Chapitre 15

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Elle le retrouve devant la faculté, emmitouflé dans son long manteau sombre, son écharpe serrée autour de son cou. Le vent s'est levé et le froid s'est accentué. Elle se dépêche de se réfugier contre lui et il la serre dans ses bras.

Elle est bien contente d'avoir terminé ses cours pour passer le reste de la journée avec lui. Elle veut oublier Wilber et leur maudite histoire. Elle veut passer à autre chose. Et recommencer à ressentir cette chaleur bienvenue.

Elle a envie d'aller plus loin dans la relation qu'elle entretient avec Duncan. Elle veut lui donner sa chance et laisser de côté son appréhension. Elle a déjà tant aimé leurs timides baisers et glisser sa main dans la sienne.

Tandis qu'ils prennent la direction de son appartement, elle songe avec appétit à ce qu'il a prévu de lui préparer. Que lui a-t-il concocté ? Elle voudrait lui demander, mais sait ce qu'il lui répondrait : « ce ne serait plus une surprise si je te le disais ».

Elle a bien remarqué le petit sac qu'il tient à la main. Mais il ne lui permet pas de voir ce qu'il contient. Elle a beau lui faire son regard de chaton, il n'a qu'un sourire en coin pour toute réponse.

Alors à peine le seuil de sa porte franchie, elle ne peut plus résister davantage. La curiosité est bien l'un de ses plus beaux défauts. Et elle n'est pas la seule. Réglisse est de la partie. Il renifle le sac, avide de savoir ce qui s'y trouve.

Mais Duncan ne leur en laisse pas le loisir. Il s'empresse de s'occupe du repas tandis que Kaliska se met à l'aise. Elle aurait voulu prendre une douche mais les odeurs de cuisson qui lui parviennent alors l'en dissuadent.

Elle s'installe à la table et observe le mage s'affairer. Réglisse à ses pieds semble attendre qu'un morceau s'égare pour le croquer.

— Qu'est que tu nous prépare de bon ?

— À toi de deviner.

— Ah non ! Je veux savoir ! Ça sent si bon.

— Du poulet au curry, se moque-t-il de sa curiosité enfantine.

— Ça donne faim.

— Tu n'es pas la seule. Notre ami à quatre pattes semble déjà se lécher les babines.

Kaliska se lève pour venir prendre le jeune chat dans ses bras.

— Ne le fais pas râler. Regarde comme il te supplie.

Le jeune homme éclate de rire.

— Je ne l'ai pas oublié. Il aura sa part, mais en même temps que tout le monde, expliqua-t-il avec humour en croisant le regard du chat.

Le jeune félin miaule et s'assoit alors à côté de lui en patientant. Il semble avoir compris que Duncan ne ment pas.

Le repas prêt, ils mangent sans s'adresser un mot. Le jeune magicien prend ce silence pour un compliment vis-à-vis de sa cuisine. Finalement, il n'est peut-être pas si mauvais aux fourneaux qu'il le pense.

Elle a sorti une bouteille de vin pour accompagner le plat. Un Bordeaux aux arômes de fruits rouges qui passe agréablement sur la langue. Un petit plus qu'il ne regrette pas. Le breuvage n'est pas millésimé mais il est délicieux. Un rien fruité, sans amertume. Et Duncan n'a pas pu s'empêcher d'admirer sa robe violine au parfum délicat.

Kaliska le félicite : elle se régale de son petit plat. Ça lui fait énormément plaisir qu'il cuisine pour elle ainsi. Et Réglisse l'informe qu'elle n'est pas la seule à avoir les papilles en extases.

Elle croise son regard alors qu'ils débarrassent et y voit une lueur qu'il n'adresse qu'à elle. Elle se sent rougir et baisse les yeux, timide. Il lui prend alors les assiettes des mains et les pose dans l'évier.

Glissant un doigt sous son menton, il relève doucement son visage et l'observe. Il a un sourire tendre et elle sait qu'elle s'empourpre plus encore. Elle n'arrive pas à lâcher du regard ses yeux d'un bleu électrique. Elle est comme ensorcelée par cet homme.

Il approche doucement son visage du sien et pose ses lèvres contre les siennes en un baiser sucré. Elle ne peut qu'y répondre. Elle sent sa langue chaude s'immiscer dans sa bouche, se glisser entre ses dents et venir chercher la sienne.

Elle passe instinctivement ses mains autour de sa nuque et se laisse aller à l'embrasser. Il est loin le temps où ils s'échangeaient un timide baiser : celui-ci est bien plus langoureux, plus osé. Leur langue joue une danse connue d'eux seuls.

Il fait courir ses mains sur ses hanches et l'enserre doucement contre lui. Il a tant retenu cette envie de la prendre dans ses bras, de lui montrer combien il l'aime. Il n'a pas eu le cran de lui avouer ses sentiments, de le lui dire de vive voix, mais il le sait.

Au fond, tout au fond de lui, il sent que quelque chose a changé. Il ne s'est jamais senti seul, non ce n'est pas tout à fait cela. Mais il a le sentiment d'avoir trouvé ce qui lui manquait depuis longtemps.

Le souffle de la jeune femme s'accélère et celui du mage se cale sur le sien. Il sent que les choses vont déraper et s'écarte une seconde, gêné :

— Kaliska, je veux que tu le veuilles toi aussi.

Pour toute réponse, elle reprend ses lèvres en y collant les siennes.

Le Clan du Loup - Tome 2 : Le Croc du LoupWhere stories live. Discover now