Chapitre vingt-cinq : Mila

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Pourquoi Henders n'a pas tiré ? Pourquoi il s'est laissé frapper ? Où est-il ? Que fait-il ? Est-ce qu'il va venir ? Est-ce qu'il est en sécurité ?

    Je tourne en rond dans cette chambre depuis plusieurs heures. Il ne reste plus aucun élément de décoration. J'ai tout envoyé valser. Personne n'est venu. Personne n'est apparu. Ils m'ont droguée, kidnappée, aveuglée. Je n'étais qu'un pantin. J'ai reconnu sa voix. J'ai essayé de lui poser des questions mais je n'ai jamais eu de réponse.

    Mes pieds écrasent un peu plus le verre pilé au sol. C'est un véritable carnage. Je n'ai pas mangé depuis plus de vingt-quatre heures mais je ne sens pas le manque, la fatigue, la douleur ou l'envie de faire autre chose que de retourner cette maison. Je veux la saccager et y mettre le feu. Personne ne me traite comme ça. Personne n'a le droit de poser la main sur moi sans mon consentement. Je suis une femme forte, libre, indépendante. Je n'appartiens plus à personne. Si Oskar se pointe, je lui brandirai les papiers du divorce. Si Diego se pointe, je préfère encore mourir que le rejoindre. Lui et son cartel de drogués. Je ne ferai pas sa mule, sa livreuse ou sa femme. Je ne serai pas celle qui l'aide mais celle qui le plonge. Il mérite de chavirer, plonger, s'enfoncer, se noyer, couler. Il ne mérite rien de ma part. J'attrape un cadre. Le seul et l'unique qui reste et le jette contre le mur. Il se brise contre l'unique habit qui m'est proposé. Une putain de robe blanche. Simple, un liseré en dentelle, longue, resserré au niveau de la ceinture. Hors de question que je porte une robe blanche. Je n'en ai jamais porté et je n'en porterai jamais. Je ne serai pas sa femme, sa propriété, son esclave. Je lui tendrai mon majeur au lieu de l'annulaire.

- Va te faire foutre Diego !


    Diego, Oskar, Nate, Peter, Henders. Que des hommes. Tous des connards. Ils se servent de vous comme un produit de consommation. Quand on n'en a plus besoin, on le jette, le met de côté et l'oublie. Je ne suis pas bonne qu'à la consommation. Je ne suis pas un rail de coke, un cristal meth, un cachet d'opioïde ou une putain de seringue. Qu'ils aillent se faire foutre avec leur drogue.

    La porte s'ouvre à la volée sur un homme. Jean noir, tee-shirt vert kaki, basket noir, épaules carrées, mâchoire serrée, mains fortes qui me plaquent contre le mur. Il vibre sous l'impact. Je souris. Qu'il me tue s'il le veut. Je rejoindrai Ashley. Je n'aurai plus à subir les humeurs de tous les connards de la terre dont celui-là est en train de s'ajouter à la liste. Je souris comme si j'étais heureuse de faire sa connaissance et j'en rajoute.

- Comment vous vous appelez ? Personnellement, c'est Adriana, Mila ou Julia. Enchantée de faire votre connaissance.


    Il resserre l'emprise autour de ma gorge. S'il savait ce con que ce geste m'est familier. Henders n'avait pas tort. Oskar me maltraitait mais il me protégeait. Ça valait bien quelques sacrifices. Un échange de bons procédés et ce n'est pas comme si l'indifférence était nouvelle pour moi. Mon père est le roi des indifférents. Dans la famille Madera, je demande Esteban l'indifférent. Puis Diego le possessif. Gagné !

- Range ta chambre.

- Volontier mais pour celà, il faudrait me libérer, un balai, une balayette et... un miracle. Cette chambre restera dans cet état.


    Il me relâche. Mes mains se portent à ma gorge par réflexe. Connard X semble vouloir me faire chier longtemps.

- Douche-toi, Diego veut te voir.


    Il commence à partir mais je le retiens par un raclement de gorge.

- Qu'est-ce que tu veux l'emmerdeuse ?

- Bien trouvé. Je l'accepte et je me donnerai les moyens d'être à la hauteur de ce nouveau nom. En l'occurence, je ne me doucherai pas et ne me changerai pas tant qu'il n'y aura pas autre chose que du blanc à porter.


[L.3] LOVE & POETRYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant