mal à l'aise : il ne cesse de passer une main dans ses mèches noires et évite son regard, gêné. Mais elle lui en veut encore d'avoir été si sec avec elle tout à l'heure. Elle n'est pas rancunière, juste qu'elle n'a pas apprécié.

Il est resté dans l'entrée un moment avant qu'elle ne l'invite à s'asseoir, lui proposant un verre poliment. Les yeux rivés au sol, il n'a pas osé s'aventurer plus dans l'appartement. Laissant Réglisse prendre ses marques, elle est allée le tirer de son coin. Tout ce qu'elle espère, c'est qu'il ne touche à rien. Après tout, c'est chez-elle.

Il lui demande timidement un thé et elle ne lui refuse pas, en hôtesse digne de ce nom. Elle a tant de sachets parfumés différents qu'elle hésite à lui poser la question. Optant pour un basique, elle se concentre sur ce qu'elle fait pour ne pas penser qu'il doit l'observer de ses yeux si bleus.

Il ne lui adresse qu'un merci à peine audible en prenant entre ces doigts fins la tasse qu'elle lui tend. Elle ne va pas le mettre à la porte alors qu'il l'a aidé à monter le carton. Certes, il y a l'ascenseur pour gagner le second étage où elle habite. Mais une aide est toujours la bienvenue.

Elle jette un rapide regard vers le canapé pour y voir Réglisse qui s'y amuse. Il ne semble pas si dépaysé. Ça la rassure. Il n'a quitté l'appartement de Tala qu'une fois ou deux, guère plus. C'est bien un chat pour être aussi fouineur. Il furète à droite et à gauche, reniflant la moindre chose qui passe à sa portée.

Elle en aurait bien ri un instant. Tala lui répète de temps en temps qu'elle est curieuse comme un chat. Et n'est-ce pas l'animal qui lui correspond le plus après tout ? À voir son amour pour ce petit animal, on ne peut pas en doute une seconde.

Revenant à Duncan, elle s'assoit alors face à lui à la table. Il regarde dans le vide pour ne pas croiser son regard et ça commence à l'agacer légèrement. Qu'est-ce qui le met si mal à l'aise, bon sang ?! Ça la démange presque de lui poser la question, cinglante. Mais elle voit bien qu'il est assez gêné comme ça.

Pourtant, c'est plus fort qu'elle. Elle ne tient pas longtemps dans ce silence imposé. Elle n'aime pas les trop longs silences, de toute façon. Elle finit par lui demander ce qui ne va pas. Mais il ne lui permet pas, la devançant sans doute. A-t-il lu dans ses pensées ?

— Je... tenais à m'excuser d'avoir été sans doute un peu sec avec vous tout à l'heure. Ce... Ce n'était pas vraiment voulu.

Elle lui jette un regard surpris qu'il ne remarque pas, mirant sa tasse de thé fumante.

Elle ne lui répond pas, attendant qu'il s'explique, ce qu'il ne fait pas. Pas tout de suite. Car il ne reste pas muet pour autant. Hésitant et gêné, mais pas muet. C'est déjà ça, pense-t-elle.

— Je n'ai pas pour habitude de côtoyer les hommes. Alors, je ne sais plus très bien comment... Euh...

— Comment vous comporter, finit-elle pour lui.