Menottes et Panache (en pause)

37 - Séraphine

Moi qui n'ai jamais eu peur de me rendre directement chez un homme rencontré sur internet, je dois bien avouer que je regrette finalement d'avoir eu cette idée, et ce même si j'ai déjà rencontré Léandre.
J'aime aller chez les hommes pour pouvoir fuir immédiatement après le sexe, et ne pas perdre de temps avant avec du blabla inutile. Mais aujourd'hui c'est différent: j'ai rendez-vous chez Léandre, avec lui... et ses deux « compagnes ».
Mais quelle idée qu'elle idée?!! Je suis folle, je ne vois pas d'autre solution!
Lors de notre appel il y a quelques jours, il m'a fait comprendre qu'il allait être essentiel que je rencontre ces deux femmes, puisqu'ils sont tous les trois une entité et ne peuvent être pris les uns sans les autres. Autrement dit, sois je le prends lui, avec elles, sois je ne prends personne.
Très honnêtement, même si elles n'étaient pas en jeu je ne suis même pas certaine que je le voudrais lui. Il a quelque chose que j'aime en lui c'est vrai, je pense bien trop souvent à lui à mon goût et j'ai toujours atrocement envie qu'il me prenne, sans compter que la lecture de ce petit contrat m'a vraiment donné envie de tester certaines choses... Néanmoins je ne veux pas que cela devienne une habitude. Et puis il est beaucoup trop sûr de lui, ça m'agace.
Et maintenant qu'il y a ces deux femmes, sachant que je me sais hétéro (à mon grand regret) je ne pense pas que quoi que soit sera possible entre nous quatre.

Et pourtant... pourtant c'est moi qui ai proposé de venir chez eux pour les rencontrer et discuter tous ensemble. Je ne comprends meme pas pourquoi j'ai eu cette idée et surtout pourquoi elle a franchi mes lèvres. Quoi qu'il en soit, Léandre a accepté ma proposition, m'a donné leur adresse et m'a imposé une date de rendez-vous sans me demander mon avis.
Et aujourd'hui me voilà devant leur porte...
Sont-ce des tueurs en séries qui attendent que je franchisse le seuil pour m'éventrer?!
Est ce que c'est une femme habillée tout en cuire rouge et noir qui va m'ouvrir accompagnée d'une seconde en soubrette? Il y a des fouets et des martinets accrochés partout au mur et des crochets de bouchers au plafond?!
Putain faut que j'arrête de penser, je vais me faire pipi dessus de peur.
D'ailleurs... j'ai vraiment envie de faire pipi. J'aurais du y aller avant de partir de chez moi espèce d'idiote...

Je suis devant la porte mais je ne frappe pas, je flippe trop. Putain mais pourquoi je suis venue?!

Je recule d'un pas. Je veux partir. Je n'ai pas le courage. Tant pis, j'enverrai un message à Léandre pour lui dire que j'ai eu un imprévu, et sûrement qu'il me bloquera, ou c'est moi qui le bloquerai. Mais seule face à trois presque inconnus et dans un lieu qui est le leur, c'est finalement au dessus de mes forces. Et mon dieu que j'ai envie de faire pipi... ça m'empêche même de réfléchir. Une seule idée fuse dans mon esprit: je dois me barrer.

Je recule encore d'un pas sans quitter la porte des yeux, le cœur palpitant, les mains tremblantes et la vessie au bord de l'implosion.
Je recule, mais mon pied gauche ne trouve alors que le vide. J'ai oublié les deux marches du perron... et lorsqu'elles me reviennent en mémoire je suis déjà en train de chuter en arrière. Je veux me rattraper à n'importe quoi mais il n'y a absolument rien à quoi me retenir, alors je fais la seule chose que mon corps a l'instinct: je pousse un cri strident. Un cri ridicule et aiguë, avant de m'effondrer deux marches plus bas sur les fesses. Je sens une goutte dans ma culotte et contracte de toutes mes forces mon périnée pour ne pas que ma vessie se déverse complètement sur moi. Ce n'est qu'après que je réalise la douleur de ma chute, et devant moi, la porte ouverte et Léandre dans le cadran, en train de me fixer.