Chapitre IX : Le Rituel des Flammes

17 2 12
                                    

La nuit était tombée sur les jardins et Yoko s'adonnait à sa promenade nocturne en compagnie de Kisho et Kioshi lorsqu'elle croisa le chemin d'Ezume. Les yōkai se montrèrent d'abord méfiants, ne sachant rien de la relation entre la jeune fille et le jeune homme, redoutant que Yoko ne laisse échapper son chakra incontrôlable. Mais la jeune fille implora presque leurs faveurs pour lui accorder quelques minutes avec Ezume, et finalement, ils acceptèrent. L'hydromancien s'inquiétait pour elle et la questionna :

- Avez-vous réussi à résoudre vos problèmes avec le pendentif ?

- Non, Takahashi-sensei m'a demandé de patienter jusqu'au Festival du Feu demain pour en savoir plus. D'ailleurs, je me demandais ce qu'était ce Festival du Feu, Ezume, lui demanda Yoko.

- Le Hi Matsuri marque la fin du premier trimestre. Il y a de nombreux festivals comme celui-ci pour honorer les kami. Il est célébré derrière la montagne où se trouve un sanctuaire creusé dans la roche, avec un immense escalier qui y mène. C'est une fête splendide, où dix-sept sanctuaires portatifs, mikoshi, sont décorés et accompagnés d'immenses torches de pin. Cette fête est en l'honneur de Kagutsuchi, le kami du feu et ses seize enfants, chaque torche représente un kami. C'est donc une cérémonie importante pour les pyromanciens qui honorent Kagutsuchi, mais aussi pour les métallurgistes avec Futsunushi, et les algomanciens avec Kuraokami.

- C'est fascinant, lui dit Yoko. Les seules cérémonies que nous avions dans mon village étaient en l'honneur de Tanokami, kami des rizières. Il y avait seulement deux fêtes, une au printemps pour les plantations et une en automne pour les récoltes. On faisait des prières pour éliminer les catastrophes et les insectes nuisibles, une cérémonie de remerciement, où l'on offrait au kami une partie de notre meilleure production de l'année pour que la récolte de l'année suivante soit encore plus abondante, et on mangeait des gâteaux de riz. On offrait également une fois par an du riz à la famille impériale.

La conversation prit une tournure inattendue et les yeux de Yoko s'illuminèrent alors qu'elle écoutait attentivement les explications d'Ezume sur le Festival du Feu. Elle était surprise par la diversité des cérémonies organisées dans ce monde. En comparaison, les célébrations de son village semblaient bien modestes. Yoko se mit à imaginer ce que serait cette cérémonie de feu, où dix-sept sanctuaires portatifs défileraient sous les yeux des spectateurs, ornés de gigantesques torches de pin. Elle avait hâte d'y assister, mais avant cela, elle devait résoudre le mystère du pendentif et comprendre la signification de la marque qui brillait sur son poignet.

Yoko avait à peine le temps de converser avec Ezume, que les signes de Kisho et Kioshi la rappelaient à la réalité. Elle soupira de déception, réalisant que le temps s'était écoulé trop rapidement. Elle fit ses adieux à Ezume et rentra, l'esprit encore en ébullition. Elle se coucha dans son lit, mais les pensées tourbillonnaient dans sa tête et elle ne put trouver le sommeil. L'excitation de rencontrer Takahashi-sensei et de participer à la cérémonie du feu la tenait éveillée, impatiente de ce que l'avenir lui réservait.

En cette journée suivante, Yoko avait été gratifiée de la permission d'assister à la fête, bien qu'elle eût été priée de ne point s'approcher trop près des élèves et de ne tenir conversation avec nul individu.

Lorsque Yoko franchit les portes des jardins de l'Académie pour se joindre à la célébration du Festival du Feu, elle fut aussitôt engloutie dans une cascade de teintes chatoyantes, de sonorités et d'effluves. Les arbres s'embrasaient de la flamme des torches que brandissaient les pyromanciens et les métallurgistes.

Les cris et les chants des pèlerins qui arpentaient les allées en compagnie des musiciens, des chanteurs et des danseurs, parvinrent jusqu'aux oreilles de Yoko. Les danses embrasées offertes par les pyromanciens étaient véritablement impressionnantes. Les danseurs étaient parés de costumes bigarrés et ornementés de plumes, arborant une torche enflammée dans chacune de leurs mains. Ils se mouvaient avec une grâce et une fluidité qui suscitait l'émerveillement, en créant des figures hypnotiques avec les flammes. Les gestes étaient synchronisés et méticuleusement orchestrés de façon à donner vie à une danse de feu. Les torches projetaient des ombres dansantes sur les visages des danseurs et le sol, faisant croire que le feu était un être vivant. Les sons des tambours accompagnaient la danse, donnant une ambiance rythmique et enivrante. L'arôme de la fumée et des flammes se mélangeait avec celui des herbes aromatiques utilisées pour alimenter les torches, produisant une fragrance singulière et empreinte de magie. L'air était aussi saturé des effluves de la nourriture offerte aux kami, ainsi que de l'odeur fraîche et bénie de l'eau dispensée par les algomanciens.

Les Élémentalistes T1 - Le Forgeur de CauchemarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant