Chapitre 12

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L'exclamation brusque de Harry figea Drago et ils s'immobilisèrent tous les deux, statufiés, et aussi surpris l'un que l'autre. Harry semblait gêné d'avoir laissé échapper cet aveu, et Drago ne savait pas comment interpréter ce cri du cœur. Finalement, l'ancien Serpentard murmura, indécis.

— Quoi ?

Harry s'écarta rapidement de lui et se passa la main sur le visage, avant de reculer jusqu'à se laisser tomber sur la chaise où il était installé un peu plus tôt. Évitant le regard de Drago, il soupira.

— Je voulais vraiment te revoir après tout ça. T'annoncer que tu étais libre et... aussi te demander pourquoi tu avais refusé de me dénoncer, ce jour-là, dans ton manoir. Quand j'ai été pris par les rafleurs. Je...

Drago secoua la tête et marmonna.

— Et toi, alors ? Tu m'as tiré du feudeymon ! Tu es revenu et tu t'es mis en danger...

Harry s'empourpra un peu plus avant de laisser échapper un ricanement moqueur.

— Quelle importance maintenant ? Tes parents n'ont jamais dit qu'ils n'avaient plus de nouvelles de toi. Il y avait toujours une raison à ton absence et j'ai cru que tu... m'évitais volontairement. À la mort de ton père... ta mère a avoué que tu étais parti depuis longtemps, que tu avais disparu. C'est ce que Kingsley m'a dit en tout cas.

Oubliant qu'ils étaient en train de se disputer, Drago l'interrompit, se penchant brusquement vers lui, les yeux brillants d'émotion. Même s'il ne voulait pas renouer avec son passé, elle restait sa mère et il ne pouvait pas s'empêcher de se demander comment elle allait...

— Ma mère... Elle va bien ?

Drago était conscient que Harry était parfaitement en droit de ricaner et de refuser de lui répondre. Mais ce n'était pas son style, loin de là. Le brun haussa les épaules avec un léger sourire attendri.

— Elle passe beaucoup de temps avec Andromeda. Mais elle n'a jamais voulu parler de toi devant moi...

Il s'interrompit en voyant le froncement de sourcils de Drago et Harry passa une main nerveuse dans ses cheveux, comme il le faisait autrefois.

— Oh... Andromeda est ta tante. La sœur de ta mère. Elle... elle est la grand-mère de mon filleul. Ton petit-cousin en fait. Teddy. Le fils de Rémus Lupin.

Drago haussa un sourcil surpris, interrompant le flot d'informations.

— Le loup-garou ? Il est... était de ma famille ?

Harry gloussa, mais son regard devint hanté, souffrant visiblement toujours autant de l'absence de l'homme.

— Rémus... Ouais, en quelque sorte. Il a épousé Tonks. Enfin Nymphadora Tonks, la fille d'Andromeda. J'ignore si tu la connaissais. Elle était Auror et métamorphomage.

Drago hocha lentement la tête, les yeux dans le vague, fouillant dans ses souvenirs pour essayer de mettre un visage sur ce nom. Cependant, s'il l'avait croisée, il n'avait pas fait attention à elle, il n'avait jamais soupçonné qu'elle puisse être sa cousine...

Harry se mordilla la lèvre et reprit, lui dévoilant l'histoire de sa famille, soudain intarissable malgré sa voix éraillée.

— Andromeda a été reniée. Je n'ai pas tous les détails, mais elle a préféré fuir pour faire un mariage d'amour et épouser un né-moldu. Il... Il est mort peu avant la bataille de Poudlard, assassiné par des rafleurs.

Drago cligna des yeux, refusant de se souvenir des rafleurs qui allaient et venaient dans le manoir familial à l'époque en se vantant de leurs crimes. Qui capturaient des sorciers impurs pour les torturer ou les livrer au Ministère, gangréné par Voldemort. À la place, il murmura, hésitant, coupant le récit de Harry.

— Ma mère n'a jamais parlé d'elle. Je... J'ignorais que j'avais une... autre tante.

Drago soupira et se frotta le visage, un peu perdu, avant de secouer la tête. Il était épuisé par la conversation décousue qu'ils menaient et inquiet de ne pas savoir ce qui allait se passer pour lui. Il fixa Harry un instant, avant de murmurer.

— Laisse-moi, Potter. S'il te plait. J'ai... besoin d'être seul. Je... je ne fuirais pas, si c'est ce qui t'inquiète, je n'ai nulle part où aller. Je veux juste...

Il s'interrompit avec un soupir résigné, tête baissée, comme s'il portait le poids du monde sur ses épaules. Harry ouvrit la bouche, probablement pour objecter, mais il sembla lire l'épuisement sur les traits de son ancien camarade, et il hocha doucement la tête, l'air indécis.

— Je reviendrais te voir rapidement, nous avons encore des choses à... régler. Mais si... Si le Ministère essaie de... te nuire, contacte-moi. Par hibou ou au douze, square Grimmault. Ou contacte ta mère, elle saura où me trouver. Peu importe. Je viendrais.

Drago cligna des yeux, refusant de se demander pourquoi Harry Potter semblait soudain si protecteur à son égard, hochant juste brusquement la tête, pressé que son ancien camarade s'en aille. Il ne bougea pas quand Harry se leva, il ne leva pas les yeux quand le brun lui pressa l'épaule en passant près de lui, hésitant brièvement avant de finalement s'éloigner à pas lents. Après quelques secondes, Drago entendit la porte de son appartement s'ouvrir et se refermer en claquant.

Enfin seul, il regarda autour de lui, et abandonna les tasses à demi bues sur la table. Habituellement, il n'aurait jamais laissé du désordre — il était devenu assez maniaque avec le temps — mais il décida que les évènements de la journée étaient suffisamment inhabituels pour qu'il se permette un peu de laxisme dans sa routine quotidienne.

Il n'avait pas mangé de la journée et il n'était pas encore seize heures, mais il se dirigea à pas lourds vers sa chambre. Il se déshabilla lentement, restant en sous-vêtements, les yeux dans le vide et se laissa tomber dans son lit, tirant la couette sur lui pour se recroqueviller dans le cocon ainsi formé.

Il avait l'impression d'être vide de tout sentiment, incapable de réagir. Sa vie venait de voler en éclats et il ne pouvait rien faire pour retrouver le confort de son quotidien.

Il songea brièvement qu'il aurait dû se jeter un oubliette et détruire sa baguette, avant de repousser cette idée, un peu effrayé par son attrait.

Il eut l'impression de rester des heures durant les yeux ouverts, fixant le mur devant lui, immobile dans son cocon, avant de s'endormir enfin. Cependant, même s'il était épuisé, son sommeil ne fut pas pour autant tranquille. Les cauchemars s'enchaînèrent, les uns après les autres. Que ce soit des rappels du passé ou ce qui aurait pu se produire de pire, il s'agitait violemment, se réveillant régulièrement haletant, le cœur battant et les larmes aux yeux, la bouche ouverte sur un cri muet.

Sous TutelleWhere stories live. Discover now