Chapitre XXXVII : La Renaissance

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Il se passa que Yoko, ayant sombré dans un profond sommeil, recouvra ses esprits en un lieu qu'elle aurait de bon cœur ignoré, l'infirmerie. Debout à sa droite et à sa gauche se tenaient deux jeunes hommes, Tama et Ezume, dont les regards témoignaient à la fois de la sollicitude et de la tranquillité qui les animaient à la vue de son réveil. La barbe échevelée de Tama, quant à elle, n'était autre que le témoin manifeste de la durée de son assoupissement, qui avait très certainement couvert plusieurs jours, sinon plus. Lorsque Yoko sentit la fraîcheur du tissu sur son œil droit, enserré dans un bandeau, une douleur lancinante s'empara de son cœur. Elle aurait donné tout ce qu'elle possédait pour ne jamais avoir à retrouver ce sinistre endroit, fût-ce au prix de sa propre existence, mais grâce à l'expertise de la magie, elle avait pu être tirée d'un funeste destin.

Le coeur meurtri, Yoko baissa les yeux, souffrant sous l'effet de leur jugement implacable. Elle prit une grande inspiration et, d'une voix chancelante, se tourna humblement vers son ami Tama :

- Je vous supplie, cher Tama, de me pardonner. Je sais que ma présence a été à l'origine de la perte tragique de votre famille, un fardeau que je ne peux porter sur mes épaules.

Tama, ému par la douleur de Yoko, ne put retenir une déclaration d'affection et de soutien :

- Quelle absurdité que ces paroles. Vous n'êtes nullement responsable de cet effroyable malheur. C'est le tristement célèbre Forgeur de Cauchemar qui en est l'auteur. N'oubliez pas que c'est votre courage qui a sauvé ma vie, en vous sacrifiant pour moi. Cela restera à jamais gravé dans ma mémoire. Si quelqu'un doit implorer le pardon, c'est moi, envers vous, pour mes erreurs passées.

Dans un silence ténu, Yoko, tiraillée par l'embarras, se renferma sur elle-même, dédaignant de croiser le regard des autres. Tama, rempli de sollicitude, s'approcha d'elle et lui saisit délicatement la main, rapprochant doucement sa main de son visage pour lui ôter le bandeau. La jeune femme, emplie de honte, baissa promptement la tête, cachant son visage mutilé aux yeux de tous. Sensible à sa détresse, Ezume glissa discrètement son doigt sous son menton pour l'encourager à relever la tête.

Tama, quant à lui, sortit un masque d'ōkami qu'il avait soigneusement façonné. Il le déposa doucement devant elle et dit d'une voix douce :

- Ce masque, j'ai voulu le forger pour vous, Yoko, car je pensais qu'après toutes les souffrances que vous avez endurées, il se pourrait que vous ne souhaitiez pas que l'on voie votre cicatrice. J'ai voulu vous offrir quelque chose qui vous mettrait à l'aise.

Yoko contemplait avec une infinie perplexité le masque qui se présentait devant elle. Le métal finement travaillé avait donné au masque une apparence si réaliste et captivante que cela l'avait troublée. Les traits du masque étaient d'une extrême précision, représentant une joue sculptée avec un soin méticuleux, et un œil en amande qui semblait briller d'une lueur énigmatique. Elle était fascinée par l'attention portée aux moindres détails de l'œuvre d'art, qui semblaient lui donner vie et lui conférer une personnalité unique.

C'est alors que Tama, remarquant que Yoko observait le masque en silence, lui demanda avec une voix douce :

- Voudriez-vous le porter, chère Yoko ?

La jeune femme acquiesça faiblement en hochant la tête, remerciant chaleureusement ses amis dans un murmure empreint de gratitude. Avec une délicatesse inattendue, Tama fixa le masque sur le visage de Yoko, remplaçant avec grâce le vide laissé par sa cicatrice. Il était parfaitement adapté aux contours de la partie du visage qu'il recouvrait. Les courbes saisissantes du masque avaient été spécialement façonnées pour s'harmoniser avec les contours de son visage. Le masque offrait une apparence nouvelle, sauvage et puissante, transformait le visage de la jeune femme en une véritable œuvre d'art, comme si elle était elle-même une créature fantastique sortie tout droit de l'imagination d'un conteur légendaire.

Les Élémentalistes T1 - Le Forgeur de CauchemarWhere stories live. Discover now