Chapitre 14

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Malgré sa volonté de garder un ton neutre, il ne put dissimuler l'amertume de son ton. Harry se mordilla la lèvre en tournant son propre gobelet entre ses mains, puis il haussa les épaules, avec une expression coupable que Drago avait souvent vue sur son visage.

– Bien sûr que non. Je... m'inquiétais pour toi. Tu avais l'air plutôt... choqué hier et j'ai conscience que ça n'a pas dû être facile d'apprendre... enfin de voir ce que tu avais manqué.

Drago leva un sourcil agacé et grogna.

— Oh par pitié, Potter ! J'étais parfaitement satisfait de ma vie avant d'être obligé de retourner dans le monde magique ! Je ne comprends toujours pas pourquoi... pourquoi j'ai été convoqué de cette façon si ce n'est pas pour m'envoyer à Azkaban !

Harry baissa la tête, maussade, contemplant son gobelet de café en silence. Un instant, Drago pensa qu'il allait changer de sujet comme la veille, le noyer sous les histoires d'un monde dont il ne se souciait plus sans pour autant répondre précisément à sa question.

Finalement, le brun haussa les épaules et murmura d'un air absent.

— J'ai hérité de mon parrain Sirius Black juste après la guerre. Le temps que... les choses s'apaisent en fait. Je voulais qu'il soit enfin innocenté même s'il était... mort. J'ai appris que j'étais son seul héritier et que je devenais le chef de la famille Black. À l'époque, ça n'avait pas vraiment d'importance, j'étais le seul représentant de cette famille après tout.

Drago montra presque les dents. Il se moquait bien des raisons pour lesquelles Harry était devenu un Black, il voulait juste savoir ce qui allait lui arriver dans les jours à venir.

— Potter... Viens-en au fait !

Harry laissa échapper un grognement agacé puis il le fixa, avec un rictus moqueur.

— J'ignore si Kingsley avait une idée précise derrière la tête en te convoquant au Ministère après toutes ces années ou si c'était une tentative de me... menacer subtilement. Je sais juste qu'il a profité du fait que tu as repris le nom de jeune fille de ta mère pour... m'impliquer de cette façon. Malefoy, il savait que je viendrais, parce qu'en tant que Black tu es... sous ma responsabilité en quelque sorte.

— Ne sois pas stupide, Potter ! Tu te souviens que j'ai été élevé comme un Sang-Pur ? Je sais parfaitement quel est le rôle d'un chef de famille... Dans le monde magique, je suis effectivement sous ta responsabilité, mais je vis dans le monde moldu. Je... n'ai pas touché à la magie depuis sept ans. Je vis comme un moldu.

Harry hocha la tête calmement.

— Je sais, tu l'as mentionné hier. Kings sait parfaitement que personne dans le monde magique ne croira que Drago Malefoy vit en moldu. C'est sur ça qu'il compte pour...

Drago se frotta le visage, l'air défait. Bien évidemment, il savait que Harry avait raison. Personne ne croirait que le prétentieux Drago Malefoy d'autrefois puisse vivre aussi simplement. Personne ne pourrait imaginer qu'il ait rejeté toute son éducation et les restes de la marque sur son bras ne feraient qu'appuyer ce qu'il pensait autrefois des moldus.

Harry reprit avec un soupir, semblant presque désolé.

— Je t'ai dit que j'avais démissionné, Malefoy. C'est leur façon de m'obliger à... revoir ma position.

Drago posa son gobelet de café un peu brusquement sur la table et croisa les bras sur sa poitrine.

— En quoi suis-je concerné ? J'apprécie ton... implication à mon sujet, mais si tu... étais resté en dehors de cette histoire, ils n'auraient pas eu le moindre moyen de pression sur toi.

Cette fois, Harry baissa la tête et tritura nerveusement ses doigts, sans oser lever les yeux vers lui. Drago fronça les sourcils, reconnaissant sans peine la culpabilité sur le visage du jeune homme.

Il se pencha vers lui, légèrement inquiet.

— Potter ?

Après un soupir, Harry haussa les épaules brusquement et il rougit jusqu'à la pointe de ses oreilles. Il évitait toujours son regard lorsqu'il marmonna enfin, mal à l'aise.

— J'ai fait en sorte que tu sois innocenté à ton procès. J'ai... témoigné pour toi et j'ai exigé que... ton absence ne puisse pas être retenue contre toi. J'ai prétendu que je t'avais demandé de rester à l'écart pour... ta sécurité. Officiellement, tu n'as jamais été considéré comme un fugitif, contrairement à certains Mangemorts qui ont tenté de disparaître eux aussi.

Drago cligna des yeux, abasourdi. Il dévisageait le jeune homme face à lui, ayant du mal à comprendre ce qu'il venait de dire. Effaré, il chuchota.

— Quoi ?

Harry se redressa et roula des yeux, voulant paraître sûr de lui. Cependant, la rougeur de son visage trahissait son malaise. Il se justifia sèchement, avec un haussement d'épaules pour minimiser l'ampleur de ce qu'il avait fait pour Drago.

— Tu m'as aidé avec les rafleurs. Sans toi, la guerre aurait pris fin ce jour-là et le monde magique aurait basculé dans l'horreur. Je savais aussi que tu n'avais pas eu vraiment le choix. Je... J'ai pensé que tu avais le droit à une nouvelle chance...

Drago secoua lentement la tête, ébahi.

— Mais puisque j'avais disparu justement, tout ça... ce n'était pas... nécessaire, si ?

Harry resta silencieux si longtemps que Drago crut qu'il n'aurait pas de réponse. Finalement, il se frotta le front d'un air fatigué et il murmura, l'air nauséeux.

— Lorsque je suis arrivé dans le monde magique, j'ai cru que tout y était parfait. Merveilleux. C'était loin d'être le cas, bien sûr, mais jusqu'à la fin de notre scolarité, j'ai pensé que c'était à cause de la guerre. À cause de Voldemort et de ses idées toxiques.

Drago leva un sourcil surpris, mais il garda le silence, curieux de voir où voulait en venir le jeune homme. Harry reprit avec un ricanement désabusé.

— J'ai vite déchanté. Je pensais qu'une fois le monstre abattu, tout irait mieux. Sauf que ceux que j'imaginais être les gentils se sont mis à pourchasser les anciens méchants avec acharnement. Tous ceux qui ont... eu la moindre sympathie pour le camp adverse durant la guerre, quelles qu'en soient leurs raisons, étaient traînés au ministère pour y être jugés. Certains... s'en tiraient avec des amendes, plus ou moins sévères. Des confiscations de leurs biens, également. D'autres étaient expédiés à Azkaban... et même en l'absence des Détraqueurs, personne n'en sort vivant encore aujourd'hui.

Sous TutelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant