Chapitre dix-huit : Oskar

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Avant toi, je n'étais rien et tu m'as prouvé que je pouvais être quelqu'un. Je n'avais pas grand chose à t'offrir. Un monde bancal dans lequel la fuite est le chemin de l'école. Mon monde peut s'effondrer d'une minute à l'autre. J'avais un cœur à donner, à te donner. Je t'ai aimé comme jamais je n'avais aimé une femme. J'ai envisagé un avenir dans tes bras, à tes côtés. Un avenir où l'on souriait et où l'on serait heureux. Mais mon monde est bancal dans lequel la fuite est le chemin de l'école. J'avais un corps à te montrer, celui qui n'a pas été aimé, blessé. J'avais des mots qui ne demandait qu'à sortir pour t'expliquer combien je t'acceptais, je t'aimais et je te protégeais. Mais mes mots étaient aussi des cailloux et les cailloux blessent. Je t'ai blessé et je n'attends plus ton pardon. Mais mon monde est bancal dans lequel la fuite est le chemin de l'école. Aujourd'hui je n'ai plus grand chose à t'offrir, si ce n'est un avenir heureux dans des bras qui ne sont plus les miens.

Dix ans plus tôt

Luis et Jan m'ont embarqué dans leur roadtrip espagnol. Des allemands en Espagne. Je ne peux m'empêcher de sourire quand je repense aux françaises que l'on a croisé sur la plage. L'une d'elle nous a demandé où étaient nos chaussettes et nos sandales. J'ai éclaté d'un rire franc pendant que Luis lui répondait qu'il ne mettrait jamais ces horreurs. Tu parles, ses parents se baladent en claquettes chaussettes.

- Bon, on sort ce soir. Il y a un bar avec des danseuses dans le barrio gótico.

Luis alias le mec qui ne pense qu'à baiser des femmes blondes, minces et intelligentes. Le connard de première. Cependant, il peut aussi être très sympa, cordial et gentil avec les femmes mais dès qu'il estime qu'une femme est dans ses critères, il ne pense plus qu'avec sa bite. Le plus drôle reste de le voir se faire refouler par les filles. Il est mignon mais beaucoup trop con quand il met son cerveau en pause.

Jan est plutôt l'intello discret du trio. Lui, c'est l'inverse. Il ne va vers aucune fille, ne parle à personne sauf si on vient vers lui. Il est encore mal à l'aise à l'idée de parler avec des gens mais ça viendra. J'en suis certain. Il suffit juste de le mettre en confiance.

Jan est plutôt du genre jean, tee-shirt légèrement trop grand et introverti. Il passe sa main ses cheveux quarante-fois par minute mais on s'éclate bien et il faut bien que quelqu'un protège notre hackeur. Je connais Jan depuis le collège et Luis depuis... cette année. Il faut dire que peu de mercenaires débutent aussi jeune. Au début, on est censé rejoindre un gang, acquérir de l'expérience et du savoir puis après le gang explose et vous êtes seuls. Vous n'allez pas en rejoindre un autre parce que travailler seul c'est votre came. Mais j'ai choisi de me lancer. Le milieu, je le connais. Mes parents ont explosé, je me suis donc lancé seul. Mes parents étaient mon gang.

- Jan, tu ne veux pas mettre autre chose que ce tee-shirt avec écrit "I Had a stream" ?

- Je l'aime bien et il est confortable.

Luis laisse tomber. De toute façon avec Jan il ne faut pas chercher. Il a toujours été comme ça même s'il a mis des années à comprendre les blagues et qu'il faut encore les lui expliquer, on en a rien à foutre. Il est notre Jan international et si quelqu'un le touche, je le bute. C'est aussi simple qu'un bonjour.

Luis me regarde, soupire, lève les yeux au ciel. Il ne prend même plus le temps de faire un commentaire sur le fait que je porte toujours la même chose contrairement à lui qui met une chemise pour sortir le soir et c'est à peine s'il met un tee-shirt le jour. Je ne vous raconte pas la fois où on a réussi à l'emmener dans la Sagrada Familia. J'ai cru qu'il allait tenter le coup avec toutes les femmes présentes dans la basilique.

Une fois dehors, je sors une cigarette, prends soin de m'éloigner de Jan pour éviter une énième remarque sur le fait que fumer tue et le laisse discuter ou plutôt écouter Luis et ses plans foireux. Il est déjà plus de minuit. Le temps passe à une vitesse quand on est en vacances. Vacances... c'est un bien grand mot quand j'ai dû me lever aux aurores hier matin pour aller tuer un type qui faisait son jogging. Bref, ma mission est finie, j'ai touché l'argent, je peux dormir sur mes deux oreilles.

[L.3] LOVE & POETRYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant