Se protéger de la tempête est le plus important pour minimiser les dégâts.
Lucrèce vit dans un océan de drame, elle le maîtrise, l'apaise pour que ses vagues ne la noient pas.
C'est sans compter sur Ivarsen qui brise les règles de la nature, une r...
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PRÉSENT
Je suis humiliée et trempée, mes habits me collent à la peau, mes chaussures à la main, je me détourne de la scène alors que les rires bourdonnent en arrière.
Ma vue manque de se brouiller, mes lèvres tremblent, mon cœur se serre.
Je ne compte plus le nombre de fois où je me suis fait dénigrer. La honte me tord l'estomac comme un coup de plus dans mon ventre.
Je regrette immédiatement d'avoir pensé, ou espérer qu'il ne se vengerait pas, qu'il ne profiterait pas de cette occasion.
À l'évidence, il ne fait pas ça, car il veut mon attention, c'est un cran au-dessus, un désir plus intense, inspiré par la haine, la jalousie.
Mon frère Connor ne connaît pas les limites, il les exploite. Je suis sa muse méprisée, sa préférée, celle qu'il peut user en secret, celle qu'il peut nuire en public. Je l'ai bien cherché, après tout, je n'aurais pas dû.
C'est ce qu'il dit souvent «Tu n'aurais pas dû Luc».
Et puis il me tend son pull en me frottant la tête, parce que ce n'est que façade.
J'encaisse douloureusement, ses amis rient à l'unisson comme à chaque fois, moquer et être hilare tels les imbéciles qu'ils sont.
Ses pupilles bleues se sont posées sur moi malicieusement. Je n'en peux plus de voir son rictus impatient à l'idée de sa prochaine dégradation. Il n'y a que lui et moi, le reste disparaît, c'est une bataille entre nous.
Mon frère est son propre poison, il s'envenime.
Mon père a tendance à me répéter que si je ne me vois pas accepter les conseils d'une personne en particulier, je ne devrais pas en accepter les remarques ou les insultes. C'est un homme bon et juste mon père, ce qui est dommage, c'est qu'il ne veuille pas appliquer ses convictions à l'éducation de son fils.
Pendant son absence, nous demeurons ici, à nous haïr dans notre propre foyer. Se traiter comme des ennemis en public pour des raisons qui m'échappent, une guerre qui dure depuis trop longtemps.
J'ai envie de rendre les armes, je l'ai fait plusieurs fois. Il me pousse à survivre, à agir. Il me fait lui-même tenir debout. Ce sont ses paroles qui me font dresser devant lui.
C'est une dispute que je mène avec ma solitude, parler avec des sourds est épuisant, le mutisme est plus convenant.
Je remballe mes frissons, marche vers la terrasse arrière, toujours frigorifiée, mon mascara me brûle les joues, ma jolie robe noire va être bousillée par le chlore. Pourtant, elle était si jolie, maman me l'a acheté la semaine dernière.
Respire, inspire, ne crie pas Lucrèce, ne répond pas aux insultes. Marche seulement vers la porte et ne regarde pas en arrière.
- Tu n'es qu'une salope prétentieuse, peste-t-il dans mon dos. Vouloir faire tes preuves en sciences ?
