Chapitre 19

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J'avais la rage au ventre, elle s'était proliférer dans mes veines. J'entendis des chuchotements.

— Es-ce qu'elle se souvient ou fait-elle semblant ?

— Je pense qu'elle s'en souvient, tu sais comment elle est. Elle est prête à faire comme si rien n'était. Alors qu'elle sait très bien ce qu'elle fait.

— Tu as bien raison.

— Elle doit entrer dans sa porte noir.

— Ce n'est pas son genre de ressentir de la culpabilité surtout si elle pense qu'elle était dans son bon droit.

— Oui c'est vrai. Mais elle doit y faire face. Ce qui est au fond d'elle est sur le point d'exploser.

Mon réveil me fait bondir de mon lit. Je suis perturber par le rêve que j'ai fait, mon inconscient tourne en boucle.

La rénovation de l'abri de jardin avait commencé, des ouvriers étaient sur les lieux pour commencer à enlever le vieux papier peint. A la fin de la journée, tout le monde devait partir.

— Attends Camille, dit George. Ne veux-tu pas dîner ici avec moi ?

Je ne dis rien. Je le regarde juste.

— Le dîner sera meilleur ici.
Au lieu de manger seule, mangeons ensemble en attendant Victor, sauf si tu as déjà quelque chose de prévu.

Dans la salle à manger du château, j'entendais le tic perpétuel de l'horloge, qui était sur le mur. Je l'examine toutes les secondes,  le temps me semble long.

George passait sa langue entre ses lèvres, comme s'il avait en permanence un trop de sauce en bouche. Il me regardait, ne voulant pas rater une miette de mes bouchées.

Depuis quand es-ce insoutenable de rester dans la même pièce que lui ? Juste ses yeux sur ma bouche, je peux deviner ses pensées.

— Camille, suis-je le seul à ressentir une tension entre nous ?

L'horloge se met soudainement à sonner, il est 20h.

— De quoi parles-tu ? Dit-je après le retentissement de l'horloge.

— Cette sensation, quand on est tous les deux.

La sonnette de la porte d'entrée résonne, c'est Victor. Il s'installe en milieu de table, un employé de maison vient le servir.

Nous dînons dans le calme, après le plat principal. Victor me propose un dessert mais je refuse.

George se propose pour m'accompagner jusqu'à ma voiture. Les sons de nos pas, la froideur du temps qui s'engouffre quand il m'ouvre la porte d'entrée. Nous marchons jusqu'à ma voiture.

— Camille, commence-t-il avant que je l'interrompe.

— Nous n'avons plus rien à nous dire.

George qui afficha un air d'agacement, me prend le poignet avec force.

— Lâche-moi !

J'essaie de me débattre. Mais il semble s'amuser à me retenir.
George essaye de m'embrasser mais je tourne la tête de droite à gauche. Il posa une de ses mains sur ma tête, et me tira les cheveux mais je lui fis un coup de pied dans les jambes. Pendant qu'il était replié sur lui-même, se tordant de douleur en regardant s'il était blessé, j'entre dans ma voiture, verrouille les portes et démarre.

J'étais calme. J'avais pris la route la plus longue pour rentrer chez moi. Mais je trouvais que ce n'était pas assez, je voulais encore rester dehors. Je me gare pour aller marcher en pleine nuit où seuls les lampadaires et les lumières des magasins illuminent les rues.

Je me suis mise face à un magasin où je pouvais voir mon reflet.

Le risque que j'avais pris, en restant seule avec George, ne me parut pas dangereux.

Je devais retourner chez moi, mais je ne pouvais pas. Je me sentais à l'aise dehors, sans aucune personne dans les rues.

Mon téléphone émet un son qui me ramène à la réalité. C'était ma mère qui m'avait laissé un message.

— On se verra demain à midi. Je viendrai te voir seule, il faut qu'on parle.

Je rentre chez moi. Un peu peur de m'endormir, de faire des cauchemars, que mon inconscient me joue de vilains tours. Mais j'ai fini par dormir paisiblement. Je n'ai fait d'ailleurs aucun rêve étrange, j'étais détendu.

Je me suis réveillé avec bonne humeur. J'étais motivée. J'ai commencé à éviter plus ou moins consciemment Sandra.

Malheureusement, le fait de guetter en permanence ses aller et venues, l'empêchait pas de venir à mon bureau.

— Je t'ai pas vu de toute la matinée.

— J'étais un peu occupé avec les différents dossiers de rénovation, dis-je en me retournant pour les arranger dans mon meuble.

— Tu fais le ménage ?

— Oui je ne peux plus supporter ce bazar, ça commence vraiment à me bouffer la vie.

— Ah oui, je comprends. Il y a une chose dont je voudrais te parler.

Elle ferma la porte derrière elle.

— George, je le trouve bizarre. Aujourd'hui on devait aller prendre le petit déjeuner ensemble et il ne s'est pas présenté. Il ne m'a pas envoyé de message, ni même appelé pour me prévenir, c'est la première fois qu'il me le fait.

— Je ne sais pas. Il a dû avoir un empêchement.

J'étais muette, impassible devant les blagues de mes collègues. J'étais un peu fiévreuse.

A la pause déjeuner, ma mère m'attendait dans sa voiture juste en face de mon lieu de travail. Je respire un bon coup, je m'assois à côté d'elle. Elle tapote le volant avant de se lancer.

— Avant que je ne rencontre ton père, j'étais une fille renfermée qui hésitait à éclore, je savais que si je ne suivais pas le bon chemin, je pouvais devenir une personne fermée et seule. Je ne voulais pas tomber dans un puits sans fond. J'étais sur le rebord prête à sauter mais ton père m'a héroïquement sauvé.

— Tu veux que je trouve un homme qui me sauvera ?

— Oui parce que ces temps-ci, j'ai l'impression que tu es très proche du bord. Ça me fait peur.

— Et si je te disais que ça faisait depuis un sacré bout de temps que j'avais sauté et qu'il n'y avait plus d'espoir.

— Ta liberté peut te sembler être la meilleure chose que tu aies jamais eu. Mais demain elle sera peut être ta nouvelle prison. Tu te verras te transformer en quelque chose dont tu n'as plus de contrôle. Seuls tes désirs et tes caprices gagneront sur toi.

Un silence nous gagne, puis je la regarde dans les yeux.

— Même si demain, je suis la personne que tu perçois comme la plus pathétique au monde. Je me moque de tes pensées me concernant.

— Bien qu'il en soit ainsi, tu as l'air d'avoir fait ton choix, qui semble définitif. Je ne vais pas perdre plus de temps ici, je dois y aller ton père m'attend.

Je descends, je la vois prendre la route et disparaître au loin.

Je m'en voulais un peu du ton que j'avais pris, mais je ne regrettais pas mes mots. Ils étaient parfaitement choisis pour expliquer ce que je ressentais.

Je m'en voulais de l'avoir laissé partir, alors qu'on s'était disputé. Ces mots, sa voix se mélangeait dans ma tête. Je l'entendais me mettre en garde alors qu'elle était partie il y a plusieurs heures maintenant.

Le tourment d'une erreurWhere stories live. Discover now