Chapitre dix-sept : Mila

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Quand je me réveille, je m'empresse de regarder l'heure : vingt heures dix-sept. J'ai dormi beaucoup trop longtemps. J'aurais dû travailler, j'avais une tonne de chose à faire et je n'ai rien fait. Je regarde autour de moi mais Henders n'est plus là. Je tends l'oreille mais je n'entends rien par contre ça sent divinement bon. Je continue mon inspection de sa chambre et observe le recueil de Guillaume Apollinaire sur sa table de chevet. Je souris et m'en empare. C'est l'ouvrage "poèmes à Lou". Je m'assois et commence à lire les pages... qu'il a annoté. Je ne peux m'empêcher de sourire en voyant ça. Je suis au niveau du poème IX et je suis plus concentrée sur ce qu'il a écrit au crayon de papier sur la page que sur le poème. Après le premier vers "Je veux te parler maintenant de l'Amour" Henders a écrit "clarifie la situation". Ensuite on peut voir qu'il a séparé le poème en deux par un trait. Au-dessus du trait il est inscrit "célèbre la femme aimé" alors que sous le trait je peux lire "reproches". Puis après les vers "Comme est mort l'ancien roman / De nos fausses amours passées" il y a une flèche avec écrit "rancoeur". Il fait l'analyse du poème.

- Qu'est-ce qui te fait sourire ?

Je lève la tête, le sourire toujours aux lèvres. Il sort de la douche et porte une serviette autour de la taille. On a déjà dit qu'un homme qui sort de la douche n'est pas attirant ? Parce que celui qui dit ça ment clairement.

- Rien. Comment va ton épaule ?

- Tu comptes me le demander à chaque fois que tu en as l'occasion ?

- Peut-être bien.

- Dans ce cas arrête de parler et contente-toi de lire.

- De lire tes annotations...

Il ne semble pas du tout contrarié. Je repose le livre sur la table de nuit sans le quitter des yeux. A vrai dire, je préfère le regarder. A part le nom de Alba inscrit sur sa clavicule, je n'ai jamais vraiment prêté attention aux détails. Il ne bouge pas alors je continue de le regarder. Sur son bras il y a un texte écrit. Il est sacrément long. Il part de son épaule et descend jusqu'à son poignet en s'enroulant autour de son bras.

- Tu me laisses le lire ?

- Ça se négocie...

- Comment ?

- Je veux m'envoyer en l'air.

- Va s'y, je t'en prie. Tu as le feu vert.

- Avec toi.

- Non.

C'est quoi ce bordel qu'il est en train de semer ? Il n'y a rien entre nous et il ne doit rien y avoir. Je n'aurai même pas dû venir tout à l'heure. Est-ce qu'on a dormi ensemble ? Est-ce que j'ai dormi dans ses bras ? Non. Non. Non. Non. Ce n'est pas possible.

- Henders, on avait un deal.

- Que l'on a dépassé. Je suppose que le fait de savoir où l'on s'est vu la première fois ne t'intéresse plus.

- Non. J'ai fini par trouver.

- Ça ne te manque pas de t'envoyer en l'air ?

Est-ce que je dois mentir ou me taire à jamais ? Parce que je suis carrément en manque surtout quand c'est Henders. C'est beaucoup trop bon. La paradis à côté, c'est le jardin d'enfants. Je n'arrive pas à quitter son torse du regard. Je ne peux pas nier que j'ai envie de le toucher, de le sentir contre moi. Sans vraiment que je m'en rende compte, il s'est approché. Puis il s'allonge sur le lit, sur le dos.

- Touche.

- Non.

- Tu en meurs d'envie.

Oui. J'ai l'impression d'être un alcoolique en manque. Je suis accro, il me faut ma dose mais est-ce que ma dose s'appelle forcément Henders ? Il n'a plus sa main en écharpe et même si je devine que chaque mouvement est douloureux il passe une mèche derrière mes cheveux.

[L.3] LOVE & POETRYWhere stories live. Discover now