Les Élémentalistes T1 - Le Forgeur de Cauchemar

Chapitre XIII : Le Forgeur de Cauchemar

Yoko quitta la salle, sa tête en ébullition, ses pas la menant sans but dans les corridors labyrinthiques de l'Académie. Soudain, elle heurta violemment une surface dure, et lorsque ses yeux se levèrent, elle découvrit le torse imposant de Moriko, le phytomancien qui l'avait guidée dans l'épreuve du Bois. Celui-ci perçut immédiatement la détresse de Yoko et lui proposa de l'accompagner dans les jardins, afin de prendre un peu d'air frais. Surprise de le voir à l'Académie, elle lui demanda :

- Pourquoi êtes-vous ici ? Vous êtes parti il y a seulement une semaine.

- J'ai décidé de raccourcir mes vacances, car elles m'ennuyaient profondément. Mon père est conseiller en jardin et horticulture, et chaque année, nous visitons des jardins botaniques, des serres et des forêts pour découvrir de nouvelles plantes et leur utilisation en magie. Nous participons également à des ateliers de jardinage et de création de potions à base de plantes.

- Je ne vois pas en quoi cela ne vous plaît pas. Pour ma part, je trouve que ce programme est des plus enrichissants.

- En effet, c'est très intéressant, mais aussi très ennuyeux. Mon père propose le même programme chaque année depuis que je suis enfant, ce qui rend ces vacances répétitives. Je ne considère pas cela comme des vacances si je consacre ce temps à faire quelque chose que je fais déjà toute l'année à l'Académie. C'est pourquoi j'ai décidé de rentrer, car la seule chose que j'apprécie est de me promener dans la nature, cela me permet de me ressourcer, et j'ai jugé que la forêt de Yume serait un endroit parfait pour cela.

Un rire cristallin échappa à Yoko, et Moriko la rejoignit bientôt, accompagnant la jeune fille dans une agréable balade en forêt.

- Dites-moi, Yoko, n'avez-vous pas une activité qui vous procure une réelle satisfaction ? s'enquit Moriko.

La jeune femme réfléchit un instant avant de répondre :

- J'aime m'élever dans les arbres, sentir la brise caresser mon visage et admirer la vue sur les environs.

Son interlocuteur sourit à cette réponse et hocha la tête.

- Grimper dans les arbres, quel magnifique passe-temps. Nous devrions tenter cette expérience ensemble, et peut-être découvrir de nouveaux endroits où nous pourrions nous émerveiller de la beauté de notre monde.

Moriko s'éleva dans les hauteurs d'un arbre majestueux, invitant Yoko à le suivre. La jeune fille, animée d'un esprit aventureux, n'hésita pas à grimper à son tour. Le phytomancien, connaissant bien la forêt de Yume, s'attendait à un spectacle époustouflant, mais même lui fut ébloui par la vue qui s'offrait à eux. La forêt se déployait à perte de vue, les arbres majestueux s'élançant vers le firmament, leurs branches enchevêtrées formant une voûte de feuillage. Partout, des feuilles luisantes verdoyaient, tandis qu'ici et là, des animaux sauvages se faufilaient furtivement entre les troncs. Les rayons du soleil transperçaient les feuillages, projetant une danse de lumières éphémères sur le sol moelleux de mousse. Une brise fraîche, emplie des parfums des bois et des plantes, leur chatouillait les narines. C'était un endroit où l'on se sentait libre, en harmonie avec la nature, emporté par une paisible sauvagerie.

Yoko songea à l'étrange émoi qu'elle avait discerné chez Miki à l'égard de Moriko et crut bon de le lui confier :

- En vérité, cher Moriko, j'ai fort à coeur de vous parler de Miki, cette merveilleuse jeune femme que j'ai eu la chance de rencontrer ici même à Yume, quelques semaines auparavant. Vous la connaissez sans doute, car elle nous avait été présentée en votre aimable compagnie, si mes souvenirs sont fidèles.

- Bien sûr, répliqua Moriko, souriant. Miki est une fille d'exception, talentueuse et pleine de vivacité. Nous avons eu le privilège de passer de longues années ensemble durant notre enfance, nos mères étant toutes deux des guérisseuses de renom, mais notre séparation s'est imposée lorsque le père de Miki a été appelé à d'autres fonctions.