Chapitre 6

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Après une longue marche, les jambes un peu engourdies nous nous rapprochons de la zone de chasse. Chuchotant presque de façon inaudible, nos pas respectifs étaient lourds mais appuyés pour ainsi étouffer le peu de bruit qu'on faisait. J'évitais les branches d'arbres et préférais la terre ou la boue. Se salir n'est pas un problème, si on sait qu'on sera victorieux.

L'odeur du bois, des feuilles, le vent qui siffle dans mes oreilles. Malgré ses distractions, je suis absorbé par mon objectif. C'est puissant, ce contrôle est additif.

Sur le dos de mon père une biche que nous avions tuée ensemble. Il ne reste plus qu'à la dépecer et la découper en morceaux pour pouvoir la cuisiner. Hâte de pouvoir goûter à cette chair qui a l'air si tendre.

Le dîner préparé avec soin, nous étions à table en train de dévorer notre repas après une longue attente au fourneau.

- Quand vas-tu nous présenter quelqu'un ? Dit ma mère en cassant brutalement le silence. Tu as vingt-sept ans maintenant.

- Arrête, elle le fera quand elle trouvera un bon gars. Il y a beaucoup de tarés dehors, ne la presse pas, rétorque mon père.

- De toute façon, tu es toujours là à prendre sa défense. Je sais que c'est ta petite fille chérie, mais je m'inquiète pour elle.

- Maman, tu n'as pas à t'inquiéter peut-être qu'un jour, je viendrais vous présenter quelqu'un.

Mon père lève un sourcil, débarrasse son assiette pour quitter la pièce.

- Toi et moi, nous savons pourquoi tu es encore célibataire depuis l'université. Es-tu sûr d'être passé à autre chose après avoir rompu avec ton petit ami de l'époque ?

- Maman, pourquoi reviens-tu encore sur ça ? Je vais bien, mon travail me prend beaucoup de temps. Je ne rencontre pas de nouvelles têtes tous les jours et en plus de ma tranche d'âge.

- Que d'excuses. Tu ne dois pas aller dans des lieux où tu pourrais faire des rencontres intéressantes. Te connaissant, tu dois rester cloîtré chez toi devant ton ordinateur, même adolescente, tu n'aimais pas sortir, sociabiliser avec les autres et faire la fête.

- Je ne vois pas où est le problème, dis-je en haussant le ton.

Elle me regarde, bouche bée, soupire, secouant la tête de droite à gauche.

- J'ai toujours su, qu'au niveau du caractère, tu ressemblais à ton père. Vous deux, vous êtes inséparables parce que vous vous comprenez si bien. Je n'aurais peut-être pas dû être aussi laxiste, tu es beaucoup trop masculine.

Je reste sans voix après avoir entendu sa dernière phrase.

À l'époque où ma mère avait mon âge, le monde tournait différemment, le seul moyen de survie pour beaucoup de femmes était de faire un "bon" mariage.

Étant une femme au foyer, elle n'a connu que l'éducation de la bonne épouse que sa mère lui avait enseignée, mais j'ai pu y échapper grâce à mon père et à son soutien pour mes études. Malgré nos opinions divergentes, ma mère et moi avons une bonne relation. Il faut juste éviter certains sujets.

Le dimanche après-midi, je savais que je devais rentrer chez moi. Laissez cette nostalgie qui était si naturelle près de mes parents, une bouffée d'air frais.

Je devais retrouver mes problèmes que j'essayais tant de fuir, ses problèmes que George avait amenés. Ma vie était comme un long fleuve tranquille, certes de grandes vagues pouvaient parfois se montrer, mais je savais comment les dompter.

Le tourment d'une erreurWhere stories live. Discover now