40 - Ysée

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-Quel âge as-tu?

Je ne m'attendais pas à cette question si durement posée de la part de cette femme qui paraissait qu'il y a quelques instants encore au bord de l'évanouissement dû au stress. Léandre non plus visiblement ne s'y attendait pas, et Blanche encore moins. Elle a pâli brusquement et fixe la nouvelle venue, ses mains fermées sur son verre comme un bouclier entre elles deux. Elle reste muette, figée, alors je prends les devants:

-Elle a dix-neuf ans.

La rouquine me foudroie alors du regard:

-C'est elle que je veux entendre.

Sa voix est cinglante, faisant trembler Blanche de plus belle. La colère monte aussitôt en moi, pour qui se prend t'elle pour me parler sur ce ton, et pour terroriser Blanche ainsi?
Je fais un pas en avant, prête à en découdre, mais Léandre m'arrête en mettant sa main devant moi. Il a l'air tout à fait calme... de toute façon il ne s'énerve jamais. Il regarde cette Séraphine quelques instants, puis tourne son visage vers Blanche et dit d'une voix douce mais ferme:

-Réponds lui.

Aussitôt elle relève le menton, toujours apeurée mais néanmoins obéissante:

-J'ai dix-neuf ans.

Aussitôt, la femme semble se détendre un peu, ses doigts sont moins crispés sur son verre de vin. Mais elle ne lâche pas Blanche du regard:

-Tu... es... consentante à tout ce qui se passe ici?

Cette fois elle n'a pas besoin que Léandre lui dise de répondre, elle clame, en venant s'accrocher au bras de ce dernier:

-Oui! J'ai donné mon consentement à Maître il y a un an, et chaque jour je le remercie d'avoir accepté ma demande de devenir son esclave!

Un sentiment que je n'arrive pas à définir passe sur le visage de Séraphine. Elle fait un pas vers Blanche, comme si nous n'existions plus Léandre et moi.

-Tu es sure que tu vas bien? Tu as besoin d'aide? Tu as l'air tellement... en détresse...

Cette fois Léandre met enfin un terme à cette mascarade:

-Cela suffit maintenant. Je ne veux plus que tu la tourmentes, et ton interrogatoire sous forme d'accusations est particulièrement déplacé sachant que nous t'invitons chez nous.

Séraphine recule du même pas qu'elle vient de faire, en fixant Léandre, visiblement assez apeurée par le ton dur qu'il vient d'employer. Finalement, peut être à t'elle bien un instinct de soumise...
Le silence s'étend. J'ai cru qu'elle allait dire qu'elle partait, elle semble à deux doigts de fuir en courant, mais pourtant elle reste là, immobile et muette.
Sans la lâcher des yeux Léandre articule:

-Les filles, montez. Je vais discuter avec elle, seule à seul.

Cette fois encore, elle ne manifeste aucun désir de s'en aller. Je prends Blanche par la main et elle se réfugie aussitôt contre moi comme un animal blessé. Nous montons, puisqu'il nous l'a ordonné, mais je regrette de ne pas pouvoir assister à ce qui va suivre.
Moi qui avait accueilli cette fille avec un grand sourire, j'espère qu'elle ne mettra plus jamais les pieds ici. Et à la sensation des tremblements de Blanche contre moi, elle non plus ne veut pas la revoir...

Menottes et Panache (en pause) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant