Le Clan du Loup - Tome 2 : Le Croc du Loup

Chapitre 20

Elle réussit à le ramener chez elle peu après la mort de Wilber. Ce décès ne lui a étrangement fait ni chaud ni froid. Elle a seulement craint que le fauve ne se retourne contre elle une fois son festin terminé.

Mais la conscience de Duncan a repris le pas sur l'instinct du chasseur et il ne l'a pas attaqué, pour son plus grand soulagement. Seulement, il ne revient toujours pas de ce qu'il a fait.

Il sait que l'étudiant aux épaisses lunettes ne l'a pas volé, mais il ne méritait peut-être pas de mourir. Du moins pas ainsi. Il a retrouvé son apparence humaine sans s'en rendre vraiment compte, dans cette impasse oubliée au fond d'une ruelle.

Nu et tremblant, il est resté agenouillé dans la neige fondue, devant la dépouille de Wilber, cherchant à comprendre comment il en est arrivé là. Il n'aurait jamais dû se laisser gagner par l'ivresse de la chasse. Offrir une correction digne de ce nom, oui. Mais pas aller jusqu'au meurtre.

Ce n'est que lorsque Kaliska pose son manteau sur ses épaules qu'il sort de ses pensées. Elle le remercie simplement, sans rien dire de plus. Que peut-elle dire après ça ? Elle prend alors sa main pour le guider vers la sortie et il se sent soulagé.

Ils regagnent l'appartement en silence. Elle lui suggère de prendre une douche et il ne sait pas s'y refuser. L'eau chaude a pour effet de détendre ses muscles et de lui vider la tête.

Non pas qu'avoir tué Wilber le fasse grandement culpabiliser, mais il a le sentiment d'avoir bafoué ses principes. Il a volé une vie, simplement par colère. Ce n'est pas digne de ce qu'il a appris auprès du clan. Il s'en veut tellement...

Mais à y réfléchir, il entend presque Akira le rassurer en lui expliquant qu'il a simplement répondu à l'affront. Tel un Loup, il a voulu défendre l'honneur de sa compagne. Y a-t-il vraiment quelque chose de mal en cela ?

En retrouvant Kaliska dans le petit salon, il est accueilli par une tasse de thé chaude. La boire lui fait du bien. La jeune femme vient se mucher dans ses bras et il y trouve du réconfort. Il la serre contre lui et glisse ses mains dans ses épais cheveux clairs.

Elle n'a rien dit de ce qu'il a fait quelques instants plus tôt. Il craint qu'elle ne le prenne pour un monstre. Pourtant, au vu de son comportement à son égard, cela laisse supposer que non. Ça le rassure. Il ne souhaite pas qu'elle puisse avoir peur de lui.

Elle se redresse et vient croiser son regard, comme si elle avait lu en ses pensées. Il n'a pas le temps de dire quoi que ce soit, elle a déjà posé son doigt sur ses lèvres.

— Ne crois pas que tu es un monstre, Duncan. Tu cherchais simplement à me défendre. Il n'y a pas de mal à ça.

— Mais je l'ai quand même...

— Tué ? coupe-t-elle. Oui, et alors ? Ne l'a-t-il pas cherché après tout ?

— Si mais...

— Il n'y a pas de « mais » qui tienne. Je sais ce que tu penses, mais enlèves-toi ça de la tête tout de suite. Je ne veux pas te voir ruminer tes idées noires. Surtout pour ça. Wilber était un imbécile vaniteux, il a eu ce qu'il cherchait. Tu ne crois pas ?

— Tu dois avoir raison.

Elle lui adresse un sourire tendre et espiègle à la fois.

— Merci, dit-elle simplement.

Il ne sait pas pourquoi elle le remercie vraiment mais les lèvres qu'elle vient poser sur les siennes sont si douces qu'il ne cherche pas davantage à comprendre.

Ce qui est fait est fait. On ne peut pas revenir en arrière. Même avec les pouvoirs les plus puissants. Et puis, il ne le veut pas. Il ne regrette pas vraiment son acte. Il a agi selon son instinct et il en est quelque peu fier.