Les Élémentalistes T1 - Le Forgeur de Cauchemar

Chapitre II : Le Mystère des Yōkai

Au premier rayon doré du soleil levant, Yoko s'éveilla lentement de son sommeil agité, encore étourdie par les sombres épreuves de la nuit passée. Elle ouvrit les yeux, cherchant à comprendre où elle se trouvait, et découvrit qu'elle était allongée sur un doux tapis d'herbe, au bord d'une rivière paisible dont les flots miroitants berçaient les notes cristallines de sa mélancolie. Le chant des oiseaux, le souffle léger du vent dans les branches, l'environnaient d'une atmosphère étrangement paisible, lui offrant une illusion de sécurité momentanée. Mais la triste réalité refit surface dans son esprit, cruelle et implacable, rappelant la terrible perte de son village et de ses parents. Une immense tristesse l'envahit alors, plongeant son cœur dans une détresse profonde et poignante.

Yoko se releva lentement, les yeux encore brouillés de sommeil, et aperçut une créature étrange en train de se régaler de ses concombres, émettant des grognements aigus. La bête était assise, mesurant environ un mètre de hauteur, et offrait un spectacle surprenant pour la jeune fille. Elle possédait une carapace épaisse, semblable à celle d'une tortue, mais ses membres étaient dotés de palmes, tels ceux d'une grenouille. Un crâne étrange surmontait sa forme, dans lequel se nichait une cuvette remplie d'eau. La bête dégageait une odeur forte d'algues, de vase et de poisson mort, ce qui ajoutait à l'aspect étrange et repoussant de la créature.

Yoko fut surprise par la soudaine apparition d'un jeune homme, qui posa sa main sur son épaule. La jeune fille leva les yeux vers lui et croisa son regard. Elle remarqua qu'il était de son âge et fut immédiatement intriguée par cet inconnu. Cependant, elle fut encore plus surprise lorsque le jeune homme s'approcha lentement de la créature étrange qui était en train de manger les concombres. La bête sembla sentir sa présence et leva sa tête vers lui, révélant ses immenses pupilles noires. Yoko se figea, craignant une attaque, mais le jeune homme n'eut pas peur. Il prit un concombre dans le panier de bambou de Yoko et le lança à la créature, qui plongea aussitôt dans la rivière pour s'en saisir.

Le jeune homme tourna aussitôt les talons, marchant d'un pas pressé vers Yoko, s'arrêtant à quelques pas d'elle.

- Comment avez-vous osé être si imprudente ? Vous devriez savoir que les kappa sont des créatures dangereuses, réprimanda-t-il fermement.

À l'entente du nom kappa, Yoko se pétrifia et cessa d'écouter les paroles du jeune homme. Sa voix devint alors lointaine, comme un bourdonnement qui se dissout. Elle douta alors de sa propre audition, tentant de se convaincre qu'elle avait mal compris, que les yōkai, ces êtres surnaturels, ne pouvaient pas exister dans la réalité.

Yoko fut tirée de sa réflexion par une main qui s'agita devant son visage. Elle releva alors la tête vers le jeune homme qui posa un regard interrogateur sur elle, et lui demanda :

- Pourquoi cette expression de surprise ? À moins que... Non, comment cela serait-il possible ?

Les derniers mots furent prononcés par le jeune homme comme s'il parlait à lui-même. Après quelques secondes qui semblèrent interminables pour Yoko, leurs regards se croisèrent, et il lui adressa un sourire. Yoko trouva le jeune homme étrange, ne comprenant plus rien à la situation. Elle chercha alors à fuir son regard, et ses yeux se posèrent sur son panier, qui à présent était vide. Yoko releva à nouveau les yeux vers le jeune homme, auquel elle demanda :

- Pourquoi avez-vous jeté le concombre dans la rivière ?

- Les kappa raffolent des concombres, je l'ai donc jeté pour détourner son attention et l'éloigner. Vous devriez me remercier, lui répondit le jeune homme.

- S'il s'agit comme vous le dites d'un kappa, il y avait une décision plus sage que de jeter un simple concombre. En effet, la politesse est l'une de ses faiblesses, il vous suffisait donc de vous incliner et de le saluer, et il se serait senti obligé de vous saluer en retour, renversant ainsi l'eau qui se trouvait sur sa tête, ce qui l'aurait fait perdre sa force et l'aurait obligé à se retirer.