Les Élémentalistes T1 - Le Forgeur de Cauchemar

Chapitre III : Les Éléments

Tandis que le soleil couchant plongeait le monde dans une obscurité naissante, Yoko et Ezume s'approchèrent d'une immense haie de bambous qui s'élevait devant eux. Yoko scrutait les environs avec une grande attention, tandis qu'Ezume la guidait d'un pas rapide et assuré.

Les deux voyageurs passèrent sous un porche majestueux, qui les conduisit dans les jardins d'un château. Les jardins étaient zen, avec des mousses, des rochers et du sable parsemés à leur surface. Les arbres, quant à eux, étaient de toutes sortes, des pins, des chênes, des pruniers, créant ainsi une scène verdoyante et luxuriante qui invitait les âmes à se reposer et à se laisser aller à la contemplation.

Au milieu des jardins zens, un étang miroitait paisiblement sous la clarté de la lune. Les eaux calmes étaient parsemées de lotus sacrés qui s'épanouissaient à la surface, illuminés par la lueur argentée. À l'horizon, une pagode sur pilotis se dressait majestueusement, atteignable par un pont arqué. C'était un lieu de sérénité et de contemplation où l'on pouvait se retirer pour réfléchir et se ressourcer.

Au détour de ce paysage enchanteur se dévoilaient d'autres trésors naturels, avec des bassins et des mares regorgeant de vie aquatique, où d'élégantes carpes koï nageaient avec légèreté. Une allée de galets soigneusement posés serpentait entre les statues et les lanternes de pierre, accompagnée par le parfum délicat des cerisiers. Ce chemin mystérieux, qui invitait à la flânerie, menait jusqu'à l'imposant escalier de pierre devant le porche, où les voyageurs pouvaient entrevoir d'autres merveilles cachées.

Ezume pria Yoko de l'attendre dans les jardins tandis qu'il se dirigeait vers le porche où il eut une conversation avec une personne dont Yoko ne put apercevoir que l'ombre. La journée avait été longue et fatigante, et lorsqu'il revint quelques instants plus tard, il lui promit de lui présenter son hôte le lendemain et l'invita à prendre du repos. Il lui présenta une jeune femme qui se présenta comme sa servante, puis il se retira, laissant Yoko seule avec ses pensées dans les jardins paisibles.

La servante s'avança avec une révérence et s'adressa à Yoko avec respect :

- Mes hommages, Mademoiselle. Je suis Yori, votre humble servante pour cette nuit. Je vous invite à me suivre, s'il vous plaît.

Yoko répondit par une inclinaison de la tête silencieuse, puis emboîta le pas à Yori qui la guida à travers les portes de la demeure. Arrivée à l'intérieur, Yoko ôta ses geta avec soin et suivit Yori à travers les couloirs silencieux. Elle resta ébahie devant la demeure, si différente de sa petite maison. Elle se mit à se demander si ce château n'était pas plus étendu que l'ensemble de son village. C'était là une demeure majestueuse, dont l'ossature était composée de solides poutres de bois, et dont les toits en tuiles, multiples et pentus, semblaient toucher le ciel. Les planchers étaient entièrement recouverts de tatamis, et les cloisons coulissantes, les fusuma, dessinaient des espaces à la fois intimes et spacieux. Mais ce qui éblouissait le plus Yoko, c'étaient les tokonama, ces alcôves sacrées où étaient exposées les plus belles œuvres de la demeure. Les estampes y rivalisaient de beauté avec les statuettes et les calligraphies.

Yori la guida vers une chambre à coucher, séparée par des cloisons en papier de riz, des murs et un sol en bois de cèdre laqué. Des futons étaient posés sur des tatamis en paille de riz et entouraient un lit surélevé, bordé de coussins de soie. Un kotatsu, un petit poêle en fonte pour lutter contre les froides nuits d'hiver, était placé dans un coin de la pièce. Des peintures et des estampes traditionnelles, suspendues aux murs, ajoutaient une touche artistique et culturelle à l'atmosphère. Des lanternes en papier et des bougies parfumées diffusaient une douce lumière et créaient une ambiance intime et apaisante. Yori souhaita à Yoko une douce nuit et se retira, laissant la jeune femme se reposer dans cette oasis de calme et de tranquillité.