Chapitre 5

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Il y a maintenant un an, les soirs, je cachais les miroirs de mon appartement.

Je cherchais à fuir mon reflet, même à ne plus voir mon ombre, qui me rappelait continuellement ce dont je me cachais. Ses symptômes, qui étaient apparus lors de mon emménagement à Grilly, avaient réapparu après la visite de George dans mon bureau.

Le matin, je n'avais pas peur des miroirs, mais dès que la nuit tombait, je me cachais d'eux.

J'avais développé une crainte immense d'être dans le noir, sans lumière à mon chevet. C'était une période sombre que j'avais fini par mettre de côté, pour enfin vivre ma vie comme si tout ceci n'était jamais arrivé. J'ai créé cette porte noire pour m'en sortir, pour oublier. Comment un petit choix qui semblait si anodin pouvait me faire vivre un tel trouble grandissant en moi.

Au milieu de la nuit, mes yeux se sont ouverts tout à coup. Alors qu'aucun bruit ne m'avait réveillée. Je me suis retirée de mon lit, et je marchais tout doucement pour que même le parquet ne puisse craquer.
J'étais obligée de faire face à mon passé que j'avais tant voulu échapper pour enfin vivre et avancer. Et peut-être que le destin me donnera cette chance, s'il est avec moi.
J'entre dans la salle de bain et tire le tissu qui me séparait du véritable moi, que je cachais. Mon reflet.

Je retourne dans ma chambre, sans boule au ventre, ni peur. Je reste quelques minutes silencieuses assises sur le bord de mon lit et je me recouche paisiblement. J'avais enfin entendu le dring de la cocotte-minute.

Je m'étais étonnamment levée tôt. Je devais comme à mon habitude aller à Divonne les bains. Chaque 3 semaines, le samedi, pour aller chasser dans les bois avec mon père. C'était notre rituel, rien que tous les deux. Ma mère, elle, restait à la maison pour découper les ingrédients qui donneraient de la saveur à notre butin.

Enfant, je me souviens, j'ai toujours été fascinée par les armes à feu et leur mécanisme. Par la suite, je n'ai pas perdu de temps pour avoir mon permis de chasse. Et ainsi avoir un fusil à moi.
Je le cache non chargé dans mon armoire à côté de ma tenue dédiée à la journée de chasse.

Mon père, ma mère et moi discutons dans le salon tranquillement avec des boissons chaudes. L'hiver ne tardera pas à pointer le bout de son nez. Un vent frais à déjà frappé mon visage dès que j'ai posé le pied hors de mon immeuble.

La maison familiale a toujours son petit grain pittoresque malgré le temps, avec son large terrain qui a bercé mon enfance, le potager est manquant.
Je m'amusais à courir partout, et à faire du vélo. J'ai été une enfant unique comblée, ce qui a peut-être construit mon côté égoïste, ne voulant rien partager. Tout prendre sans rien donner, entraînant des réactions qui me font encore peur.

Nous sortions de son pick-up marron abîmé par le temps, les fusils en mains.

Le tourment d'une erreurWhere stories live. Discover now