10|INSOMNIE

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TRIGGER WARNINGS : (Angoisse, névrose, souvenirs...)

Présent

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Présent

C'est encore une de ces nuits affreuses. 

Ce sont souvent les plus longues. Le vent l'accompagne en sifflant dehors, berçant les feuilles. De jolis jeux d'ombres se dessinent sur mes murs. Les feuilles du pin sont si bien détaillées qu'on croirait que l'arbre est incrusté sur l'enceinte. Le décor est plutôt agréable, seuls les bruits de pleurs enragés contrastent avec cette nuit idyllique. 

Faisant d'elle une de celles que je qualifie de cauchemardesque. Je sens des bras s'encercler autour de mon cou, ils ont l'apparence d'une étreinte. Mais ils cherchent juste à m'étouffer avec Morphée. Je fais fréquemment des insomnies, ou je revois ses cheveux blonds, ses doux yeux bleus piétinés, son souvenir. Tandis que de charmantes larmes dévalaient auparavant ses joues. Remplaçant les miennes aujourd'hui. 

Je dois penser. 

Lucrèce, ses bras ne sont pas réels, tu es seule. 

Lucrèce, c'est bien ça le problème. 

Oui, mais respire. 

Je tiens mes genoux à la recherche de réconfort, assise sur mon lit, en quête de repentance, de pardon. Je ne compte plus les fois où je me suis excusée d'être ainsi et de me pourvoir de simulacre. En attendant que les spasmes vicieux descendent au creux de mon ventre, pour se calmer parmi le vide qui me gonfle l'existence. Une fois la crise passée, une fois cette malheureuse mélancolie abreuvée, ce stress découlé, cette euphorie apaisée. Peut-être que je peux espérer dormir. 

Sauf que l'insomnie me tient debout à regarder le pin étendre ses branches au loin par la fenêtre. Je ne trouve rien de plus à faire dans ces moments-là que d'observer silencieusement. Parce que de l'autre côté du couloir dort paisiblement un démon qui a sûrement subi le même châtiment que le mien. En songeant à cela, je pose mon casque sur mes oreilles, en écoutant cette même musique qui apaisent mes maux. Celle que Ivarsen m'avait conseillée. La métaphore ne me fait même pas sourire. Elle me fait grimacer.


J'emporte mon sac et ma veste en quittant les escaliers, sous l'agitation matinale de mes parents et de mon frère. Chacun se prépare pour sa journée individuelle, puisqu'on ne se reparlera pas avant demain matin. Le bruit des couverts et celui des chaussures de Connor prêt à partir meuble le terme silence qui lie nos bouches. 

Aujourd'hui Connor m'emmène et me ramène normalement. Le temps dehors est beau, pourtant la nuit n'a pas été de tout repos. Il me regarde à peine, je fais de même. On n'est pas du genre à s'échanger des banalités.

Il s'assure de me déposer quelques fois dans la semaine selon ses envies. Comme toujours, selon les siennes. Mon père approche, sa tasse dans la main, l'odeur du café envahit l'entrée. Mon frère tient la poignée pour partir. Sauf que la voix de notre géniteur nous retient encore un peu.

BRITOMARTISWhere stories live. Discover now