Chapitre 30

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En ouvrant les yeux, Drago fut frappé d'un sentiment d'irréalité puissant.

Il était installé dans son lit et ses tempes pulsaient d'un sérieux mal de tête. Il avait le vague souvenir de s'être levé et d'être allé travailler, mais le reste n'était qu'un immense trou noir.

Le jeune homme resta allongé, immobile, les yeux fixés sur le plafond, essayant de rassembler ses pensées, avec le sentiment persistant que quelque chose n'allait pas.

Le bruit lointain d'une porte qui claquait le fit sursauter et son agression lui revint brutalement en mémoire. Pris de panique, Drago s'agita en gémissant, essayant de se lever sans succès, et il s'emmêla dans les draps avant de chuter lourdement.

Il grogna alors que la douleur explosait dans tout son corps et il comprit que ça n'avait pas été un cauchemar un peu trop réaliste.

Des sorciers étaient venus dans sa boutique, en plein monde moldu et ils l'avaient agressé violemment avec l'intention manifeste de le tuer.

Il ne savait pas ce qui l'avait sauvé — bien qu'il ait une assez bonne idée de l'identité de son Sauveur personnel — mais il était passé très près de la mort.

Drago eut le souffle coupé en pensant soudain que si Harry avait été présent ce matin là, comme à son habitude, il aurait pu être blessé.

À cause de lui.

À cause de ses erreurs passées.

Drago fut tiré de ses pensées angoissées par une étreinte ferme et il reconnut presque immédiatement l'odeur de Harry. Ce dernier murmura une suite de mots qu'il n'écouta pas vraiment, se laissant bercer par sa voix si particulière, cette voix brisée prouvant qu'il avait souffert lui aussi.

Il s'agrippa à son tee-shirt, heureux de le savoir près de lui, refusant de penser à ce qui venait de se passer. Puisqu'il était plus calme, Harry lui passa la main sur le visage, délicatement, les sourcils froncés et ses yeux verts assombris par la colère.

— Hermione est partie chercher quelque chose pour soigner ton visage.

Drago hocha lentement la tête, un peu hésitant. Harry semblait... différent. Il semblait au bord de l'explosion et sa magie s'agitait autour de lui.

Drago passa la langue sur ses lèvres sèches, grimaçant à la brûlure indiquant qu'il avait probablement des plaies et il murmura, dans un souffle.

— Je suis désolé...

Harry cligna des yeux, ne semblant pas comprendre, le dévisageant comme s'il pouvait lire la réponse sur ses traits abîmés. Il secoua la tête lentement, avant de répondre lentement.

— Tu n'as pas à être désolé. Tu iras mieux d'ici quelques jours, d'accord ? Tu dois juste guérir, Drago. Tu peux faire ça pour moi ?

Drago resta silencieux, un peu perdu. Harry le tenait dans ses bras, le serrait contre lui, mais il semblait en même temps prêt à réduire le monde en cendres. Il n'arrivait pas à comprendre ce qui se passait et il avait du mal à ordonner ses pensées.

Harry dut se méprendre sur son expression puisqu'il lui sourit gentiment, caressant de nouveau sa joue.

— Ne t'inquiète pas. Je vais faire en sorte que ta librairie continue de fonctionner. Je pense pouvoir te remplacer jusqu'à ce que tu sois en forme, tu ne penses pas ?

Une vague de reconnaissance frappa Drago, parce que Harry avait compris à quel point il était fier de sa boutique, de ce qu'il avait accompli. Mais presque au même moment, il eut l'impression d'avoir avalé de l'acide et il hoqueta, suffocant presque, alors qu'il se débattait pour se redresser.

— Non ! Non ! Tu ne peux pas... tu vas être... Je ne veux pas que tu sois blessé !

Si au début de ses protestations, Harry avait semblé vexé de la réaction de Drago, il le serra un peu plus fort contre lui quand Drago réussit à lui faire comprendre ce qu'il craignait. Que les sorciers reviennent et l'attaquent à son tour. L'idée que Harry soit blessé par sa faute, juste parce qu'il était proche de lui, lui était intolérable.

Le regard de Harry s'adoucit et il secoua doucement la tête, avec un léger sourire.

— Je ne risque rien, Drago. C'est terminé, ils ne reviendront pas.

Drago cligna des yeux, confus. Harry se pencha pour embrasser son front et il répéta, avec calme.

— Je les ai arrêtés, je suis arrivé à temps, Drago. Ils ne pourront plus jamais te faire du mal, je me suis assuré qu'ils passent directement de Sainte-Mangouste à Azkaban.

Drago laissa échapper un grognement incrédule, oubliant un instant à quel point il avait mal et à quel point il était fatigué.

— Tu t'es battu ?

Cette fois, Harry laissa échapper un gloussement amusé et il roula des yeux.

— Sérieusement ? On dirait le ton de McGo quand elle nous surprenait à nous battre... Drago, je n'allais pas les laisser s'en prendre à toi, je les ai juste neutralisés. Ne t'en fais pas.

Drago détailla le visage de Harry, soulagé de ne voir aucune trace de blessures. Avant qu'il ne puisse poser la moindre question, Harry attira son attention.

— Je vais t'aider à te redresser, d'accord ? Ensuite, je te réinstallerai dans ton lit et je te donnerai une potion antidouleur. Tu seras plus à l'aise.

Docile, Drago hocha la tête et il fit de son mieux pour ne pas gémir lorsque Harry l'aida à se déplacer. Le temps d'être allongé dans son lit et il était à bout de souffle et en sueur.

Harry quitta la chambre un instant et revint avec un gant de toilette humide, qu'il lui passa sur le visage, le faisant soupirer de gratitude. Puis, il se pencha et lui embrassa une fois encore le front, avec une tendresse qui fit monter les larmes aux yeux de Drago.

Harry soupira.

— Tu as besoin de te reposer, Drago. Je vais te donner de quoi calmer la douleur et nous parlerons de ce qui s'est passé quand tu iras mieux, tu veux bien ?

Drago aurait aimé protester et poser le millier de questions qui tournaient dans sa tête, mais il hocha sagement la tête, trop fatigué pour lutter. Il laissa Harry l'aider à lever la tête, le temps d'avaler la fiole de potion, puis il se laissa aller à une douce torpeur alors que sa douleur s'atténuait doucement.

Il sentit Harry l'installer confortablement, avec une douceur qui aurait pu le faire ronronner d'aise, puis les lèvres de Harry se pressèrent fermement sur les siennes — assez pour qu'il ressente le baiser, mais avec la douceur nécessaire pour ne pas le blesser — juste avant qu'il ne sombre dans le sommeil, sans avoir pu comprendre ce que ce geste signifiait.

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