Chapitre 61

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Si Drago avait imaginé avoir le temps de se ressaisir le temps du trajet, il découvrit rapidement qu'il n'aurait pas ce luxe. En effet, Harry l'avait aidé à se relever — sa prévenance et sa douceur étaient autant un baume sur ces dernières années de solitude qu'un poignard en plein cœur — puis il l'avait enlacé et ils avaient transplané.

Ils arrivèrent chez lui, bien évidemment, et Drago s'écarta de Harry, chancelant.

Cependant, Harry le laissa le temps de quitter son manteau et son pull. Une fois torse nu, il ôta la couverture des épaules de Drago et lui enleva son sweat et le tee-shirt en dessous.

Statufié, Drago se laissait faire, sans comprendre ce que Harry avait en tête. Ce dernier dut se rendre compte de son choc, puisqu'il sourit.

— Tu as besoin de te réchauffer vraiment. Chaleur humaine, ça te parle ?

Drago déglutit et il hocha la tête. Il ne put s'empêcher de soupirer lorsqu'il se retrouva contre Harry, peau contre peau.

Avant de les envelopper dans la lourde couverture en laine, Harry retraça ses muscles gagnés en travaillant en une caresse légère, puis il chuchota, la voix rauque.

— Tu as changé.

L'instant d'après, il installait Drago sur le lit et s'asseyait près de lui, le prenant contre son torse, la couverture formant un cocon de chaleur autour d'eux.

Drago frissonna en sentant Harry déposer un baiser sur sa nuque, juste à la naissance de ses cheveux. Puis, le jeune homme commença à parler, hésitant.

— Je suis désolé, Drago, j'ai été aveugle. Totalement aveugle. Lorsque le ministère t'a dépouillé de tout ce que tu avais construit, j'étais furieux et j'ai agi comme si c'était moi qui étais personnellement visé.

Arquant un sourcil perplexe, Drago répondit aussitôt.

— Tu étais directement visé pourtant.

Un nouveau baiser sur son épaule plus tard, Harry reprit.

— Pas de la même façon. Je n'ai pas pensé une seule seconde à ce que tu pouvais ressentir... Je voulais me battre contre eux et prouver à tout le monde que personne ne pourrait me contrôler. Je ne me suis pas rendu compte... que tu n'avais pas besoin de ça.

Drago se tourna légèrement dans les bras de Harry, les sourcils froncés, pour lui jeter un coup d'œil perplexe.

— Vraiment ?

Harry hocha la tête avec un sourire.

— Tu avais peut-être raison sur ma lenteur à comprendre les choses, tu vois. Je savais depuis la fin de Poudlard que tu avais une place spéciale dans ma vie, c'est pour ça que je t'ai cherché. Je voulais comprendre, tu sais ? Quand je t'ai retrouvé... je n'ai pas pensé un seul instant aux conséquences. Sur ta vie, sur la mienne. J'étais juste soulagé, parce que tu étais de retour. J'espérais presque que tu... essaies de te battre avec moi, mais tu étais si docile...

Drago secoua la tête.

— Si tu me dis que tu as tout fait voler en éclats autour de moi pour qu'on puisse se battre comme à l'école, je te jure que je risque de retrouver mes anciens réflexes ! Tu as déjà pensé à consulter un psy ?

Harry éclata de rire, les yeux brillants.

— J'ai très vite eu de meilleures idées que les bagarres, tu te souviens ?

Le sous-entendu fit rougir Drago et il secoua la tête en se retournant, faussement boudeur. Comme toujours, il n'arrivait pas à rester loin de Harry dès qu'ils étaient en présence l'un de l'autre. Il était attiré vers lui, comme un papillon vers la flamme.

Harry reprit son sérieux, puis il se mordilla la lèvre avec un soupir frustré.

— Ça a l'air complètement dingue, ce que je te dis, mais je t'assure qu'il y a une logique.

Harry marqua une pause puis il reprit.

— Ton agression m'a rendu fou de rage, Drago. L'idée qu'ils auraient pu te tuer si j'avais mis cinq minutes de plus à revenir me hantait et quand j'ai deviné que tu envisageais de fuir, j'ai sauté sur l'occasion pour te mettre à l'abri. Je savais que si je te le proposais, tu refuserais, mais que si l'idée venait de toi... Hermione était furieuse contre moi, bien sûr, et j'ai ignoré ses mises en garde.

Drago fronça les sourcils, mais Harry reprit tranquillement.

— J'aurais dû te demander dès le début ce que tu voulais, au lieu de t'imposer ma solution.

— Mais...

Harry l'arrêta en posant brièvement sa main sur sa bouche.

— Laisse-moi terminer. Je n'ai pas été très... franc avec toi sur la situation de ma vie à l'époque. Je vivais en reclus et je ne voyais que Hermione. Parfois Ron, mais c'est l'époque où il a quitté l'Angleterre.

Drago cligna des yeux, perplexe, puis il secoua la tête.

— Les choses ne peuvent pas être changées, Harry. C'est du passé et je ne regrette pas notre relation.

Harry laissa échapper un rire nerveux.

— J'espère bien, parce que c'était probablement les moments les plus heureux de ma vie. Quand j'ai compris que tu avais disparu réellement, que tu n'étais pas là où tu aurais dû te trouver selon mon petit plan stupide, j'ai oublié toute subtilité et j'ai... plus ou moins... retourné le ministère ?

Drago sourit et se laissa aller contre Harry, fermant les yeux.

— J'ai entendu parler de ton coup d'État, en effet. Ce cher Ronald a mentionné que les Américains étaient devenus très nerveux.

Harry laissa échapper un rire amusé.

— J'ai refilé les responsabilités à Hermione et je suis parti immédiatement pour l'Australie, décidé à te ramener. Ce foutu pays est...

— Immense ? C'est une des raisons pour lesquelles je suis parti. Tout ce vide... c'est angoissant.

Drago mima un frisson et Harry eut un rire amusé pour le plus grand plaisir du jeune homme. Il ne savait pas ce que Harry avait en tête, mais il se détendait et il était soulagé de voir que leur ancienne complicité n'avait pas disparu.

Harry agrippa Drago un peu plus fermement, ses mains plaquées sur son ventre, comme s'il craignait de le voir disparaître. Il murmura, avec une vulnérabilité qui tordit l'estomac de Drago.

— Ces trois dernières années, j'ai fait tout ce que j'ai pu pour te retrouver. Hermione te dira que j'étais un abruti désagréable probablement ou que j'étais d'une humeur massacrante. Je me sentais stupide d'avoir imaginé t'envoyer loin de moi. D'un côté, j'étais inquiet pour toi, mais de l'autre, je me sentais trahi et j'étais furieux... alors que c'était juste mes idées qui n'avaient pas fonctionné comme prévu.

Sous TutelleWhere stories live. Discover now