𝕯𝖆𝖒𝖊 𝖉𝖊 𝖈𝖔𝖊𝖚𝖗

8. 𝕾𝖔𝖚𝖋𝖋𝖑𝖊

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PDV IREN

Une boule dans mon ventre se forma lorsque mon père m'interpella avant que je puisse sortir de cette maison. Nous avons fini de dîner il y a plus de trente minutes, mais leurs discussions entre familles ont duré plus longtemps que d'habitude. Je pouvais entendre ses pas venir vers moi, mon frère était devant la porte d'entrée me regardant droit dans les yeux. Je secouais ma main pour lui dire de partir, bien que son regard me fît comprendre qu'il n'en avait pas l'intention. Eien m'écouta, se dirigeant vers sa voiture.

Je me tournais vers mon père qui était à présent à moins d'un mètre de moi, son regard était toujours aussi neutre envers mon égard. Ses yeux noirs me terrifiaient constamment, malgré les nombreuses fois que j'ai dû les affronter. Ma mère avait disparu, je la cherchais du regard, mais elle avait bel et bien pris la fuite. Il n'y avait que moi et lui, seul dans cette immense maison qui refermait mes douleurs les plus dures à soigner.

— Tu as oublié de me rendre ton rapport de ta mission. Me dit-il en s'approchant un peu plus de moi.

Par réflexe mon corps recula pour garder une distance raisonnable entre nous, le simple fait d'être seule avec lui me met dans un état de méfiance absolu, même si son intention est totalement professionnelle, un mouvement de ma part peut rendre cette discussion en un vrai carnage.

— Monsieur Benveti m'a ordonné de lui rendre ce matin, mais je peux le réimprimer pour que tu puisses l'avoir si tu le souhaites. Répliquais-je complètement stoïque.

Mon père lâcha un faible soupir avant de marmonner quelque chose si bas que je n'ai pu le comprendre, son regard neutre est à présent agacé, j'aurais peut-être dû le lui rendre en premier. Une chose était sûre, c'est qu'il n'a aucune raison d'être en colère contre moi, mon rôle est d'exécuter les ordres et non de les changer en fonction de mon père. Et il le savait mieux que tout le monde.

— Pourquoi ne m'as-tu pas rendu le deuxième exemplaire si tu comptais le faire ?

— J'étais prise au dépourvu avec Eien qui souhaitait que je lui décolore ses cheveux, je peux te le ramener dans une heure sinon. Ajoutais-je automatiquement.

La peur avait pris possession de mon corps et mon esprit était trop fatigué pour que je puisse gérer cette sensation. Les battements de mon cœur me faisaient si mal que j'espérais qu'il s'arrête pendant un petit instant pour me reposer. Je me devais de rester neutre, sans aucune émotion, comme il me l'a si bien enseigné depuis mes huit ans.

FLASHBACK

12 ans en arrière

— Garde un visage fermé, ne souris pas, ne laisse pas tes émotions contrôler ton corps et ton esprit. Ressens ne serait-ce qu'une seule émotion et ton visage se retrouvera dans cette eau glacée, tiens-toi droite et garde tes bras le long de ton corps. Regarde devant toi et ne bouge plus

Un coup de feu, deux coups, trois coups, quatre coups...

À chaque fois que les sons des balles sortaient de son arme, les balles se trouvaient de plus en plus près. Mon regard était posé sur le sien qui était à plusieurs mètres de moi. La règle du jour était de se contrôler, d'apprendre à ne pas fléchir devant la peur. Mes yeux regardaient à présent les balles se rapprochant de moi avant qu'un autre coup retentisse, la balle était à quelques centimètres de mon visage. Par réflexe mon corps bougea, ce qui causa la colère de mon père.