Chapitre quatorze : Mila

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Ça va faire plusieurs jours que l'on est rentré à New York. Nate me séquestre dans ce nouvel appartement beaucoup trop grand. Ma chambre doit faire la taille de mon ancien salon mais c'est agréable. Eryne est à l'étage du dessus et Luka habite en face. Je préfère me dire que c'est dû au hasard et que rien n'est calculé.

Maya est en déplacement alors je peux me balader en short et soutien-gorge dans tout l'appartement librement. J'attrape mon café et m'installe dans le canapé face à la cheminée. Je ne comprends toujours pas pourquoi ils m'ont fait déménager dans cet appartement mais ils ne demandent aucune facture, si ce n'est un règlement de deux milles dollars par moi, ce qui n'est clairement pas énorme pour le lieu et au vue de la paie qu'ils nous versent.

J'attrape le recueil de Paul Verlaine, Romances sans paroles que je suis allée acheter en français hier soir. Je n'en reviens pas que ivre j'arrive à parler français alors qu'il me manque énormément de base sur la langue.

Quelqu'un frappe à la porte. J'attrape le plaid et m'enroule dedans. C'est toujours mieux que se montrer en soutien-gorge. J'espère que ce n'est pas Nate. Il m'a déjà vue en sous-vêtements, c'est assez humiliant comme ça.

Lorsque j'ouvre la porte, je la ferme immédiatement mais il arrive à caler son pied pour la bloquer.

- Tu m'offusques Heidelberg.

- Casse-toi, L.A.

- L.A ? Tu as fait des recherches ? Tu sembles indécise sur mon surnom.

Ok, j'ai peut-être fait des recherches sur son passé. Je le laisse entrer de tout façon, il entrera s'il veut. Je m'installe dans le canapé pendant qu'il fait comme chez lui et se dirige vers la cuisine.

- Comment tu fais pour boire cette merde ? Moi qui venait chercher du café, je vais plutôt aller m'en acheter un.

- C'est ça, casse-toi.

- Il fait super chaud chez toi. Tu vis en équateur ?

- Je fais en sorte que tu ne viennes pas.

- Dommage, j'aime bien quand il fait chaud.

J'attrape mon livre, ignore tous ses commentaires sur l'appartement. Il peut dire ce qu'il veut, je m'en fous. Il se plante en face de moi, enlève son tee-shirt et s'installe dans le fauteuil. Mais qu'est-ce qu'il fout à se mettre torse nu ? Je suis obligée de serrer les cuisses. Je suis carrément en manque à ce stade et savoir comment est le sexe avec lui ne m'aide vraiment pas. Il se penche, m'arrache le livre des mains et entreprend la lecture à voix haute.

- Les roses étaient toutes rouges, Et les lierres étaient tout noirs, Chères, pour peu que tu te bouges, Renaissent tous mes désespoirs.

- Arrête !

- Pourquoi ? Tu vas te mettre à pleurer ? Dis-moi, tu as peur d'être aimé, ou tu attends de l'être ?

- Aucun. Rends-moi mon livre.

- Le ciel était trop bleu, trop tendre, La mer trop verte et l'air trop doux. Je crains toujours, - ce qu'est d'attendre ! - Quelque fuite atroce de vous.

- Henders !

- Tu as peur que l'on se sépare définitivement ? C'est ce que soulève le poème, Heidelberg. Un départ précipité et sans justification.

Je me lève furieuse et cherche à attraper le livre mais il est plus rapide. Il attrape ma main libre alors que l'autre maintient le plaid sur mes épaules.

- Du houx à la feuille vernie, Et du luisant buis je suis las, Et de la campagne infinie, Et de tout, fors de vous, hélas !

- C'est bon, tu es content ?

[L.3] LOVE & POETRYWhere stories live. Discover now