Les Élémentalistes T1 - Le Forgeur de Cauchemar

Chapitre XIV : Les Lumières des Âmes

Le cours d'histoire de la magie élémentaire réconforta Yoko dans l'idée que l'arbre mentionné dans le Livre du Cercle était l'arbre de vie de l'Académie. Fukui-sensei lui expliqua que l'arbre de vie était un cadeau des kami aux élémentalistes, pour leur apprendre à vivre en harmonie avec la nature et les éléments. Depuis des siècles, il se dressait fièrement au cœur de l'Académie, donnant la vie à tous ceux qui l'entouraient. Chaque année, lorsque les premières fleurs de cerisier apparaissaient sur ses branches, c'était un moment de fête pour tous les élèves et les professeurs de l'Académie. On célébrait la beauté de la nature et la chance de pouvoir apprendre et grandir auprès de cet arbre magique. Mais ce n'était pas seulement un simple arbre, il était doté de pouvoirs magiques incroyables, qui lui permettaient de protéger l'Académie et tous ceux qui y vivaient. Ses racines s'enfonçaient jusqu'aux entrailles de la terre, lui permettant de puiser une énergie illimitée. Et à la lune nouvelle, on pouvait voir ses branches s'illuminer de mille feux, comme si elles étaient envoûtées par un charme puissant. Chaque génération d'élèves avait sa propre histoire à raconter sur l'arbre de vie, et il était devenu le symbole même de l'Académie, un lieu où l'on pouvait apprendre et grandir en paix, sous la protection de cet arbre magique.

En cet instant, Yoko se devait de bannir de son esprit toutes les vaines turbulences qui l'assaillaient, tels que le Forgeur de Cauchemar, la vision déconcertante de Nagai-sensei, et même le Livre du Cercle. Elle devait, par-dessus tout, se consacrer corps et âme à l'ultime hommage funèbre rendu à ses défunts parents.

Dans la douceur de cette matinée enchanteresse, Yoko se dirigea d'un pas léger vers la forêt, un endroit qu'elle avait découvert lors d'une promenade avec Moriko. Les arbres majestueux, d'une hauteur incommensurable, s'élevaient vers le ciel en un ballet de couleurs chatoyantes, leurs feuilles scintillant sous les rayons dorés du soleil. En approchant de la clairière, un spectacle magique se dévoila à elle, un paysage de rêve, qui évoquait pour elle la mémoire de sa famille. Les vastes étendues de fleurs sauvages, avec leurs teintes vives et éclatantes, formaient un tapis multicolore à ses pieds. Un étang cristallin, bordé de roseaux, se trouvait à proximité, dont les eaux calmes et limpides reflétaient la beauté environnante, créant des ombres mouvantes sur le sol. Le chant mélodieux des oiseaux, les coassements des grenouilles et le doux bruissement des feuilles bercèrent ses oreilles d'un doux murmure, laissant derrière elle tous les tourments du monde.

Au cœur de cette scène idyllique, se tenait Yoko, dans une petite clairière baignée de lumière. La terre fertile, riche en couleurs, émettait une fragrance enivrante, mélange subtil des parfums de la forêt et des fleurs. Malgré les propositions de géomanciens de creuser pour elle, elle avait refusé leur aide, préférant rester seule en ce lieu paisible, laissant son esprit se fondre dans la nature environnante, un moment de recueillement et de sérénité, tel un rayon de soleil au cœur de la forêt.

Yoko, alors qu'elle nettoyait le terrain, aperçut des kodama sortir de leurs demeures dans les arbres. Ces créatures minuscules, à l'apparence anthropomorphique, étaient vêtues d'épais manteaux de feuilles qui dissimulaient leurs visages. Les yeux brillants et les bouches entrouvertes, leurs mains et leurs pieds rappelaient ceux des branches d'arbres. Yoko fut émerveillée de les voir se porter à son aide en déplaçant les branches et les obstacles qui gênaient son chemin. Elle fut encore plus surprise lorsqu'un kappa émergea de l'eau et qu'un tengu, dont l'envergure était impressionnante, se posa à proximité. Le kappa apporta de l'eau pour humecter la terre, et le tengu creusa avec une facilité déconcertante.

Yoko ressentit une certaine appréhension face à l'aspect singulier des petites créatures qui s'étaient présentées à elle, mais elle ne pouvait que leur être reconnaissante de leur assistance providentielle. Avec une attention soutenue, elle examina attentivement leur comportement, leur mode de déplacement et leur manière de communiquer, et ce fut un instant mémorable. Elle se mit à se questionner sur la façon dont ces êtres avaient pu savoir qu'elle avait besoin d'aide.