17| TOILE SALIE

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Présent

Mes chaussures crissent sur le terrain, mes jambes sautillent. Je cours alors que mes bras sont à l'affût du moindre mouvement pour attraper le ballon. Je change mes pieds de direction, la balle apparaît dans les airs, virevoltant à toute puissance.

La passe de Connor est vigoureuse. Je la réceptionne avant de dribbler jusqu'au panier, le dos couvert de sueur et les bras lourds. Les gouttes saillent mon crâne dû à l'épuisement, je dois avoir les joues rouges. Les bruits de pas sont proches, on m'encercle de part et d'autre. 

Mais, je pense à m'élancer en avant et tirer. La balle roule le long du panier, la tension règne en harmonie avec mes battements effrénés. Et elle finit par rentrer. Le sifflet retentit, le coach hurle quelque chose d'incompréhensible, mes coéquipiers quittent le terrain et je suppose que l'entraînement est terminé.

On salue nos adversaires par politesse, en essayant tant bien que mal de calmer notre souffle fumant au-dessus de nos bouches. Amon me sort de mes pensées dans une frappe violente à l'épaule. Je plisse les yeux, balançant ma tête en avant.

— Putain, on dirait que tu es aussi shooté que Jasper mec, raille sa voix rauque à cause de la soif.

En me dirigeant vers les bancs, je prends ma serviette et essuie d'un revers de main mon front trempé. Alors que j'emprunte le chemin vers le vestiaire d'appoint des filles, il me fait une embuscade.

— Tu sais que ce soir il y a la soirée chez Snyder ? Son sourire me prédit que cette idée l'a déjà conquis.

— ... merde, j'avais zappé, je proteste en fermant les yeux. 

John Snyder fait partie de l'équipe, mais ce petit con n'est pas venu aujourd'hui et je crois comprendre pourquoi.

— Il a décidé d'inviter aussi des juniors à la fête. Je claque la porte de mon casier en râlant.

— Ce n'est pas une soirée ça, putain, c'est un bizutage. 

Jasper qui apparaît près de nous, torse nu, commence à rire dans une lucidité qu'on lui connaît peu.

— John doit rentabiliser, rien qu'avec son salon, on peut héberger tout le lycée, ajoute-t-il. 

Là-dessus, des rires retentissent jusqu'aux douches. Snyder est bien connu pour le prestige de sa demeure. Bordel, c'est vrai que j'avais dit être de la partie puisque Amon et Jasper y seront, j'avais déjà imaginé le fiasco. Connor sort des douches, l'air renfrogné.

— Arrête de faire la gueule princesse, on a gagné le match, lance le blond dans son élan de bonne humeur. 

Je ne suis visiblement pas le seul à en avoir marre de ses sautes d'humeur. Après notre rencontre amicale avec un lycée voisin, on repart vainqueur. Même si elle s'est faite dans la plus grande discrétion et qu'il s'agissait uniquement d'un entraînement et rien de plus.

— La ferme Hunt, s'emporte Connor en s'habillant, une fois notre maillot enlevé.

Il remet l'uniforme, sa cravate en main, il fait méticuleusement le nœud face au miroir relevant fièrement le blason aux couleurs de notre école.

On a pour obligation de porter une cravate noire ou bleu foncé comme celle de Connor, rayé ou non peu importe. La direction a arrêté de se battre là-dessus depuis longtemps. En revanche, notre pantalon doit être droit et soigné, et les jupes des filles à des longueurs qu'ils doivent pouvoir juger respectable. 

Sauf que la plupart des lycéens n'en ont plus rien à faire. Les nœuds sont faits à l'arrache, alors les rendez-vous chez monsieur Vazquez deviennent de plus en plus fréquents.

BRITOMARTISOù les histoires vivent. Découvrez maintenant