35 - Ysée

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Nous sommes dimanche. Lorsque j'ouvre les yeux, la lumière traverse les rideaux de la chambre ce qui me fait comprendre qu'il est déjà tard. Je déteste faire la grasse-matinée, j'ai l'impression de perdre mon temps, mais visiblement j'en avais besoin. Je regarde à côté de moi, le lit est vide. Blanche et Léandre m'ont laissés dormir.
Je me lève et m'étire avant de filer dans la salle de bain pour prendre ma douche. Je m'habille, descends les escaliers, et vais dans la cuisine. C'est là que je trouve Blanche. Elle est debout, nue, sur la pointe des pieds, des pinces accrochées à ses tétons, le visage déformé par la douleur et la concentration. Ses bras sont tendus devant elle et tiennent deux paquets de farine. Je l'observe en essayant de comprendre ce comportement, lorsqu'une violente douleur me mord les fesses.
Je pousse un cri et fais volte face. Léandre est face à moi. Évidemment. Une canne en bambou dans la main et un air sérieux sur le visage.

-Bonjour Maître, m'empressé-je de dire.
-Hum. Tu as pris ton temps sous la douche...
-Euh... oui je...
-Dommage pour Blanche. Elle a du rester dans cette position depuis que nous avons entendu l'eau se déclencher.

Il tourne alors son visage vers Blanche:

-Tu peux lâcher.

Aussitôt elle lâche les sacs de farine qui s'écrasent sur le sol dans un nuage blanc et elle tombe à genoux, elle qui ne pouvait visiblement plus tenir sur la pointe des pieds.

-Il serait injuste que tu ne souffres pas un petit peu toi aussi. D'autant que cela fait bien longtemps que nous n'avons pas fait de discipline. Qu'en dis-tu chère Ysée?

Je ne sais pas ce qu'il me réserve, mais ce n'est pas comme si j'avais le choix de ma réponse de toute façon:

-Si vous le souhaitez Maître. Je suis à vos ordres vous le savez bien...
-Qu'est-ce que tu fais encore debout?

Aussitôt je me mets à genoux, mains sur les cuisses, bouche ouverte et langue tirée.
Il pose sa canne sur mon menton pour me faire comprendre de refermer la mâchoire, ce que je fais.

-Tu ne vas pas avoir besoin de baver partout aujourd'hui...

Il part dans le salon une seconde avant de revoir, une très fine règle en bois carrée dans la main. Il la pose sur le sol devant moi.

-J'ai un coup de fil à passer. Tant que je n'ai pas raccroché, tu devras rester à genoux sur cette règle. Blanche, donne-lui les sacs de farine.

Celle-ci s'exécute.

-Et tu devras tenir ces paquets exactement comme Blanche le faisait quand tu arrivais. Les bras bien tendus. Je ne vais pas articuler de menace au cas où tu lâcherais, parce que je sais que tu tiendras. Ne me déçois pas Ysée.

Je hoche la tête, à la fois apeurée de la douleur qui m'attend et motivée à obéir.

-Allez, en place.

Je monte à genoux sur la règle en bois, et la douleur me prend immédiatement. Je tends les bras devant moi, un sac de farine dans chaque main, et le regard devant moi, respirant doucement. Pour vu que ce coup de fil soit court!

Lorsque la position semble lui convenir, Léandre attrape son téléphone dans sa poche et clique sur son écran avant de le poser contre son oreille, sa canne en bambou toujours dans l'autre main, et Blanche à genoux à côté de nous.

Au bout de quelques secondes il ouvre enfin la bouche.

-Bonjour Séraphine. Tu m'as envoyé un message, ne trouves-tu pas qu'il est plus simple que je réponde à tes question de vive voix?

Oh non...
L'appel va être long...

Menottes et Panache (en pause) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant